Propositionde sujet pour une dissertation en lien avec Les CaractÚres de La BruyÚre, avec un exemple de plan détaillé. Jump to navigation. Les nouvelles oeuvres au programme 2022
Les CaractĂšres de La BruyĂšre. La BruyĂšre, qui aimait la lecture des anciens, eut un jour lâidĂ©e de traduire ThĂ©ophraste, et il pensa Ă glisser Ă la suite et Ă la faveur de sa traduction quelques-unes de ses propres rĂ©flexions sur les mĆurs modernes. Cette traduction de ThĂ©ophraste nâĂ©tait-elle pour lui quâun prĂ©texte, ou fut-elle vraiment lâoccasion dĂ©terminante et le premier dessein principal ? On pencherait plutĂŽt pour cette supposition moindre, en voyant la forme de lâĂ©dition dans laquelle parurent dâabord Les CaractĂšres, et combien ThĂ©ophraste y occupe une grande place. La BruyĂšre Ă©tait trĂšs pĂ©nĂ©trĂ© de cette idĂ©e, par laquelle il ouvre son premier chapitre, que tout est dit, et que lâon vient trop tard aprĂšs plus de sept mille ans quâil y a des hommes, et qui pensent. [âŠ] On ne saurait en Ă©crivant rencontrer le parfait, et, sâil se peut, surpasser les anciens, que par leur imitation. » Aux anciens, La BruyĂšre ajoute les habiles dâentre les modernes comme ayant enlevĂ© Ă leurs successeurs tardifs le meilleur et le plus beau. Câest dans cette disposition quâil commence Ă glaner, et chaque Ă©pi, chaque grain quâil croit digne, il le range devant nous. La pensĂ©e du difficile, du mĂ»r et du parfait lâoccupe visiblement, et atteste avec gravitĂ©, dans chacune de ses paroles, lâheure solennelle du siĂšcle oĂč il Ă©crit. Ce nâĂ©tait plus lâheure des coups dâessai. Presque tous ceux qui avaient portĂ© les grands coups vivaient. MoliĂšre Ă©tait mort ; longtemps aprĂšs Pascal, La Rochefoucauld avait disparu ; mais tous les autres restaient lĂ , rangĂ©s. Quels noms ! quel auditoire auguste, consommĂ©, dĂ©jĂ un peu sombre de front, et un peu silencieux ! Dans son discours Ă lâAcadĂ©mie, La BruyĂšre lui-mĂȘme les a Ă©numĂ©rĂ©s en face ; il les avait passĂ©s en revue dans ses veilles bien des fois auparavant. [âŠ] La BruyĂšre a tout prĂ©vu, et il ose. Il sait la mesure quâil faut tenir et le point oĂč il faut frapper. Modeste et sĂ»r, il sâavance ; pas un effort en vain, pas un mot de perdu ! Du premier coup, sa place qui ne le cĂšde Ă aucune autre est gagnĂ©e. Ceux qui, par une certaine disposition trop rare de lâesprit et du cĆur, sont en Ă©tat, comme il dit, de se livrer au plaisir que donne la perfection dâun ouvrage, ceux-lĂ Ă©prouvent une Ă©motion, dâeux seuls concevable, en ouvrant la petite Ă©dition in-12, dâun seul volume, annĂ©e 1688, de trois cent soixante pages, en fort gros caractĂšres, desquelles ThĂ©ophraste, avec le discours prĂ©liminaire, occupe cent quarante-neuf, et en songeant que, sauf les perfectionnements rĂ©els et nombreux que reçurent les Ă©ditions suivantes, tout La BruyĂšre est dĂ©jĂ lĂ . Plus tard, Ă partir de la troisiĂšme Ă©dition, La BruyĂšre ajouta successivement et beaucoup Ă chacun de ses seize chapitres. Des pensĂ©es quâil avait peut-ĂȘtre gardĂ©es en portefeuille dans sa premiĂšre circonspection, des ridicules que son livre mĂȘme fit lever devant lui, des originaux qui dâeux-mĂȘmes se livrĂšrent, enrichirent et accomplirent de mille façons le chef-dâĆuvre. La premiĂšre Ă©dition renferme surtout incomparablement moins de portraits que les suivantes. Lâexcitation et lâirritation de la publicitĂ© les firent naĂźtre sous la plume de lâauteur, qui avait principalement songĂ© dâabord Ă des rĂ©flexions et remarques morales, sâappuyant mĂȘme Ă ce sujet du titre de Proverbes donnĂ© au livre de Salomon. Les CaractĂšres ont singuliĂšrement gagnĂ© aux additions ; mais on voit mieux quel fut le dessein naturel, lâorigine simple du livre et, si jâose dire, son accident heureux, dans cette premiĂšre et plus courte forme. » » Extrait des Portraits littĂ©raires, I Ă©dition 1862 Ă©crits par Sainte Beuve. La BruyĂšre, prĂ©curseur Il Ă©tait bientĂŽt temps que le siĂšcle finĂźt la pensĂ©e de dire autrement, de varier et de rajeunir la forme, a pu naĂźtre dans un grand esprit ; elle deviendra bientĂŽt chez dâautres un tourment plein de saillies et dâĂ©tincelles. Les Lettres Persanes, si bien annoncĂ©es et prĂ©parĂ©es par La BruyĂšre, ne tarderont pas Ă marquer la seconde Ă©poque. La BruyĂšre nâa nul tourment encore et nâĂ©clate pas, mais il est dĂ©jĂ en quĂȘte dâun agrĂ©ment neuf et du trait. Sur ce point, il confine au xviiie siĂšcle plus quâaucun grand Ă©crivain de son Ăąge ; Vauvenargues, Ă quelques Ă©gards, est plus du xviie siĂšcle que lui. Mais non⊠La BruyĂšre en est encore, pleinement, de son siĂšcle incomparable, en ce quâau milieu de tout ce travail contenu de nouveautĂ© et de rajeunissement, il ne manque jamais, au fond, dâun certain goĂ»t simple. [âŠ] La BruyĂšre est plein de ces germes brillants. Il a dĂ©jĂ lâart bien supĂ©rieur Ă celui des transitions quâexigeait trop directement Boileau de composer un livre, sans en avoir lâair, par une sorte de lien cachĂ©, mais qui reparaĂźt, dâendroits en endroits, inattendu. On croit au premier coup dâĆil nâavoir affaire quâĂ des fragments rangĂ©s les uns aprĂšs les autres, et lâon marche dans un savant dĂ©dale oĂč le fil ne cesse pas. Chaque pensĂ©e se corrige, se dĂ©veloppe, sâĂ©claire, par les environnantes. Puis lâimprĂ©vu sâen mĂȘle Ă tout moment, et, dans ce jeu continuel dâentrĂ©es en matiĂšre et de sorties, on est plus dâune fois enlevĂ© Ă de soudaines hauteurs que le discours continu ne permettrait pas [âŠ]. » » Extrait des Portraits littĂ©raires, I Ă©dition 1862 Ă©crits par Sainte Beuve. Jugements sur lâĆuvre Bussy-Rabutin 1618-1693 Il est entrĂ© plus avant que ThĂ©ophraste dans le cĆur de lâhomme, il y est mĂȘme entrĂ© plus dĂ©licatement et par des expĂ©riences plus fines. Ce ne sont point des portraits de fantaisie quâil nous a donnĂ©s, il a travaillĂ© dâaprĂšs nature, et il nây a pas une dĂ©cision sur laquelle il nâait eu quelquâun en vue. Pour moi, qui ai le malheur dâune longue expĂ©rience du monde, jâai trouvĂ© Ă tous les portraits quâil mâa faits des ressemblances peut-ĂȘtre aussi justes que ses propres originaux, et je crois que, pour peu quâon ait vĂ©cu, ceux qui liront son livre en pourront faire une galerie. Au reste, Monsieur, je suis de votre avis sur la destinĂ©e de cet ouvrage, que, dĂšs quâil paraĂźtra, il plaira fort aux gens qui ont de lâesprit, mais quâĂ la longue, il plaira encore davantage⊠» Extrait de la lettre au marquis de Termes, Ă©crite le 10 mars 1688. Pierre Bayle 1647-1706 Il y a un autre livre [que les Essais de Morale de Nicole] fort propre Ă donner de lâesprit aux jeunes gens et Ă leur raffiner le goĂ»t ce sont Les CaractĂšres de ce siĂšcle, par feu M. de La BruyĂšre ; câest un livre incomparable. » Extrait de la lettre Ă M. de Naudis, Ă©crite le 29 octobre 1696. Vigneul-Marville Je loue la bonne intention quâil a eue de rĂ©former les mĆurs du siĂšcle prĂ©sent, en dĂ©couvrant leur ridicule ; mais je ne saurais approuver quâil cherche ce ridicule dans sa propre imagination, plutĂŽt que dans nos mĆurs mĂȘmes ; et quâoutrant tout ce quâil reprĂ©sente, il fasse des portraits de fantaisie et non des portraits dâaprĂšs nature, comme le sujet le demande. » Extrait des MĂ©langes dâhistoire, et de littĂ©rature Ă©crits en 1699. Pierre-Joseph Thoulier dâOlivet 1682-1768 Pourquoi Les CaractĂšres de M. de La BruyĂšre, que nous avons vus si fort en vogue durant quinze ou vingt ans, commencent-ils Ă nâĂȘtre plus si recherchĂ©s ? Prenons-nous-en, du moins en partie, Ă la malignitĂ© du cĆur humain. Tant quâon a cru voir dans ce livre les portraits des hommes vivants, on lâa dĂ©vorĂ© pour se nourrir du triste plaisir que donne la satire personnelle. Mais Ă mesure que ces gens-lĂ ont disparu, il a cessĂ© de plaire si fort par la matiĂšre. Et peut-ĂȘtre aussi que la forme nâa pas suffi toute seule pour le sauver, quoiquâil soit plein de tours admirables, et dâexpressions heureuses qui nâĂ©taient pas dans notre langue auparavant. » Extrait de lâHistoire de lâAcadĂ©mie française publiĂ©e en 1729. Vauvenargues 1715-1747 Nous faisons trop peu dâattention Ă la perfection de ces fragments, qui contiennent souvent plus de matiĂšre que de longs discours, plus de proportion et plus dâart⊠La BruyĂšre a cru, ce me semble, quâon ne pouvait peindre les hommes assez petits ; et il sâest bien plus attachĂ© Ă relever leurs ridicules que leur force. » Extrait des Fragments publiĂ©s en 1746. Voltaire 1694-1778 On peut compter parmi les productions dâun genre unique Les CaractĂšres de La BruyĂšre. Il nây avait pas chez les anciens plus dâexemples dâun tel ouvrage que du TĂ©lĂ©maque. Un style rapide, concis, nerveux, des expressions pittoresques, un usage tout nouveau de la langue, mais qui nâen blesse pas les rĂšgles, frappĂšrent le public ; et les allusions quâon y trouvait en foule achevĂšrent le succĂšs. Quand La BruyĂšre montra son ouvrage manuscrit Ă M. de MalĂ©zieu, celui-ci lui dit VoilĂ de quoi vous attirer beaucoup de lecteurs et beaucoup dâennemis. » Ce livre baissa dans lâesprit des hommes quand une gĂ©nĂ©ration entiĂšre, attaquĂ©e dans lâouvrage, fut passĂ©e. Cependant, comme il y a des choses de tous les temps et de tous les lieux, il est Ă croire quâil ne sera jamais oubliĂ©. » Extrait du SiĂšcle de Louis XIV publiĂ© en 1751. Stendhal 1783-1842 La BruyĂšre, nâa aucune sensibilitĂ©. Dans lâhistoire dâĂmire, on croit entendre un vieillard qui, du haut dâune fenĂȘtre, a observĂ© deux amants dans un jardin⊠Il y a peu de comique, chez La BruyĂšre, la sĂ©cheresse le chasse. Peut-ĂȘtre ne nous paraĂźtrait-il pas sec, si notre goĂ»t nâĂ©tait formĂ© par Jean-Jacques Rousseau, et la lecture des romans. Nous sommes accoutumĂ©s Ă voir des observations mĂȘlĂ©es avec un peu de sensibilitĂ©. » Extrait de Du style publiĂ© en 1812. Julien Benda 1867-1956 Dans lâordre littĂ©raire, vous ĂȘtes pleinement de notre Ă©poque. Elle lâa dâailleurs compris. Elle vous vĂ©nĂšre comme Ă©crivain vous tient pour un de ses dieux. Dâabord parce que vous avez fait un livre non composĂ©, pur dâune idĂ©e maĂźtresse autour de quoi tout sâorganise â un livre inorganique⊠Nos modernes se rĂ©clament de vous, dont lâĆuvre est dĂ©libĂ©rĂ©ment un cahier de notes, prises sans plan directeur, Ă lâoccasion, pendant vingt ans. Et, en effet, vous ĂȘtes bien le pĂšre de nos impressionnistes, de nos stendhaliens, de nos nietzschĂ©ens, de nos gidiens, de tous nos miliciens de lâĂ©criture sporadique, de tous nos officiants du penser pulsatile. Et ils voient juste en vous faisant gloire dâavoir eu le cĆur de fonder le genre en pleine tyrannie cartĂ©sienne, en pleine superstition du penser ordonné⊠» Extrait dâ Ă Jean de La BruyĂšre » publiĂ© dans La Revue de Paris le 1er janvier 1934. Sources 10 mai 2014 dans L'ARGUMENTATION par LesCaractĂšres livre 5 Ă 10 contient 380 remarques sĂ©parĂ©s en 6 parties, chacune sur un thĂšme diffĂ©rent, oĂč la bruyĂšre dĂ©crit et critique la sociĂ©tĂ© qui l'entoure et Ă travers des portrait satirique dresse le portrait de lâhonnĂȘte Homme. 1 er livre: De la sociĂ©tĂ© et de la conversation /1 Sujet. RĂ©daction Remarques importantes 1. PrĂ©senter sur la copie, en premier lieu, le rĂ©sumĂ© de texte, et en second lieu, la dissertation. 2. Il est tenu compte, dans la notation, de la prĂ©sentation, de la correction de la forme syntaxe, orthographe, de la nettetĂ© de lâexpression et de la clartĂ© de la composition. 3. LâĂ©preuve de RĂ©daction comporte obligatoirement formant deux parties indissociable un rĂ©sumĂ© et une dissertation. Ils comptent chacun pour moitiĂ© dans la notation. I RĂ©sumĂ© de texte RĂ©sumer en 200 mots le texte suivant. Un Ă©cart de 10% en plus ou en moins sera acceptĂ©. Indiquer par une barre bien nette chaque cinquantaine de mots, puis, Ă la fin du rĂ©sumĂ©, le total exact. Petits hommes, hauts de six pieds, tout au plus de sept, qui vous enfermez aux foires comme gĂ©ants et comme des piĂšces rares dont il faut acheter la vue, dĂšs que vous allez jusques Ă huit pieds ; qui vous donnez sans pudeur de la hautesse et de lâĂ©minence, qui est tout ce que lâon pourrait accorder Ă ces montagnes voisines du ciel et qui voient les nuages se former au-dessous dâelles ; espĂšce dâanimaux glorieux et superbes, qui mĂ©prisez toute autre espĂšce, qui ne faites pas mĂȘme comparaison avec lâĂ©lĂ©phant et la baleine ; approchez, hommes, rĂ©pondez un peu Ă DĂ©mocrite. Ne dites-vous pas en commun proverbe des loups ravissants, des lions furieux, malicieux comme un singe ? Et vous autres, qui ĂȘtes-vous ? Jâentends corner sans cesse Ă mes oreilles Lâhomme est un animal raisonnable. Qui vous a passĂ© cette dĂ©finition ? sont-ce les loups, les singes et les lions, ou si vous vous lâĂȘtes accordĂ©e Ă vous-mĂȘmes ? Câest dĂ©jĂ une chose plaisante que vous donniez aux animaux, vos confrĂšres, ce quâil y a de pire, pour prendre pour vous ce quâil y a de meilleur. Laissez-les un peu se dĂ©finir eux-mĂȘmes, et vous verrez comme ils sâoublieront et comme vous serez traitĂ©s. Je ne parle point, ĂŽ hommes, de vos lĂ©gĂšretĂ©s, de vos folies et de vos caprices, qui vous mettent au-dessous de la taupe et de la tortue, qui vont sagement leur petit train, et qui suivent sans varier lâinstinct de leur nature ; mais Ă©coutez-moi un moment. Vous dites dâun tiercelet de faucon qui est fort lĂ©ger, et qui fait une belle descente sur la perdrix VoilĂ un bon oiseau » ; et dâun lĂ©vrier qui prend un liĂšvre corps Ă corps Câest un bon lĂ©vrier. » Je consens aussi que vous disiez dâun homme qui court le sanglier, qui le met aux abois, qui lâatteint et qui le perce VoilĂ un brave homme. » Mais si vous voyez deux chiens qui sâaboient, qui sâaffrontent, qui se mordent et se dĂ©chirent, vous dites VoilĂ de sots animaux » ; et vous prenez un bĂąton pour les sĂ©parer. Que si lâon vous disait que tous les chats dâun grand pays se sont assemblĂ©s par milliers dans une plaine, et quâaprĂšs avoir miaulĂ© tout leur soĂ»l, ils se sont jetĂ©s avec fureur les uns sur les autres, et ont jouĂ© ensemble de la dent et de la griffe ; que de cette mĂȘlĂ©e il est demeurĂ© de part et dâautre neuf Ă dix mille chats sur la place, qui ont infectĂ© lâair Ă dix lieues de lĂ par leur puanteur, ne diriez-vous pas VoilĂ le plus abominable sabbat dont on ait jamais ouĂŻ parler ? » Et si les loups en faisaient de mĂȘme Quels hurlements ! quelle boucherie ! » Et si les uns ou les autres vous disaient quâils aiment la gloire, concluriez-vous de ce discours quâils la mettent Ă se trouver Ă ce beau rendez-vous, Ă dĂ©truire ainsi et Ă anĂ©antir leur propre espĂšce ? ou aprĂšs lâavoir conclu, ne ririez-vous pas de tout votre cĆur de lâingĂ©nuitĂ© de ces pauvres bĂȘtes ? Vous avez dĂ©jĂ , en animaux raisonnables, et pour vous, distinguer de ceux qui ne se servent que de leurs dents et de leurs ongles, imaginĂ© les lances, les piques, les dards, les sabres et les cimeterres, et Ă mon grĂ© fort judicieusement ; car avec vos seules mains que vous pouviez-vous vous faire les uns aux autres, que vous arracher les cheveux, vous Ă©gratigner au visage, ou tout au plus vous arracher les yeux de la tĂȘte ? au lieu que vous voilĂ munis dâinstruments commodes, qui vous servent Ă vous faire rĂ©ciproquement de larges plaies dâoĂč peut couler votre sang jusquâĂ la derniĂšre goutte, sans que vous puissiez craindre dâen Ă©chapper. Mais comme vous devenez dâannĂ©e Ă autre plus raisonnables, vous avez bien enchĂ©ri sur cette vieille maniĂšre de vous exterminer vous avez de petits globes qui vous tuent tout dâun coup, sâils peuvent seulement vous atteindre Ă la tĂȘte ou Ă la poitrine ; vous en avez dâautres, plus pesants et plus massifs, qui vous coupent en deux parts ou qui vous Ă©ventrent, sans compter ceux qui tombant sur vos toits, enfoncent les planchers, vont du grenier Ă la cave, en enlĂšvent les voĂ»tes, et font sauter en lâair, avec vos maisons, vos femmes qui sont en couche, lâenfant et la nourrice et câest lĂ encore oĂč gĂźt la gloire ; elle aime le remue-mĂ©nage, et elle est personne dâun grand fracas. Vous avez dâailleurs des armes dĂ©fensives, et dans les bonnes rĂšgles vous devez en guerre ĂȘtre habillĂ©s de fer âŠ. Feignez un homme de la taille du mont Athos, pourquoi non ? une Ăąme serait-elle embarrassĂ©e dâanimer un tel corps ? elle en serait plus au large si cet homme avait la vue assez subtile pour vous dĂ©couvrir quelque part sur la terre avec vos armes offensives et dĂ©fensives, que croyez-vous quâil penserait de petits marmousets ainsi Ă©quipĂ©s, et de ce que vous appelez guerre, cavalerie, infanterie, un mĂ©morable siĂšge, une fameuse journĂ©e ? Nâentendrai-je donc plus bourdonner dâautre chose parmi vous ? le monde ne se divise-t-il plus quâen rĂ©giments et en compagnies ? tout est-il devenu bataillon ou escadron ? Il a pris une ville, il en a pris une seconde, puis une troisiĂšme ; il a gagnĂ© une bataille, deux batailles ; il chasse lâennemi, il vainc sur mer, il vainc sur terre est-ce de quelquâun de vous autres, est-ce dâun gĂ©ant, dâun Athos, que vous parlez ? Vous avez surtout un homme pĂąle et livide qui nâa pas sur soi dix onces de chair, et que lâon croirait jeter Ă terre du moindre souffle. Il fait nĂ©anmoins plus de bruit que quatre autres, et met tout en combustion il vient de pĂȘcher en eau troublĂ© une Ăźle tout entiĂšre ; ailleurs Ă la vĂ©ritĂ©, il est battu et poursuivi, mais il se sauve par les marais, et ne veut Ă©couter ni paix ni trĂȘve. Il a montrĂ© de bonne heure ce quâil savait faire il a mordu le sein de sa nourrice ; elle en est morte, la pauvre femme je mâentends, il suffit. En un mot il Ă©tait nĂ© sujet, et il ne lâest plus ; au contraire il est le maĂźtre, et ceux quâil a domptĂ©s et mis sous le joug vont Ă la charrue et labourent de bon courage ils semblent mĂȘme apprĂ©hender, les bonnes gens, de pouvoir se dĂ©lier un jour et de devenir libres, car ils ont Ă©tendu la courroie et allongĂ© le fouet de celui qui les fait marcher ; ils nâoublient rien pour accroĂźtre leur servitude ; ils lui font passer lâeau pour se faire dâautres vassaux et sâacquĂ©rir de nouveaux domaines il sâagit, il est vrai, de prendre son pĂšre et sa mĂšre par les Ă©paules et de les jeter hors de leur maison ; et ils lâaident dans une si honnĂȘte entreprise. Les gens de delĂ lâeau et ceux dâen deçà se cotisent et mettent chacun du leur pour se le rendre Ă eux tous de jour en jour plus redoutable les Pictes et les Saxons imposent silence aux Bataves, et ceux-ci aux Pictes et aux Saxons ; tous se peuvent vanter dâĂȘtre ses humbles esclaves, et autant quâils le souhaitent. Mais quâentends-je de certains personnages qui ont des couronnes, je ne dis des comtes ou des marquis, dont la terre fourmille, mais des princes et des souverains ? ils viennent trouver cet homme dĂšs quâil a sifflĂ©, ils se dĂ©couvrent dĂšs son antichambre, et ils ne parlent que quand on les interroge. Sont-ce lĂ ces mĂȘmes princes si pointilleux, si formalistes sur leurs rangs et sur leurs prĂ©sĂ©ances, et qui consument pour les rĂ©gler les mois entiers dans une diĂšte ? Que fera ce nouvel archonte pour payer une si aveugle soumission, et pour rĂ©pondre Ă une si haute idĂ©e quâon a de lui ? Sâil se livre une bataille, il doit la gagner, et en personne ; si lâennemi fait un siĂšge, il doit le lui faire lever, et avec honte, Ă moins que tout lâocĂ©an ne soit entre lui et lâennemi il ne saurait moins faire en faveur de ses courtisans. CĂ©sar lui-mĂȘme ne doit-il pas venir en grossir le nombre ? il en attend du moins dâimportants services ; car ou lâarchonte Ă©chouera avec ses alliĂ©s, ce qui est plus difficile quâimpossible Ă concevoir, ou sâil rĂ©ussit et que rien ne lui rĂ©siste, le voilĂ tout portĂ©, avec ses alliĂ©s jaloux de la religion et de la puissance de CĂ©sar, pour fondre sur lui, pour lui enlever lâaigle, et le rĂ©duire, lui et son hĂ©ritier, Ă la fasce dâargent et aux pays hĂ©rĂ©ditaires. Enfin câen est fait, ils se sont tous livrĂ©s Ă lui volontairement, Ă celui peut-ĂȘtre de qui ils devaient se dĂ©fier davantage. La BruyĂšre, Les caractĂšres, Des jugements. II Dissertation Votre devoir devra obligatoirement confronter les trois Ćuvres au programme et y renvoyer avec prĂ©cision. Il ne faudra en aucun cas juxtaposer trois monographies, chacune consacrĂ©e Ă un auteur. Votre copie ne pourra pas excĂ©der 1200 mots. Un dĂ©compte exact nâest pas exigĂ©, mais tout abus sera sanctionnĂ©. La guerre remet-elle en cause la dĂ©finition traditionnelle de lâhomme comme animal raisonnable comme le soutient La BruyĂšre ? 2 Analyse du texte et remarques. Le texte commence par une Ă©nonciation qui montre une adresse aux hommes. Il ne fallait pas immĂ©diatement conclure que le sujet de lâĂ©nonciation Ă©tait lâ auteur ». Celui qui sâadresse aux hommes commence par ridiculiser la petitesse des hommes qui les amĂšnent Ă montrer les plus grands dâentre eux alors que les montagnes sont bien plus hautes. Il ajoute que les hommes se louent exagĂ©rĂ©ment et mĂ©prisent les autres espĂšces, y compris les plus grandes, avant dâindiquer quâil est DĂ©mocrite ~460-~370 av. Câest donc un philosophe de lâAntiquitĂ© grecque, un sage qui fustige les ridicules des hommes du haut de sa sagesse. DĂ©mocrite donc expose les façons de parler des hommes qui attribuent diffĂ©rentes qualitĂ©s aux animaux en sâattribuant Ă eux-mĂȘmes la qualitĂ© de raisonnable. Câest la dĂ©finition traditionnelle qui vient dâAristote. Dans La politique I, 2, 1253a, que lâhomme soit un zoon logon ekon Î¶ÎżÎœ Î»ÎłÎżÎœ áŒÏÎżÎœ, un animal ayant la raison ou le discours ou la parole selon la traduction de logos, sert Ă montrer que câest ce qui fait de lâhomme un zoon politikon Î¶ÎżÎœ ÏολÎčÎčÎșΜ, un animal politique ». Animal doit ĂȘtre pris au sens purement biologique des ĂȘtres vivants douĂ©s de sensations et de mouvement diffĂ©rents des plantes. Raisonnable » est alors la diffĂ©rence spĂ©cifique qui fait lâhomme, par diffĂ©rence avec les autres espĂšces animales. Il sâagit bien dâune diffĂ©rence de nature pour Aristote dans la mesure oĂč lâĂąme raisonnable que lâhomme partage avec les Dieux ou Dieu, nâappartient absolument pas aux autres ĂȘtres vivants, aux autres animaux. On peut dire que La BruyĂšre fait critiquer cette dĂ©finition par le sage DĂ©mocrite. Dâabord, les hommes se la sont donnĂ©e puisque la question de lâorigine est purement ironique. Ce quâil critique est que les hommes sont juges et partis. On trouve chez Platon un argument similaire dans Le Politique oĂč le philosophe critique la sĂ©paration entre lâhomme et les animaux effectuĂ©e par lâhomme lui-mĂȘme, tout comme il critique la sĂ©paration des Grecs et des Barbares que font les Grecs en tant que la sĂ©paration serait autre sâil sâagissait dâune autre espĂšce ou dâun autre peuple. Si les animaux se dĂ©finissaient fait dire Ă DĂ©mocrite La BruyĂšre, lâhomme se verrait autrement. Il fait Ă©numĂ©rer au sage tout ce qui est contraire Ă la raison et qui met lâhomme en dessous dâanimaux peu valorisĂ©s comme la taupe et la tortue qui suivent leur instinct, câest-Ă -dire se conforme Ă la nature. Implicitement, lâidĂ©e est que la vertu est de suivre la nature une thĂ©matique plutĂŽt stoĂŻcienne. Il propose lâargument principal. Lorsquâun animal en attaque un dâune autre espĂšce, voire un chasseur qui attrape un animal autre que lâhomme, ils sont louĂ©s. Par contre des animaux de la mĂȘme espĂšce qui sâaffrontent sont critiquĂ©s par les hommes. La BruyĂšre propose alors une sorte dâapologue qui prĂ©sentent dâabord des chats sâaffrontant par milliers et mourant de mĂȘme ainsi que des loups. Il sâagit donc de mettre en scĂšne la guerre et en la faisant faire imaginairement par des animaux, dâen montrer le ridicule achevĂ©. Il apostrophe les hommes pour leur faire dire quâune telle destruction de lâespĂšce les ferait blĂąmer par le rire de tels animaux. Il peut alors montrer que la situation est pire chez lâhomme qui a inventĂ© dâabord des armes par lesquelles il peut facilement tuer son prochain ce qui serait impossible Ă mains nues. Il conclut ironiquement que la progression du caractĂšre raisonnable de lâhomme se montre dans lâinvention des armes Ă feu quâil prĂ©sente avec une sorte dâhumour noir qui montre toutes les horreurs de la guerre. Il propose un second apologue, celui dâun homme qui aurait la taille dâune montagne et qui regarderait les conflits entre les hommes. Il nây verrait que petitesse. Câest Ă la premiĂšre personne que DĂ©mocrite se plaint que tout dans les discours de lâhomme sur lui-mĂȘme se rĂ©duise Ă la guerre. Il dĂ©crit de façon Ă©nigmatique un homme politique dâabord sujet puis chef, parfois vainqueur, parfois vaincu, devenu un maĂźtre qui domine des hommes qui par leur soumission accroissent son pouvoir et commettent des immoralitĂ©s. Il indique lâopposition des anglais pictes et saxons avec les hollandais. Il Ă©nonce la soumission gĂ©nĂ©rale, notamment des princes et autres nobles. DĂ©mocrite parlant, il use dâun terme grec, celui dâarchonte qui dĂ©signait une des plus hautes magistratures dans la citĂ© athĂ©nienne. MĂȘme lâempereur = CĂ©sar lui est soumis. La BruyĂšre conclut Ă une servitude volontaire â ses expressions font penser au cĂ©lĂšbre ouvrage de La BoĂ©tie publiĂ© par son ami Montaigne Discours sur la servitude volontaire. On estime quâil dĂ©crit Guillaume III dâOrange 1650-1702, stathouder des Provinces Unis en 1672 puis roi dâAngleterre en 1689. 3 Proposition de rĂ©sumĂ©. Hommes, nains comparĂ©s aux hauts sommets, que vous vous enorgueillissez ! Ăcoutez DĂ©mocrite. Vous louez certains animaux mais pĂ©rorez vous seuls ĂȘtes raisonnables. Sont-ce les autres animaux qui vous dĂ©finissent ainsi ? Sâils se dĂ©finissaient eux-mĂȘmes, quelle figure serait la vĂŽtre ! Ăcartons vos ridicules qui vous placent sous les [50] plus modestes animaux qui suivent la nature. Vous louez les animaux combattant ceux des autres espĂšces et les chasseurs. Vous blĂąmez les combats des animaux dâune mĂȘme espĂšce. Que diriez-vous de myriades de chats qui sâĂ©gorgeraient ? Ni verriez-vous pas une Ćuvre diabolique. Votre raison inventa des [100] armes pour mieux vous dĂ©chirez. Elle sâaugmenta en fabriquant des boules qui vous dĂ©coupent avec femmes et enfants. Imaginez un gĂ©ant haut comme une montagne qui vous contemplerait. Vos combats seraient des bruits dâinsectes, vos discours sur la guerre propos insignifiants. Et ce petit homme, parti de rien, [150] souverain commandant ceux qui accroissent son pouvoir en lui obĂ©issant, qui fait se dĂ©chirer des peuples, devant qui les rois mĂȘmes sâagenouillent ! Ce magistrat nouveau paye lâobĂ©issance par des victoires. Lâempereur en personne lâhonore. Sâil nâĂ©choue pas, il attaquera sa puissance. Finalement, tous sâ [200] y soumettent volontairement. 203 mots 4 Dissertation. Lorsquâen 1758 dans ses Systema Naturae, LinnĂ© 1707-1778 en vient Ă classer lâhomme dans lâespĂšce homo sapiens », il reprend la vieille idĂ©e traditionnelle qui voit en lâhomme un vivant dont la capacitĂ© Ă penser, voire Ă bien penser, est fondamentale. Et pourtant, dans le mĂȘme temps, les guerres qui ravagent lâEurope et que Voltaire dĂ©crit ironiquement dans son Candide publiĂ© en 1759 donne une tout autre image de lâhomme. On conçoit alors que La BruyĂšre en moraliste remette en cause la dĂ©finition traditionnelle de lâhomme comme animal raisonnable au vu du phĂ©nomĂšne de la guerre. En effet, elle paraĂźt absurde tant du point de vue thĂ©orique que pratique. Pourquoi les hommes sâaffrontent-ils et surtout se font gloire de se massacrer ? Reste que la raison est en lâhomme ce qui lui permet de se reprĂ©senter les choses en vĂ©ritĂ©. Elle peut ĂȘtre soumise aux dĂ©sirs ou aux passions. Mais elle peut aussi errer, se tromper. Les animaux, soumis Ă leur instinct, nâont pas Ă chercher comment agir. De sorte que câest bien plutĂŽt parce quâil est raisonnable que lâhomme semble capable de faire la guerre. DĂšs lors, la guerre nâa-t-elle pas justement pour source ce caractĂšre fondamental de lâhomme dâĂȘtre, en tant quâĂȘtre raisonnable un ĂȘtre capable de dĂ©raisonner ou bien montre-t-elle que la raison est inessentielle en lâhomme ou bien la guerre nâest-elle pas une solution prĂ©conisĂ©e par la raison ? En nous appuyant sur un roman dâHenri Barbusse, Le Feu journal dâune escouade, le De la guerre de Clausewitz, plus prĂ©cisĂ©ment le livre I De la nature de la guerre et une tragĂ©die dâEschyle, Les Perses, nous verrons que la guerre montre que lâhomme ne peut se comprendre seulement comme animal raisonnable et que pourtant lâhomme use bien de sa raison pour faire la guerre mĂȘme si elle est soumise Ă son dĂ©sir, mais que la guerre montre en derniĂšre analyse que lâhomme est bien raisonnable en faisant la guerre en tant quâelle est un rĂšglement politique des conflits. Dire de lâhomme quâil est un animal raisonnable, câest dire quâil est un vivant qui appartient au rĂšgne animal et quâen outre, câest la possession de la raison qui le caractĂ©rise. Or, par raison, on entend la facultĂ© qui permet de connaĂźtre le vrai et surtout de connaĂźtre le bien et de le mettre en Ćuvre. Or, la guerre est toujours un mal â Ă©ventuellement un moindre mal mais un mal quand mĂȘme. Il nâen reste pas moins vrai que les conditions dâexistence des hommes de lâescouade dans la boue des tranchĂ©es, les odeurs dâexcrĂ©ments, lâignorance des mouvements de troupe sont proprement inhumaines. Il en va de mĂȘme dans la retraite des Perses qui se noient lorsque le fleuve gelĂ© se brise comme le rapporte le messager Clausewitz pour sa part note que la guerre exclut toute philanthropie I, 3, Ce qui montre que la guerre rĂ©fute la thĂšse traditionnelle de lâhomme comme animal raisonnable, ce sont ses motifs. Lâombre du roi Darios dĂ©nonce lâhybris des Perses et de son fils 821. Les soldats dans Barbusse dĂ©noncent la folie de la guerre. Le narrateur, avant lâassaut, note Câest en pleine conscience, comme en pleine force et en pleine santĂ©, quâils se massent lĂ , pour se jeter une fois de plus dans cette espĂšce de rĂŽle de fou imposĂ© Ă tout homme par la folie du genre humain. » XX Le feu, Il y a bien une opposition entre ĂȘtre raisonnable et la folie que reprĂ©sente la guerre. Clausewitz, mĂȘme sâil propose une thĂ©orie de la guerre, montre quâelle repose sur lâignorance, le hasard I, 20, les frictions chapitre 7 qui rendent toute prĂ©vision impossible bref, la raison ne peut guĂšre sây dĂ©ployer. De ce point de vue Ă©galement, la guerre paraĂźt tout Ă fait contraire Ă la raison. Cependant, il reste Ă se demander comme cette folie peut frapper de temps en temps lâhomme. Car, ne faut-il pas que quelque chose le meuve qui le conduise Ă braver ce quâon nomme lâinstinct de conservation ? Quâest-ce alors qui domine en lâhomme ? On peut faire lâhypothĂšse que câest le dĂ©sir qui domine en lâhomme sâil est vrai que le dĂ©sir nous conduit au-delĂ du besoin, dans une quĂȘte dont lâobjet reste indĂ©terminĂ©. Et la guerre manifeste justement selon lâinterprĂ©tation que propose de Clausewitz RenĂ© Girard. Ce qui le montre, câest son concept abstrait ou absolu de guerre quâil prĂ©sente au dĂ©but du chapitre I. Elle implique une montĂ©e aux extrĂȘmes qui relĂšgue la raison Ă lâarriĂšre plan. La violence de chacun des adversaires commandĂ©e par celle de lâautre, la volontĂ© de chacun de soumettre la volontĂ© de lâautre, lâaccroissement des moyens mis en Ćuvre en fonction de la mise en Ćuvre des moyens de lâautre, sont les trois interactions qui dominent la raison. On le voit dans la tragĂ©die dâEschyle oĂč la violence dĂ©ployĂ©e par les AthĂ©niens qui tuent les marins survivants perses comme des thons » avec les dĂ©bris des rames est Ă la mesure de la violence des Perses qui sâapprĂȘtaient Ă dĂ©truire AthĂšnes comme ils lâavaient fait de lâantique Milet. De mĂȘme, Blaire, devenu cuisinier, imite Martin CĂ©sar, le cuisinier de NapolĂ©on. Il doit donc trouver des allumettes. Lorsquâavec ses compagnons, Poupardin, PĂ©pin et Volpatte, ils se perdent et trouvent un allemand, ils le tuent en se jetant sur lui comme des fous » sans se concerter XVIII Les allumettes. Dire que lâhomme est un animal raisonnable signifie simplement quâil est capable de calculer comment arriver Ă ses fins. Mais ses fins elles-mĂȘmes ne proviennent pas de la raison. On le voit dans la question des armes. Lors du bombardement, les soldats français vantent leurs canons quâils considĂšrent supĂ©rieurs Ă ceux des allemands, notamment le fameux 75 quâils opposent aux shrapnells de 77 allemands XIX Bombardement, On le voit encore dans la mise au service de la guerre de la raison instrumentale comme la nomme Habermas nĂ© en 1929 dans La technique et la science comme idĂ©ologie » 1968. Câest en effet grĂące Ă une ruse que les Grecs ont gagnĂ© la bataille de Salamine selon le rĂ©cit du messager Ă la Reine. Un Grec et sq. â plutĂŽt un esclave perse de ThĂ©mistocle si on en croit HĂ©rodote ~484-420 av. Histoires VIII, 75, et Plutarque ~45-120, Vie de ThĂ©mistocle 12 â aurait annoncĂ© que la flotte grecque allait fuir. Elle rĂ©ussit ainsi Ă attirer la flotte perse dans un espace oĂč sa supĂ©rioritĂ© numĂ©rique ne sert Ă rien. Lorsquâil Ă©numĂšre les qualitĂ©s du gĂ©nie martial, Clausewitz nâomet pas lâentendement. Car mĂȘme si le gĂ©nĂ©ral ne peut calculer, il lui faut rĂ©flĂ©chir et disposer de ses moyens au mieux en fonction du contexte. Clausewitz note que lâusage de la violence nâexclut en rien lâutilisation de lâintelligence chapitre I, 3, bien au contraire, câest elle qui va permettre dâaccroĂźtre la violence. NĂ©anmoins, non seulement on ne peut rĂ©duire la raison Ă son rĂŽle instrumentale, câest-Ă -dire quâelle a aussi un rĂŽle pratique, câest-Ă -dire dâĂ©valuation des fins, mais en outre on peut penser quâelle joue un rĂŽle dans le dĂ©clenchement de la guerre ou dans sa fin tout au moins provisoire quâon nomme paix. DĂšs lors, nâest-ce pas au contraire parce quâil est un animal raisonnable que lâhomme fait la guerre ? En effet, la raison, lorsquâelle doit Ćuvrer pour le bien public, peut parfois conseiller la guerre. Lorsque les AthĂ©niens sâĂ©lancent contre les Perses Ă Salamine, le messager rapporte le chant qui est le leur Allez, fils des Grecs ! dĂ©livrez / votre patrie, dĂ©livrez vos fils et vos femmes, / les autels des dieux de vos pĂšres, les tombeaux / de vos aĂŻeux ! câest pour eux tous quâil faut se battre ! ». Quel Ă©tait leur choix ? Soit se soumettre aux Perses, soit combattre. Il est clair que la guerre Ă©tait la voix de la raison dans la mesure oĂč elle Ă©tait la solution pour la prĂ©servation de la libertĂ© des citoyens. Quant aux Perses, malgrĂ© la critique quâEschyle fait de XerxĂšs par lâintermĂ©diaire de lâombre de son pĂšre et dĂ©funt roi Darios et sq., il poursuit lâĆuvre de son pĂšre et en combattant en GrĂšce, il empĂȘche les Grecs de venir combattre en Perse â ce que finira par faire Alexandre le Grand. Câest pour cela que Clausewitz a raison, quel que soit le statut quâon accorde Ă lâidĂ©e de guerre absolue qui trouve une certaine rĂ©alitĂ© dans la guerre dâextermination, de considĂ©rer que la guerre a un sens fondamentalement politique cf. chapitre I, 24. Ce qui le montre câest que la fin de la guerre est la paix cf. I, 13, câest-Ă -dire la cessation au moins provisoire des hostilitĂ©s, ce qui prĂ©suppose que la raison des hommes les amĂšne Ă arrĂȘter la guerre lorsquâils estiment que leurs objectifs sont atteints. Il faut alors une Ă©valuation de la raison. De mĂȘme, dans le roman de Barbusse, la rationalitĂ© de la guerre malgrĂ© sa folie, se lit dans lâespoir dâune humanitĂ© enfin rĂ©conciliĂ©e. Câest ce quâun soldat anonyme exprime Si la guerre actuelle a fait avancer le progrĂšs dâun pas, ses malheurs et ses tueries compteront pour peu. » XXIV Lâaube, Câest que la raison ne consiste pas simplement Ă dĂ©finir le bien. Lâopposition du rationnel ou de la raison instrumentale comme calcul des moyens et du raisonnable comme dĂ©termination des fins ne peut mettre de cĂŽtĂ© la question des consĂ©quences de nos actions. Lorsque donc un diffĂ©rend est irrĂ©ductible, la raison, loin dâinterdire la guerre, la prescrit. La citĂ© athĂ©nienne Ă©tant sous le coup dâune menace mortelle, lâempire perse quant Ă lui Ă©tait fondĂ© sur le principe dâune conquĂȘte sans fin. Finalement, câest bien lâanalyse des consĂ©quences et non simplement des fins qui fait que la raison ordonne la guerre. Chacun des Ătats choisit raisonnablement la guerre en visant un accord des fins et des moyens. On peut faire la mĂȘme analyse du point de vue de Barbusse. Dâun cĂŽtĂ©, lâempire allemand, le militarisme de Guillaume, dâun autre la rĂ©sistance française, le souci de la libertĂ©. Lâopposition entre la France et lâAllemagne, du cĂŽtĂ© français, sâest aussi jouĂ© comme une rĂ©pĂ©tition des guerres mĂ©diques comme en tĂ©moigne le succĂšs Ă la fin du XIX° et au dĂ©but du XX° de la tragĂ©die dâEschyle cf. Christophe Corbier La Grande Guerre MĂ©dique essai d'une Ă©tude de rĂ©ception des Perses dâEschyle dans la France de la TroisiĂšme RĂ©publique, Revue de littĂ©rature comparĂ©e, 2004/3, n° 311. Qui dit conflit politique, dit guerre possible, soutient Clausewitz. Sâil faut Ă©carter toute considĂ©ration morale, ce nâest pas pour dĂ©fendre une quelconque apologie de la violence comme le fera Ernst JĂŒnger 1895-1998 dans La guerre comme expĂ©rience intĂ©rieure 1922, câest plutĂŽt pour que le sentimentalisme moral ne se retourne pas comme soi. Comprendre la guerre dans sa nĂ©cessitĂ© rationnelle dans certaines circonstances, câest faire comme le caporal Bertrand dans Le Feu qui justifie son engagement par la nĂ©cessitĂ© de dĂ©fendre la patrie II Dans la terre, Nous nous Ă©tions demandĂ© si la guerre remettait en cause la dĂ©finition traditionnelle de lâhomme comme animal raisonnable. On a vu quâelle comportait un Ă©lĂ©ment dâirrationalitĂ©, voire que la raison paraissait y ĂȘtre soumise aux dĂ©sirs de lâhomme. Il nâen reste pas moins vrai que dans la mise en Ćuvre des moyens et surtout dans sa fin politique, la guerre nâest pas Ă©trangĂšre Ă la raison et ne remet pas en cause la dĂ©finition traditionnelle de lâhomme.
RĂ©sumĂ©du document. Etude linĂ©aire du fragment 22 du chapitre De la Cour dans Les CaractĂšres de La BruyĂšre. L'on se couche Ă la cour et l'on se lĂšve sur l'intĂ©rĂȘt; c'est ce
RĂ©sumĂ© DĂ©tails CompatibilitĂ© Autres formats En 1688, la ville et la cour sont bouleversĂ©es par la publication des CaractĂšres. Dâabord assimilĂ©s Ă un Ă©vĂ©nement mondain, ils apparaissent aujourdâhui comme une Ćuvre moraliste majeure qui, dans sa critique de la comĂ©die sociale, prend le recul nĂ©cessaire pour rendre ses remarques universelles. TOUT POUR COMPRENDRE âą Notes lexicales âą Biographie de lâauteur âą Contexte historique et littĂ©raire âą GenĂšse et genre de lâĆuvre âą Chronologie et carte mentale LA COMĂDIE SOCIALE âą Analyse du parcours âą Groupement de textes âą Histoire des arts VERS LE BAC âą Explications linĂ©aires guidĂ©es âą Sujets de dissertation et de commentaire guidĂ©s âą Recueil de citations âą MĂ©thodologie CAHIER ICONOGRAPHIQUE Lire plusexpand_more Titre Les CaractĂšres, Livres V Ă X BAC 2022 EAN 9782080261441 Ăditeur Flammarion Date de parution 30/06/2021 Format PDF Poids du fichier Inconnue Protection Adobe DRM L'ebook Les CaractĂšres, Livres V Ă X BAC 2022 est au format PDF protĂ©gĂ© par Adobe DRM highlight_off Cet ebook n'est pas compatible pour une lecture sur application iOs et Android Vivlio. highlight_off Cet ebook n'est pas compatible pour une lecture sur My Vivlio. highlight_off Cet ebook n'est pas compatible pour une lecture sur le lecteur Vivlio. check_circle Cet ebook nĂ©cessitera un logiciel propriĂ©taire pour une lecture sur liseuse. De plus, la liseuse ne permet pas d'adapter la taille de la police d'Ă©criture sur ce format. Je crĂ©e ma liste dâenvies Vous devez ĂȘtre connectĂ©e pour pouvoir crĂ©er et sauvegarder votre liste dâenvies cancel DĂ©jĂ cliente ?Se connecter Pas encore inscrite ?Mon compte Un compte vous permettra en un clin dâoeil de commander sur notre boutique consulter et suivre vos commandes gĂ©rer vos informations personnelles accĂ©der Ă tous les e-books que vous avez achetĂ©s avoir des suggestions de lectures personnalisĂ©es Livre non trouvĂ© Oups ! Ce livre n'est malheureusement pas disponible... Il est possible quâil ne soit pas disponible Ă la vente dans votre pays, mais exclusivement rĂ©servĂ© Ă la vente depuis un compte domiciliĂ© en France. Lâabonnement livre numĂ©rique Vivlio shopping_basketLâabonnement credit_cardInformations bancaires local_libraryEt jâen profite ! check_circle Chaque mois, bĂ©nĂ©ficiez dâun crĂ©dit valable sur tout le catalogue check_circle Offre sans engagement, rĂ©siliez Ă tout moment ! Lâabonnement livre numĂ©rique Vivlio shopping_basketLâabonnement credit_cardInformations bancaires local_libraryEt jâen profite ! Vous allez ĂȘtre redirigĂ© vers notre prestataire de paiement Payzen pour renseigner vos coordonnĂ©es bancaire Si la redirection ne se fait pas automatiquement, cliquez sur ce lien. Bienvenue parmi nos abonnĂ©s ! shopping_basketLâabonnement credit_cardInformations bancaires local_libraryEt jâen profite !
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Analyse linĂ©aire Arrias» Les CaractĂšres de La BruyĂšre Introduction Arrias» â Les CaractĂšres de La BruyĂšre Jean de la BruyĂšre se dĂ©finissait comme un tĂ©moin privilĂ©giĂ© de la comĂ©die humaine », lui qui par son rĂŽle de prĂ©cepteur du Duc de Bourbon se situait au premiĂšre loge du spectacle hypocrite des courtisans et des courtisĂ©s. Son expĂ©rience des hommes et de la sociĂ©tĂ© sâillustrera Ă travers son Ćuvre Les CaractĂšres » 1688, dans laquelle La BruyĂšre y apparait moraliste pĂ©nĂ©trant, satiriste plein dâironie et styliste original. Auteur classique, il sâinscrit sous le patronage de ThĂ©ophraste dont il prĂ©tend sâĂȘtre inspirĂ©. Pourtant, Les CaractĂšres » est une Ćuvre complĂšte dĂ©peignant les passions de la gĂ©nĂ©ration versaillaise afin dâen corriger les dĂ©fauts mais inaugurant Ă©galement la critique littĂ©raire moderne et les prĂ©mices dâune critique du systĂšme social et politique. Arrias» â Les CaractĂšres de La BruyĂšre Le portrait que nous allons Ă©tudier sâintitule Arrias » et dĂ©crit un individu mĂ©prisable et arrogant. ProblĂ©matique Comment lâauteur met en Ćuvre un moralisme plaisant, dans la mesure oĂč le fautif est puni de façon exemplaire ? Arrias a tout lu, a tout vu, il veut le persuader ainsi ; câest un homme universel, et il se donne pour tel il aime mieux mentir que de se taire ou de paraĂźtre ignorer quelque chose. On parle Ă la table dâun grand dâune cour du Nord il prend la parole, et lâĂŽte Ă ceux qui allaient dire ce quâils en savent ; il sâoriente dans cette rĂ©gion lointaine comme sâil en Ă©tait originaire ;bil discourt des mĆurs de cette cour, des femmes du pays, de ses lois et de ses coutumes ; il rĂ©cite des historiettes qui y sont arrivĂ©es ; il les trouve plaisantes, et il en rit le premier jusquâĂ Ă©clater. Quelquâun se hasarde de le contredire, et lui prouve nettement quâil dit des choses qui ne sont pas vraies. Arrias ne se trouble point, prend feu au contraire contre lâinterrupteur Je nâavance, lui dit-il, je ne raconte rien que je ne sache dâoriginal je lâai appris de Sethon, ambassadeur de France dans cette cour, revenu Ă Paris depuis quelques jours, que je connais familiĂšrement, que jâai fort interrogĂ©, et qui ne mâa cachĂ© aucune circonstance. » Il reprenait le fil de sa narration avec plus de confiance quâil ne lâavait commencĂ©e, lorsque lâun des conviĂ©s lui dit Câest Sethon Ă qui vous parlez, lui-mĂȘme, et qui arrive fraĂźchement de son ambassade. » La BruyĂšre, Les CaractĂšres, 1688. 1. la prĂ©sentation dâArrias l 1 Ă 3 / Arrias a tout lu â Quelque chose a Un personnage faux b Un personnage malhonnĂȘte 2. Mise en situation dâArias l 3 Ă 9 / On parle â Ăclater a Arrias adore parler en public b Jeu sur lâapparence c La stratĂ©gie argumentation dâArrias 3. Arrias face Ă la contradiction se ridiculise 10 Ă 19 / Quelquâun se Hasarde â Ambassade a La contradiction des propos dâArrias b Arrias toujours sĂ»r de lui c Retournement de situation TĂ©lĂ©charge lâanalyse linĂ©aire en entier en cliquant ici ! Consultez nos autres articles en lien avec La BruyĂšre La BruyĂšre Biographie et rĂ©sumĂ© des CaractĂšres Dissertation rĂ©digĂ©e âLes caractĂšresâ de La BruyĂšre et la comĂ©die sociale Pour rĂ©ussir ton oral de français, suis notre formation en ligne Deviens Ă©loquent !VNbZE0.