Titre 10 canoës, 150 lances et 3 épouses Version : Française Auteur de la critique : nicofeel Date de la critique : 05/02/2013 . Cette critique a été visitée 884 fois. Editeur : Editeur non référencé Année de sortie au cinéma : 2006 Date de sortie du DVD : 03/05/2011
Dimanche 19 juillet avait lieu le tournage d’un bukkake une scĂšne porno oĂč plusieurs amateurs sont invitĂ©s Ă  Ă©jaculer sur une mĂȘme actrice. Visite dans les coulisses les plus dark du X français. Il est un peu plus de midi lorsque l’on dĂ©barque ce dimanche 19 juillet Ă  CarriĂšres-sur-Seine, une petite commune paisible des Yvelines, qui ressemble Ă  n’importe quel village français. Jimmy tous les prĂ©noms ont Ă©tĂ© modifiĂ©s est le premier arrivĂ© au rendez-vous. C’est son anniversaire aujourd’hui. Grand gaillard Ă  la peau mate et aux Ă©paules larges, ce jeune fonctionnaire avenant du 93 a dĂ©cidĂ© de s’offrir un plaisir particulier pour ses 27 ans. Jimmy est venu participer Ă  son premier bukkake, une scĂšne porno oĂč de nombreux amateurs sont invitĂ©s gratuitement Ă  Ă©jaculer sur la mĂȘme actrice. “J’ai beaucoup hĂ©sitĂ© avant de venir, je matais des vidĂ©os sur internet, mais j’avais une copine donc, c’était plus compliquĂ©, confie-t-il, un sourire complice au coin des lĂšvres. On a fini par se sĂ©parer pour diffĂ©rents problĂšmes, alors maintenant je me lĂąche, c’est bon. Je ne calcule plus rien, je profite.” Il y a trois semaines, Jimmy s’est donc inscrit sur le site French-Bukkake, la rĂ©fĂ©rence du genre en France, une plate-forme de vidĂ©os amateurs dĂ©tenue par l’acteur, rĂ©alisateur et producteur Pascal OP. Il a envoyĂ© une photo de sa bite en Ă©rection, rempli un formulaire, puis attendu fĂ©brilement sa premiĂšre invitation pour un bukkake. “J’espĂšre que la fille a une bonne mutuelle santĂ©â€ “J’en peux plus, mec, je sors de la salle de muscu, lĂ . Je suis chaud bouillant. J’espĂšre que la fille a une bonne mutuelle santĂ©, parce qu’elle va prendre cher. Elle va chier des briques !”, trĂ©pigne-t-il, quelques minutes avant de passer Ă  l’action. Sur le parking qui sert de point de ralliement aux amateurs du jour, une trentaine de types arrivent au compte-gouttes, en voiture ou Ă  pied. Certains sont venus en bande, comme Nico et StĂ©phane, deux jeunes amis de Marne-la-VallĂ©e qui en sont Ă  leur cinquiĂšme bukkake en plus d’un an. D’autres sont venus seuls, comme Karim, un trentenaire du 91 qui rase les murs et sourit nerveusement. Un groupe d’habituĂ©s se forme dans un coin. Tout le monde s’observe en silence. Jimmy, lui, commence Ă  flipper “Putain, je pensais qu’on allait se marrer au moins, nous souffle-t-il Ă  l’oreille. Regarde ça, ils font tous la gueule. Je croyais qu’on venait pour baiser, mais j’ai l’impression qu’on prĂ©pare un combat de boxe.” © illustration Thomas LĂ©vy-Lasne pour Les Inrockuptibles Les amateurs forment un cercle et se prĂ©parent L’atmosphĂšre se dĂ©tend enfin avec l’arrivĂ©e de Pascal OP. Lunettes noires sur le nez, boule Ă  zĂ©ro et look de paramilitaire, le maĂźtre de cĂ©rĂ©monie compte les prĂ©sents et donne ses premiĂšres indications pour l’aprĂšs-midi. Par petits groupes de cinq, les mecs sont invitĂ©s Ă  rejoindre le lieu du tournage un garage dĂ©tenu par des gitans, coincĂ© au fond d’un Ă©troit chemin rocailleux, loin des regards indiscrets. RassemblĂ©s dans l’arriĂšre-cour du hangar, une petite dĂ©charge jonchĂ©e de carcasses de voitures, les amateurs forment un cercle et se prĂ©parent pour la bagatelle ils palpent leur caleçon, s’isolent pour se laver le sexe avec les lingettes hygiĂ©niques mises Ă  disposition par Pascal OP, descendent leur fiole de whisky et enfilent des cagoules ou des foulards sur le visage pour ne pas ĂȘtre reconnus. “T’imagines, si la famille ou le boulot te grillent sur internet, t’es mort en deux secondes avec ce genre de vidĂ©o, lance Yannick, la petite trentaine. L’avantage, chez Pascal, c’est qu’on peut rester anonyme. On vient, on fait notre kif, et on repart chez nous. ZĂ©ro consĂ©quence.” Le bukkake commence quand Pascal OP le dĂ©cide InstallĂ©e prĂšs des toilettes, dans le garage, l’actrice qui sera au cƓur de la scĂšne se prĂ©pare. Elle s’appelle Natacha Guapa. Elle a 26 ans, et elle est en colĂšre “J’avais demandĂ© Ă  Pascal OP de m’inviter deux cent cinquante mecs et lĂ  ils ne sont que trente ! Bon, ça fera l’affaire, mais quand mĂȘme, je voulais exploser mon prĂ©cĂ©dent record.” MoulĂ©e dans une nuisette transparente, elle finit par rentrer en scĂšne sous les applaudissements des amateurs, qui ont dĂ©jĂ  presque tous dĂ©gainĂ© leur bite. Elle dĂ©file, quelques minutes, entre les types de plus en plus agitĂ©s, jette des regards suggestifs, tord ses lĂšvres et entame les deux premiers tours de chauffe une caresse pour chacun, suivie par une rapide fellation, censĂ©e exciter ses partenaires pour la suite du tournage. Dans la foule, certains s’impatientent, rĂ©clament un deuxiĂšme passage et veulent dĂ©jĂ  jouir, mais ils sont stoppĂ©s net le bukkake commencera vraiment quand Pascal OP le dĂ©cidera. Ici, c’est lui le patron. Le bukkake vient du porno japonais Figure controversĂ©e du milieu X français, oĂč il a dĂ©butĂ© en tant que hardeur avant de se reconvertir Ă  la production de films gonzo, ce quadra ultraprovocateur a fait du bukkake son principal business depuis le milieu des annĂ©es 2000. Il en a dĂ©couvert l’existence Ă  travers des vidĂ©os d’importation en provenance du Japon, le pays d’origine de cette pratique Ă  l’histoire encore mĂ©connue. InspirĂ© selon certains rĂ©cits des mĂ©thodes punitives de l’époque fĂ©odale des femmes jugĂ©es coupables d’infidĂ©litĂ© Ă©taient aspergĂ©es de sperme par les hommes du village, le bukkake du verbe bukkakeru qui signifie â€œĂ©clabousser d’eau” a Ă©tĂ© popularisĂ© Ă  la fin des annĂ©es 80 dans le porno japonais, oĂč des codes de censure stricts imposaient aux producteurs de trouver de nouveaux concepts toujours plus barrĂ©s. L’idĂ©e Ă©tait simple, efficace dans une piĂšce fermĂ©e, une femme, seule, suçait puis branlait un groupe d’une dizaine de mecs au minimum avant de se faire Ă©jaculer sur le visage. “J’étais scotchĂ© quand j’ai dĂ©couvert ces vidĂ©os, explique Pascal OP, rencontrĂ© une semaine avant le tournage. C’est simple, moi, dans la vie, j’aime Ă©jaculer sur la gueule de mes gonzesses. J’aime qu’elles bouffent mon sperme. Alors, lĂ , si tu mets une quarantaine de gars, t’as un feu d’artifice. Et puis, d’un point de vue de producteur, faire tourner des amateurs, c’est quand mĂȘme beaucoup plus pratique que d’appeler des vrais acteurs pros.” © illustration Thomas LĂ©vy-Lasne pour Les Inrockuptibles Avant de lancer son fameux site French-Bukkake, dont il ne veut pas dĂ©voiler le chiffre d’affaires que l’on peut nĂ©anmoins estimer largement infĂ©rieur Ă  celui de Jacquie et Michel, la rĂ©fĂ©rence du porno amateur français qui palpe entre 5 et 10 millions d’euros de bĂ©nĂ©fices annuels, Pascal OP tourna ses premiers bukkake Ă  l’arrache, dans des bois ou des espaces libertins. “En trente ans de porno, j’avais rien vu d’aussi crade” Il avait notamment ses habitudes au Club 88, un ancien peep-show reconverti en sex-shop situĂ© dans le quartier ChĂątelet, Ă  Paris, oĂč l’on se souvient bien de son passage “DĂšs qu’il a lancĂ© son concept, ça a Ă©tĂ© un succĂšs dingue ici des mecs venaient de partout pour participer Ă  ses vidĂ©os, raconte un employĂ© des lieux. Comme c’était gratuit, des gars se disaient plutĂŽt que d’aller aux putes, je vais tourner pour Pascal OP. Alors, il nous ramenait une faune pas possible, tous les gros dĂ©gueulasses de Paris. En trente ans de porno, franchement, j’avais rien vu d’aussi crade.” Joe, le patron du Club 88, nuance un peu “Il y avait des mecs affamĂ©s, des gars qui n’avaient pas l’occasion de baiser par ailleurs, mais il y avait toujours une bonne ambiance sur ces bukkake. Et Pascal maĂźtrisait ses bonshommes, je ne me souviens pas d’une seule embrouille
” Ce dimanche, Ă  CarriĂšres-sur-Seine, aucun problĂšme n’est pour l’instant Ă  signaler. AprĂšs la phase de prĂ©liminaires, l’ambiance s’échauffe peu Ă  peu dans la cour du garage, et le bukkake vire mĂȘme au gang bang l’actrice administre des fellations Ă  la chaĂźne tandis que des mecs la pĂ©nĂštrent en missionnaire ou en levrette, tout en la traitant de “salope” ou de “cochonne”. “Ils veulent juste se vider les couilles” Il ne leur faut pas plus de trois Ă  quatre minutes pour jouir. “Les gars qui viennent ici sont des chiens de la casse, ils veulent juste se vider les couilles, rigole Victor, un jeune employĂ© de bureau qui en est Ă  son sixiĂšme bukkake. Moi-mĂȘme, si j’avais une copine, je ne viendrais pas.” Dans la foule d’amateurs, composĂ©e ce jour-lĂ  d’une grande majoritĂ© de jeunes issus de la banlieue parisienne, tous racontent Ă  peu prĂšs les mĂȘmes histoires ils sont cĂ©libataires depuis longtemps, ont abandonnĂ© l’idĂ©e de sĂ©duire une fille, ou veulent simplement expĂ©rimenter leurs dĂ©sirs. “Moi, ça ne me correspond pas, la vie en couple, aller au cinĂ©ma ou dĂźner au resto, ces trucs-lĂ  me rendent fou, raconte LoĂŻc, jeune chĂŽmeur du 93 cachĂ© derriĂšre sa cagoule. Avec le bukkake, au moins, c’est clair tu viens, tu gicles, et basta.” “Des meufs, j’en trouve sans problĂšme, ça va, mais le souci, c’est qu’elles ne veulent rien faire, fanfaronne son pote Claude. La derniĂšre fois, j’ai rencontrĂ© une beurette. On s’est vus quelque temps mais elle ne voulait pas baiser avant le mariage. T’imagines ?” © illustration Thomas LĂ©vy-Lasne pour Les Inrockuptibles Fantasmes de domination Sur les tournages des bukkake, ces mecs d’apparence ordinaire viennent chercher une excitation rapide, offerte, et sans lendemain. Ils veulent surtout exercer leur fantasme de domination, et ne plus se prendre la tĂȘte avec les questions de consentement. “Avant, j’allais au Cap d’Agde, mais ça m’a soĂ»lĂ©, dit Julien, 32 ans, fidĂšle habituĂ© des vidĂ©os de Pascal OP au physique de rugbyman. Dans le libertinage, il y a encore cette idĂ©e qu’il faut sĂ©duire la meuf si elle ne veut pas de toi, ou si tu ne plais pas Ă  son mari, bah, tu dĂ©gages. Alors qu’ici c’est juste la boucherie n’importe qui peut venir, la meuf ne dira jamais non.” Le tournage du jour accueille en effet diffĂ©rents types de profils squelettiques, musclĂ©s, beaux, moches, jeunes, vieux, petites ou grosses bites, tous ont Ă©tĂ© autorisĂ©s Ă  venir baiser sans condition. Mais tous n’y arriveront pas. “C’est pas facile de s’exciter dans un endroit pareil, entourĂ© par trente gars avec la bite Ă  l’air”, dĂ©crit Jimmy, qui lutte depuis dix minutes pour rĂ©ussir Ă  bander et pousse de grands hurlements dĂšs qu’il se retrouve au contact d’un autre pĂ©nis. Il n’est pas le seul partout dans l’arriĂšre-cour du garage, des mecs se tirent nerveusement sur la verge pour provoquer une Ă©rection. D’autres ont dĂ©jĂ  abandonnĂ© et sont partis Ă  la sauvette. “C’est le plus compliquĂ© ici faut faire abstraction de tous les gars qui t’entourent. Moi, je ne suis pas dans un fantasme de tournante, et encore moins dans un trip homo, donc quand je viens ici, j’essaie de m’imaginer tout seul avec la fille”, assure Nico. Pour dĂ©samorcer la gĂȘne de la situation, les amateurs se lancent alors des vannes, gonflent les muscles, chambrent les petites bites et applaudissent les meilleures performances. “GrĂące Ă  moi, on aura Ă©vitĂ© pas mal d’émeutes en banlieue” Quand on lui demande s’il n’a pas l’impression de faire son fric sur la misĂšre sexuelle des banlieues, d’exploiter ces jeunes gars pour vendre ses vidĂ©os, Pascal OP rĂ©pond Ă  sa maniĂšre, entre provoc salĂ©e et cynisme redoutable “Alors quoi, je n’ai pas le droit de vider les couilles des citĂ©s françaises ? GrĂące Ă  moi, on aura Ă©vitĂ© pas mal d’émeutes en banlieue. Je reçois cinq Ă  dix inscriptions par jour sur le site. Ces gars n’ont aucun moyen de baiser, et je les aide. La derniĂšre fois, j’ai eu un vieux puceau sur le tournage. Un mois plus tard, il me disait Merci Pascal, grĂące Ă  toi j’arrive enfin Ă  draguer des nanas.’ De toute façon, je m’en fous de ces mecs et de leur histoire. L’important, c’est qu’ils bandent.” Le rĂ©alisateur et producteur n’a pas beaucoup plus d’estime pour ses actrices, la plupart du temps de jeunes femmes sans expĂ©rience qu’il recrute sur des rĂ©seaux amateurs et paie entre 500 et 1000 euros pour une scĂšne. Une misĂšre. “Ce sont des petites nouvelles qui arrivent, tu les vois pendant un mois, et puis elles disparaissent dans la nature, dit-il, sans le moindre soupçon d’empathie. En gĂ©nĂ©ral, ces filles ne sont pas vraiment des foudres de guerre, ce sont plutĂŽt des grosses cassos. Elles n’ont pas de thune, elles sont Ă  la rue, elles cherchent du buzz, alors elles veulent se faire remarquer en tournant un bukkake qu’elles regretteront une semaine plus tard. Mais nous, on est contents ça fait de bons vide-couilles.” © illustration Thomas LĂ©vy-Lasne pour Les Inrockuptibles “Pascal OP est un bon gros connard” Pour la star du X français Anna Polina, Ă©gĂ©rie Marc Dorcel depuis cinq ans, il n’y a aucun doute “Pascal OP est un bon gros connard. La maniĂšre dont il parle des femmes me rend folle, dit-elle. Je ne sais pas dans quelle mesure les filles qui tournent dans ses vidĂ©os ont conscience de ce qu’elles font. Je ne juge pas la pratique, attention, il y a des rapports de domination qui peuvent ĂȘtre excitants. Mais quarante mecs qui baisent une nana payĂ©e une misĂšre et traitĂ©e comme un sale bout de viande, c’est proche de l’esclavage.” Ancienne actrice Ă  la retraite, Angell Summers s’interroge elle aussi “On a le sentiment que les filles de ces vidĂ©os ne savent pas oĂč elles sont, qu’elles ignorent ce qu’elles vont vivre. Le bukkake surfe quand mĂȘme sur un fantasme d’illĂ©galitĂ©, de viol, de tournante, et il faut avoir un sacrĂ© caractĂšre pour supporter un tel truc.” En ce dimanche 19 juillet, l’actrice du jour, Natacha Guapa, n’affiche pourtant aucun signe d’inquiĂ©tude. Tout juste dĂ©barquĂ©e de son train, cette NĂźmoise de 26 ans, actrice X et escort depuis un an, parle du bukkake comme d’un “vieux fantasme” “J’adore ĂȘtre au centre de l’attention, alors me retrouver avec trente mecs qui ne bandent que pour moi, c’est un rĂȘve. Et puis, c’est bon pour ma carriĂšre d’escort les gens verront que j’encaisse bien, ça me fera de la pub.” Pendant prĂšs de deux heures cet aprĂšs-midi, l’actrice va alors tout supporter dans des conditions de tournage ultraprĂ©caires. InstallĂ©e sur un Ă©troit matelas recouvert de sacs-poubelle disposĂ© Ă  mĂȘme le sol, elle passe d’un mec Ă  l’autre sans pause, cherche de l’air, et se prend sur le bras la cendre brĂ»lante d’un type qui fumait trop prĂšs. “Une Ă©pidĂ©mie de syphilis dans le X français” Elle enchaĂźnera aussi une trentaine de fellations sans capote, seules les pĂ©nĂ©trations vaginales Ă©tant protĂ©gĂ©es sur ce tournage, pour lequel aucun test de santĂ© complet n’a Ă©tĂ© rĂ©clamĂ© aux amateurs. “C’est un putain de scandale, et personne ne dit rien, s’énerve une actrice porno, qui prĂ©fĂšre tĂ©moigner sous anonymat pour Ă©viter les reprĂ©sailles. Comment peut-on laisser ce mec rĂ©aliser ses scĂšnes sans capote, ni test complet ? C’est toute la profession qui se met en danger avec lui. Il y a trois ans, il avait organisĂ© un de ces bukkake gĂ©ants dans un hangar du 93, avec prĂšs de cent cinquante mecs et une seule fille. Et devinez-quoi ? Quelques mois plus tard, on apprenait qu’il y avait une Ă©pidĂ©mie de syphilis dans le X français. Je ne dis pas que c’est lui, mais ce genre de pratiques contribue Ă  tuer le porno.” La santĂ©, la protection de ses actrices, Pascal OP n’en fait pas vraiment un souci “Rien Ă  foutre de tout ça, c’est pas mon problĂšme, dit-il. Les filles ne vont pas rĂ©clamer des tests Ă  tous leurs partenaires lorsqu’elles vont en soirĂ©e libertine, non ? Il faut arrĂȘter avec cette hypocrisie.” Il est bientĂŽt 16 heures Ă  CarriĂšres-sur-Seine, et le bukkake touche Ă  sa fin. Natacha Guapa est toujours au centre de l’arriĂšre-cour du garage, en train de prodiguer les derniĂšres fellations de la journĂ©e. Son visage est dĂ©sormais presque entiĂšrement recouvert de sperme. Ses yeux sont rouges. Pascal OP tient alors une idĂ©e pour conclure sa vidĂ©o “On va laver la gonzesse Ă  la pisse, allez, on fait une scĂšne uro”, lance-t-il devant une assemblĂ©e mĂ©dusĂ©e. Une dizaine de mecs s’exĂ©cutent vite devant la camĂ©ra et urinent sur l’actrice qui fait mine d’y prendre plaisir. StĂ©phane dĂ©tourne le regard “Ça devient trop hardcore pour moi. Je ne donne pas dans ce genre de pratiques.” La foule se disperse peu Ă  peu, tandis qu’un petit groupe se rĂ©unit Ă  l’entrĂ©e du garage pour dĂ©briefer la journĂ©e. Il faut parler maintenant. Jimmy ne se remet toujours pas de ses problĂšmes Ă©rectiles. Il fulmine contre “le matelas tout pourri” et promet de faire mieux la prochaine fois. LoĂŻc lance un dĂ©bat sur les performances de l’actrice, dont tout le monde s’accorde Ă  vanter le courage. “Pour tourner une scĂšne pareille pendant deux heures, et avec autant de gars, c’est une sacrĂ© professionnelle, observe Nico. Elle a dĂ» toucher au moins 6000 balles pour l’aprĂšs-midi.” Lorsqu’on leur dit que le salaire de la fille se situe probablement davantage entre 500 et 1000 euros, les mecs tombent des nues et se murent dans le silence pendant quelques secondes. Pensent-ils au dĂ©roulement de la journĂ©e ? Se souviennent-ils de ce que l’actrice a traversĂ© ? Nico reprend la parole “Dites, les gars, vous ne trouvez pas que la fille Ă©tait un peu sĂšche vers la fin ?” sauvage
TenCanoes: Directed by Rolf de Heer, Peter Djigirr. With Crusoe Kurddal, Jamie Gulpilil, Richard Birrinbirrin, Peter Minygululu. In Australia's Northern Territory, a man tells us a story of his people and his land. It's about
Archival science, vol. 21, n° 2, 2021 Linqing Ma, Ruohua Han, Chinese “archival” stories of lifecycle management tracing three major reformative events from 1933 to 2010 », p. 117-137. La Chine ne connaĂźt pas la notion de records et le modĂšle de records lifecycle hĂ©ritĂ© de la pratique anglo-saxonne ne lui est donc pas applicable. Deux concepts sont au cƓur de la pratique archivistique chinoise le WenShu/WenJian et le DangAn. Le WenShu/WenJian correspond Ă  la phase de crĂ©ation et d’utilisation des documents d’archives par les producteurs eux-mĂȘmes. Le DangAn Ă  la prise en charge par un service d’archives, d’abord chez le producteur lui-mĂȘme puis Ă  l’extĂ©rieur de celui-ci. L’article revient sur la distinction entre ces deux concepts et sur les trois grands Ă©vĂ©nements qui ont marquĂ© l’archivistique chinoise au 20e siĂšcle et ont occasionnĂ© un rĂ©examen de l’articulation entre les deux concepts la rĂ©forme WenShu-DangAn dans les annĂ©es 1930 ; l’intĂ©gration de la gestion de WengJian et DangAn dans les annĂ©es 1980 et enfin la gestion intĂ©grĂ©e depuis les annĂ©es 2000. Les auteurs Ă©voquent le contexte, les mĂ©canismes et les rĂ©sultats de chacun de ces Ă©vĂ©nements, ainsi que les diffĂ©rences entre eux, et cherchent ainsi Ă  amĂ©liorer la connaissance de l’histoire des archives en Chine, telle que portĂ©e par la communautĂ© des archivistes de DangAn. Viviane Frings-Hessami, The societal embeddedness of records teaching the meaning of the fourth dimension of the Records Continuum Model in different cultural contexts », p. 139-154. Partant du constat que le concept de pluralisation dĂ©veloppĂ© dans le cadre de la thĂ©orie du records continuum est difficile Ă  expliquer dans des contextes archivistiques diffĂ©rents, l’autrice propose d’utiliser le concept d’intĂ©gration sociĂ©tale societal embeddedness. L’utilisation de ce dernier permet selon elle de comprendre que la pluralisation ne correspond pas seulement Ă  un partage a posteriori des archives dans le futur, mais Ă  la prise en compte a priori des attentes sociales dans la gestion des documents d’archives records and recordkeeping systems. AprĂšs une courte revue de littĂ©rature, Viviane Frings-Hessami appuie son propos en Ă©voquant deux exemples simples deux photographies utilisĂ©s dans divers environnements d’apprentissage – notamment non anglo-saxons – pour enseigner la thĂ©orie du records continuum et faire comprendre l’importance que revĂȘt pour elle la prise en compte du contexte sociĂ©tal rĂ©glementation, coutumes et attentes locales qui ont des consĂ©quences sur la crĂ©ation des documents eux-mĂȘmes. Sindiso Bhebhe, Mpho Ngoepe, Elitism in critical emancipatory paradigm national archival oral history collection in Zimbabwe and South Africa », p. 155-172. Cet article s’intĂ©resse Ă  la maniĂšre dont la mĂ©moire des groupes minoritaires s’est constituĂ©e en Afrique du Sud et au Zimbabwe. Les auteurs constatent tout d’abord l’échec des politiques de collecte d’archives orales mises en Ɠuvre par les institutions officielles auprĂšs des groupes minoritaires, en raison du refus de ceux-ci de collaborer avec des institutions officielles National Archives of Zimbabwe et National Archives and Records Services of South Africa et de la tendance de celles-ci Ă  se focaliser sur la parole des Ă©lites au pouvoir blanches d’abord, noires ensuite. Les programmes d’archives orales se contentent de reproduire le schĂ©ma de domination hĂ©ritĂ© de l’époque coloniale. En consĂ©quence, l’article recommande en conclusion la dĂ©politisation des services nationaux d’archives. Mengqiu Li, Huiling Feng, Yubao Gao, A typology of Chinese “archives” », p. 173-192. Cet article rend compte des conclusions d’une Ă©tude visant Ă  proposer une classification des diffĂ©rents types d’archives chinoises, pour aider Ă  cerner la complexitĂ© de la pratique archivistique de ce pays, en plein dĂ©veloppement depuis 70 ans. Adoptant la mĂ©thode de la recherche historique, le texte oppose d’une part, dans une approche par origine, archives gouvernementales ministĂšres, entreprises publiques, institutions publiques et archives non gouvernementales archives familiales, archives d’entreprises privĂ©es, archives communautaires et d’autre part, dans une approche fonctionnelle, archives administratives, archives scientifiques et techniques et archives spĂ©cialisĂ©es. Pour chacun de ces types, les auteurs reviennent sur le contexte historique, les caractĂ©ristiques propres. Cette prĂ©sentation encore imparfaite selon les auteurs – car excluant quelques types particuliers d’archives – vise Ă  amĂ©liorer la connaissance et la comprĂ©hension de la situation chinoise et de ses spĂ©cificitĂ©s, dans la perspective d’approches comparatives. SĂ©bastien Rozenberg, Digital records as relational objects–Yuk Hui’s concept of digital objects applied to archival science », p. 193-218. L’article propose de s’emparer des thĂ©ories de l’informaticien et philosophe hongkongais Yuk Hui et plus spĂ©cifiquement de son ouvrage On the existence of Digital Objects non traduit en français Ă  notre connaissance pour repenser le concept d’archives Ă©lectroniques digital records. Yuk Hui considĂšre que les objets numĂ©riques mobilisent deux types d’ontologies les ontologies qui renvoient au langage technique et Ă  la reprĂ©sentation de la connaissance comme les mĂ©tadonnĂ©es ; et l’ontologie au sens de la phĂ©nomĂ©nologie d’Heidegger qui permet de comprendre ce qui se trouve dans le monde. Les objets numĂ©riques sont produits et constituĂ©s Ă  travers leurs relations discursives techniques et logiques et existentielles. AprĂšs avoir comparĂ© les thĂ©ories de Hui avec diffĂ©rentes conceptions des archives Ă©lectroniques, l’auteur propose sa propre dĂ©finition de celles-ci, soulignant ces relations discursives et existentielles. Archival science, vol. 21, n°3, 2021 Jinfang Niu, The need for shared personal/family archivists », p. 219-241. Cet article Ă©tudie, sur la base d’une enquĂȘte principalement menĂ©e auprĂšs des rĂ©pondants amĂ©ricains, les pratiques de conservation et les besoins de conseils en archivage des citoyens. Les individus et les familles gĂšrent en effet une masse croissante d’informations et d’archives accumulĂ©es sous toutes les formes par eux ou par des tiers dossiers mĂ©dicaux ou dossiers d’assurance, par exemple. Face Ă  l’insuffisance des services fournis par les archives et les bibliothĂšques de proximitĂ©, il recommande le dĂ©veloppement de nouveaux types d’archivistes – autoentrepreneurs sur le modĂšles des photographes freelance –, capables de rĂ©pondre aux besoins des individus et des familles et examine la meilleure maniĂšre d’y parvenir – y compris via le dĂ©veloppement de cours spĂ©cialisĂ©s dans les formations en sciences de l’information et la crĂ©ation de plateformes d’opĂ©rateurs similaires Ă  Uber. James Lappin, Tom Jackson, Graham Matthews, Clare Ravenwood, Rival records management models in an era of partial automation », p. 243-266. Les auteurs partent du constat que deux modĂšles en matiĂšre de records management ont Ă©mergĂ© dans les annĂ©es 1990 celui dĂ©veloppĂ© par Luciana Duranti invitant Ă  intĂ©grer les documents engageants dans un systĂšme dĂ©diĂ© et optimisĂ© ; celui recommandĂ© par David Bearman et invitant Ă  vĂ©rifier l’existence de fonctionnalitĂ©s de gestion et d’archivage dans les applications mĂ©tier. En 2013, la National Archives and Records Administration a de son cĂŽtĂ© invitĂ© les agences fĂ©dĂ©rales Ă  cibler les comptes de messagerie Ă  conserver dĂ©finitivement, approche qui ne peut ĂȘtre rapprochĂ©e d’aucune des deux prĂ©cĂ©dentes. Un troisiĂšme modĂšle en matiĂšre de records management a donc Ă©mergĂ© le in-place model, dans lequel les documents sont gĂ©rĂ©s sur place dans les applications mĂ©tiers, mĂȘme si celles-ci ne disposent pas d’une structuration optimale. L’article Ă©tudie ce nouveau modĂšle en examinant comment la gestion des archives dans les organisations a Ă©tĂ© apprĂ©hendĂ©e par les thĂ©oriciens de l’archivistique Jenkinson, Schellenberg, Scott, Upward, Duranti, et Bearman et par les praticiens. Il examine enfin dans quelles circonstances ce modĂšle, complĂ©mentaire des deux autres, leur est prĂ©fĂ©rable, dans une perspective qui concilie pragmatisme et respect de la thĂ©orie du records continuum. Tsepho Mosweu, Accountability for governance of liquid communication generated through the use of social media in Botswana whose duty is it? », p. 267-280. Partant du constat que les contenus diffusĂ©s sur les rĂ©seaux sociaux – ce que l’auteur regroupe sous le vocable de communication liquide » liquid communication – nĂ©cessitent une gouvernance documentaire, cet article examine, au travers d’une approche qualitative, la maniĂšre dont les rĂŽles et responsabilitĂ©s en la matiĂšre sont rĂ©partis au Botswana. Il constate que des documents engageants sont principalement placĂ©s sous la responsabilitĂ© des services de communication et que les Botswana National Archives and Records Services ne sont aucunement impliquĂ©s dans l’affaire. L’auteur recommande en consĂ©quence l’adoption d’une approche cross-fonctionnelle pour gouverner ces documents et la dĂ©finition claire et documentĂ©e des rĂŽles et responsabilitĂ©s de l’ensemble des services et personnes concernĂ©es. Michael Reimsbach, John Aycock, Decoding the Cauzin Softstrip a case study in extracting information from old media », p. 281-294. Cet article examine la problĂ©matique de conservation Ă  long terme des premiers codes-barres bidimensionnels les Cauzin Softstrip », lancĂ©s en 1985 par Cauzin Systems, utilisĂ©s pour coder toutes sortes de donnĂ©es numĂ©riques. ImprimĂ© sur papier magazines informatiques, ouvrages informatiques, brochures, le code-barre donnait accĂšs Ă  une information numĂ©rique qui Ă©tait extraite en utilisant le lecteur Cauzin Softstrip. Afin d’extraire et de consulter les donnĂ©es numĂ©riques, un lecteur de code-barres Cauzin a Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ© qui donne plus de 90 % de rĂ©sultats positifs comme l’expliquent les auteurs. L’étude montre Ă©galement que les technologies d’apprentissage profond deep-learning utilisĂ©es pour concevoir ce lecteur sont accessibles, mĂȘme Ă  des non-experts. Stephen Abrams, Tacit attitudinal principles for evaluating digital preservation success », p. 295-315. Dans cet article, l’auteur s’intĂ©resse Ă  la façon dont la communautĂ© de la prĂ©servation du numĂ©rique intĂšgre dans sa rĂ©flexion la notion de succĂšs. Se fondant sur l’étude de six politiques et dĂ©clarations identifiĂ©es dans un corpus de 95 Ă©mises par des institutions patrimoniales, il pointe le fait que les notions d’intĂ©gritĂ©, d’accessibilitĂ© et d’authenticitĂ© restent au centre des rĂ©flexions de la communautĂ©, alors que celle d’utilisabilitĂ© usability est insuffisamment Ă©tudiĂ©e. L’auteur propose des solutions pour mieux prendre en compte ce critĂšre et invite Ă  prendre davantage en considĂ©ration ce que l’on appelle l’expĂ©rience utilisateur », Ă  savoir la maniĂšre dont les ĂȘtres humains interagissent avec les objets numĂ©riques pour Ă©valuer les chances de succĂšs des opĂ©rations de prĂ©servation. Archival science, vol. 21, n°4, 2021 Mikulas Čtvrtnik, Closure periods for access to public records and archives. Comparative-historical analysis », p. 317-351. Cet article rend compte d’une analyse comparĂ©e de la lĂ©gislation en matiĂšre d’accĂšs aux archives et de ses consĂ©quences en matiĂšre de relations entre le public et l’administration et de possibilitĂ© pour le public de consulter les documents. Sont Ă©tudiĂ©s, conjointement avec l’Union europĂ©enne, les pays suivants le Royaume-Uni, les États-Unis, la France, l’Allemagne, la SuĂšde, la Suisse et la RĂ©publique tchĂšque. Il Ă©tudie ensuite plus prĂ©cisĂ©ment le cas britannique pour comprendre comment les pĂ©riodes d’ouverture et de fermeture de l’accĂšs ont Ă©voluĂ© depuis la fin de la Seconde guerre mondiale. L’étude s’achĂšve sur un examen de la question du droit d’accĂšs Ă  l’information et son rapport au droit d’accĂšs aux archives. Katherine Jarvie, Joanne Evans, Sue McKemmish, Radical appraisal in support of archival autonomy for animal rights activism », p. 353-372. L’article examine le rapport qu’entretient la communautĂ© des dĂ©fenseurs des animaux avec ses archives, en Ă©tudiant le cas de Direct Action Everywhere DxE, un groupe de libĂ©ration animale basĂ© aux États-Unis, Ă  l’heure oĂč le militantisme agit principalement sur des plateformes en ligne. L’étude montre le rĂŽle actif que tiennent la politique d’archivage comme tĂ©moignage stratĂ©gique des activitĂ©s et les documents dans les actions de communication. Il explique Ă©galement que l’association est comme les autres confrontĂ©e au dĂ©fi de la prĂ©servation de ses documents numĂ©riques Ă  long terme, ce qui nĂ©cessite d’intĂ©grer les pratiques archivistiques dans les actions quotidiennes. Les autrices insistent sur l’intĂ©rĂȘt que prĂ©sente la thĂ©orie du records continuum dans l’étude de ce type de cas et le risque que prĂ©sente l’utilisation de plateformes collaboratives en ligne pour la conservation des archives du mouvement. Katie Young, Walking through postcolonial archives in Tamale, Northern Ghana », p. 373-389. Étudier les consĂ©quences de la colonisation sur un territoire donnĂ© implique de parcourir celui-ci et de consulter les archives qui le concerne. Katie Young, spĂ©cialiste du Ghana, rend compte dans cet article de sa pratique de chercheuse dans la ville de Tamale, au nord du pays, et fait part des rĂ©flexions suggĂ©rĂ©es par sa pratique de la marche sur ce territoire. Elle Ă©voque successivement la difficultĂ© Ă  localiser le service d’archives – et l’incapacitĂ© des habitants Ă  l’aider –, les conversations Ă©changĂ©es avec des passants sur le chemin du service d’archives, et les leçons qu’elle tire de la consultation des archives en matiĂšre de consĂ©quences de la colonisation sur l’urbanisme, sur la toponymie et sur la sĂ©grĂ©gation spatiale dans la ville. Elle rend compte enfin de sa dĂ©couverte, lors de ses pĂ©rĂ©grinations, d’un rapport inattendu des habitants aux archives – via leur passion pour d’anciens enregistrements musicaux sur cassettes numĂ©risĂ©s par des disquaires et partagĂ©s largement sur les tĂ©lĂ©phones. Huiling Feng, Zhiying Lian, Weimei Pan, Chunmei Qu, Wenhong Zhou, Ning Wang, Mengqiu Li, Retrospect and prospect the research landscape of archival studies », p. 391-411. Cet article prĂ©sente les rĂ©sultats d’une Ă©tude destinĂ©e Ă  dresser un Ă©tat des lieux comparatif des recherches en archivistique menĂ©es en Chine et Ă  l’étranger ces derniĂšres annĂ©es. Points communs et diffĂ©rences sont passĂ©s en revue, afin d’identifier les domaines prioritaires de recherche Ă  dĂ©velopper en Chine dans les cinq prochaines annĂ©es management » prĂ©servation numĂ©rique, accĂšs et usage des archives, records management intĂ©grĂ©, gestion des archives personnelles ; technologie » Ă©tudes d’archivistique computationnelle, application de technologies innovantes Ă  la gestion des archives, Ă  la prĂ©servation numĂ©rique et Ă  l’archivage Ă©lectronique en gĂ©nĂ©ral ; humanitĂ©s » activisme archivistique, archival multiverse », gestion participative des archives. L’étude estime nĂ©anmoins que le troisiĂšme volet fera l’objet d’un nombre de recherches limitĂ©, dans la mesure oĂč la recherche archivistique chinoise est davantage utilitariste que la recherche archivistique Ă©trangĂšre. Par ailleurs, la thĂ©orie archivistique, l’histoire des archives et la discipline archivistique continueront Ă  faire l’objet de travaux importants, comme prĂ©cĂ©demment. Colin Post, Alexandra Chassanoff, Beyond the workflow archivists’ aspirations for digital curation practices », p. 413-432. Cet article rend compte d’une Ă©tude menĂ©e auprĂšs de 12 institutions culturelles parties prenantes du projet OSSArcFlow 2017-2020 utilisant divers logiciels d’archivage ArchivesSPace, Archivematica, BitCurator et relative aux dĂ©fis en matiĂšre de documentation des pratiques de conservation numĂ©rique. Sur la base d’enquĂȘtes semi-directives, les auteurs montrent tout d’abord la difficultĂ© des archivistes Ă  se projeter en matiĂšre d’évolution de leurs processus de travail, avec une tendance Ă  aller au-delĂ  de la simple modification du processus. La rĂ©union des archivistes en groupe de discussion a permis aux auteurs de dĂ©passer ces blocages et de catĂ©goriser les souhaits des archivistes processus de travail mais aussi facteurs sociotechniques comme les outils, les ressources humaines et les facteurs organisationnels et administratifs. En conclusion, les auteurs estiment qu’un travail sous forme de communautĂ© de pratiques et une bonne documentation peuvent aider les archivistes Ă  comprendre les lacunes et les dĂ©fis en matiĂšre de processus de travail, ainsi qu’à imaginer les dĂ©veloppements nĂ©cessaires de leurs systĂšmes d’archivage Ă©lectronique, dans la mesure oĂč la conservation numĂ©rique est fondamentalement une activitĂ© socio-technique. Archival science, vol. 22, n°1, 2022 Sara Martinez Cardama, Ana R. Pacios, National archives’ priorities an international overview », p. 1-42. Quelles sont les prioritĂ©s des services nationaux d’archives affiliĂ©s au Conseil international des archives ? Telle est la question posĂ©e par cet article qui constitue le rĂ©sultat d’une enquĂȘte conduite en juin 2020 et qui a permis de comparer les 18 plans stratĂ©giques et 41 dĂ©clarations identifiĂ©es sur internet. Si l’accĂšs, la conservation et la numĂ©risation constituent des points de convergence, l’étude montre que d’autres prioritĂ©s, comme la protection du patrimoine, la mĂ©moire collective et le renforcement de l’autoritĂ© des services d’archives nationaux, sont Ă©galement prĂ©sentes dans certaines rĂ©gions. En conclusion, les autrices rappellent que la publication de plans stratĂ©giques rĂ©guliĂšrement mis Ă  jour joue un rĂŽle important pour garantir la transparence de l’action des archivistes et pour faciliter la comparaison entre services. Rebecca D. Franks, Risk in trustworthy digital repository audit and certification », p. 43-73. La notion de risque joue un rĂŽle important dans la prĂ©servation des archives Ă©lectroniques et est au centre des procĂ©dures d’audit qui ont Ă©tĂ© conçues. Partant de l’hypothĂšse que celles-ci se focalisent sur les questions techniques, Ă©conomiques et organisationnelles, l’autrice Ă©tudie la maniĂšre dont la notion de risque est apprĂ©hendĂ©e par ceux qui ont conçu les normes d’audit, ceux qui dĂ©livrent des certifications et les archivistes responsables d’un dĂ©pĂŽt ayant fait l’objet d’un audit. L’étude montre, en se concentrant sur les 5 thĂ©matiques principales abordĂ©es dans la norme questions financiĂšres, juridiques, organisationnelles, procĂ©durales et techniques, que si les diffĂ©rents intervenants se rejoignent sur l’identification des principaux risques, les archivistes sont moins confiants que les deux autres populations sur les rĂ©sultats des audits menĂ©s et les propositions d’attĂ©nuation des risques Ă©mises. Ils s’interrogent, en consĂ©quence, sur la fiabilitĂ© et la viabilitĂ© de leurs dĂ©pĂŽts. Ciaran B. Trace, Archival infrastructure and the information backlog », p. 75-93. La production exponentielle d’informations augmente logiquement le flux d’informations transfĂ©rĂ©es depuis le producteur vers les services d’archives. Or on observe une rupture Ă  ce moment de la chaĂźne, le flux devient discontinu et perturbĂ© en raison du temps considĂ©rable nĂ©cessaire au classement et Ă  la mise Ă  disposition. Ce que les archivistes appellent avec euphĂ©misme l’arriĂ©rĂ© est en fait un constat d’échec devenu une norme dans les services d’archives. L’autrice s’attache Ă  quantifier et qualifier l’arriĂ©rĂ© aux États-Unis avant d’étudier les solutions qui s’offrent aux archivistes demander des moyens supplĂ©mentaires, augmenter les performances de classement, 
. Jennifer Y. Pearson, How archival studies and knowledge management practitioners describe the value of research assessing the “quiet” archivist persona », p. 95-112. Les archivistes sont souvent perçus comme des individus passifs, introvertis et manquant de visibilitĂ©. L’article revient sur ces stĂ©rĂ©otypes en comparant le vocabulaire utilisĂ© par les archivistes et par les spĂ©cialistes du knowledge management dans leurs revues professionnelles respectives, entre 2015 et 2019 titres et rĂ©sumĂ©s des articles. Les conclusions de l’étude confirment que les archivistes sont plus discrets que les spĂ©cialistes du knowledge management, et recourent moins Ă  des termes ou des expressions qui induisent un apport de valeur comme important, nouveau, significatif, clĂ©, performance, succĂšs, avantage compĂ©titif, crucial, etc.. L’autrice invite en consĂ©quence les archivistes Ă  employer un vocabulaire plus adaptĂ© aux attentes de leurs interlocuteurs en matiĂšre d’efficacitĂ©, d’amĂ©lioration, d’impact, d’amĂ©lioration, de succĂšs. Viviane Frings-Hessami, Continuum, continuity, continuum actions reflection on the meaning of a continuum perspective and on its compatibility with a life cycle framework », p. 113-128. D’origine australienne, la thĂ©orie du records continuum peine Ă  s’implanter dans le monde francophone en raison d’une culture archivistique diffĂ©rente et de difficultĂ©s de comprĂ©hension problĂšmes de traduction comme d’interprĂ©tation des concepts, y compris dans des articles publiĂ©s par des enseignants-chercheurs. L’article de Viviane Frings-Hessami prĂ©sente le rĂ©sultat d’une enquĂȘte menĂ©e auprĂšs de huit archivistes suisses en dĂ©cembre 2019 relative Ă  la comprĂ©hension de la thĂ©orie par des archivistes non familiers du monde archivistique australien. Elle montre que, mĂȘme si ceux-ci ont du mal Ă  comprendre le modĂšle, ils mettent en Ɠuvre au quotidien des actions en matiĂšre de crĂ©ation et de prĂ©servation des documents d’archives compatibles avec la pluralitĂ© des usages possibles sur le long terme et donc avec la thĂ©orie du records continuum. Archivaria, n° 92, 2021 Colin Post, The Art of Digital Curation. Co-operative Stewardship of Net-Based Art », p. 6-47. L’article se penche sur une plateforme de crĂ©ation et de diffusion d’Ɠuvres d’art, Paper Thin, animĂ©e par des artistes. En s’intĂ©ressant aux nouveaux rĂ©seaux d’acteurs coopĂ©ratifs dans le monde de l’art, il dĂ©crit les modalitĂ©s de travail de cette plateforme, de la crĂ©ation Ă  la diffusion en passant par la curation numĂ©rique pour montrer comment ces pratiques Ă©mergentes dĂ©passent le paradigme custodial » thĂ©orisĂ© par Terry Cook. Sarah Cook, Archival Interventions and Disentangling Legacy Records », p. 48-73. Cet article s’interroge sur les consĂ©quences du processus de classement et de diffusion des archives Ă  BibliothĂšque et Archives Canada BAC. En se focalisant plus spĂ©cifiquement sur le fonds photographique du Fonds de l’office national du film du Canada, l’autrice montre comment les interventions successives des archivistes pour dĂ©crire ces archives ont largement influencĂ© leur comprĂ©hension et leur usage futur. Son Ă©tude de cas s’inscrit dans un projet de recontextualisation actuellement menĂ© Ă  BAC et propose des solutions pour amĂ©liorer la description archivistique en mettant en valeur les provenances multiples et en fournissant un contexte historique complet du document. Harrison Apple, I Can’t Wait for You to Die A Community Archives », p. 110-137. L’auteur revient sur le Pittsburgh Queer History Project dont il prĂ©sente les origines et les missions. Son analyse le conduit Ă  souligner les limites de la pratique archivistique qui ne permet pas selon lui de produire les conditions de la libĂ©ration sociale des communautĂ©s concernĂ©es. Se positionnant du point de vue des archives de communautĂ©s, il observe que les institutions portent une attention particuliĂšre aux archives des communautĂ©s, mais attendent de ces derniĂšres qu’elles reconnaissent un besoin d’accompagnement aux bonnes pratiques archivistiques. Shelley Sweeney, Cheryl Avery, Write Us in the Story Archives and Archivists in Narratives for Children », p. 140-159. La sensibilisation des enfants aux archives passe souvent par le prisme de visites de classes ou par la construction de matĂ©riaux pĂ©dagogiques. Les autrices ont souhaitĂ© ici Ă©tudier la reprĂ©sentation des archives et des archivistes dans la littĂ©rature jeunesse. Elles notent que la bibliographie est peu consĂ©quente sur ce sujet, mais pointent tout de mĂȘme deux cas intĂ©ressants de livres créés par un archiviste et commandĂ©s par un service d’archives. Alison Turner, Archival Readiness Archive Making in an Emergency Shelter », p. 74-107. À partir de son expĂ©rience de membre d’un refuge d’urgence temporaire pendant la pandĂ©mie de Covid 19, l’autrice explore les enjeux archivistiques associĂ©s aux communautĂ©s itinĂ©rantes et Ă  leur production documentaire. ConsidĂ©rant que l’itinĂ©rance des personnes constitue un dĂ©fi pour le dĂ©veloppement de pratiques d’archivage institutionnelles et communautaires inclusives, elle propose le concept de prĂ©paration archivistique » pour crĂ©er des archives avec ces communautĂ©s et non plus simplement les collecter, par exemple en les documentant et en les enrichissant avec l’expĂ©rience de la communautĂ©. Records Management Journal, vol. 31, n° 3, 2021 Ce numĂ©ro spĂ©cial intitulĂ© Records management in the Anthropocene pathways and challenges presented by climate change » est consacrĂ© aux enjeux archivistiques induits par le dĂ©rĂšglement climatique. MoisĂ©s Rockembach, Climate change and web archives an Ibero-American study based on the Portuguese and Brazilian contexts », p. 222-239. L’auteur Ă©tudie trois sites d’archives du web Internet Archives, Archives-It et les archives du web portugaises pour analyser l’importance du changement climatique dans les collectes rĂ©alisĂ©es. Il montre que la thĂ©matique est prĂ©sente et distribuĂ©e sur un vaste ensemble de sites en lien par exemple avec la derniĂšre Ă©lection prĂ©sidentielle amĂ©ricaine, les feux de forĂȘt australiens ou encore les vendredis pour le futur » de Greta Thunberg. Lois M. Evans, Sometimes, green is the outcome climate action in records management and archives in Canada », p. 240-268. Une recherche qualitative rĂ©alisĂ©e Ă  partir d’entretiens dans les agences gouvernementales, les universitĂ©s et les entreprises canadiennes interroge leur relation au dĂ©veloppement durable. L’autrice invite les archivistes qui mobilisent largement la littĂ©rature des musĂ©es et des bibliothĂšques Ă  crĂ©er leurs propres outils pour construire une pratique durable. Elle prĂ©conise une Ă©valuation des bĂątiments d’archives existants, la rĂ©alisation d’une enquĂȘte nationale sur l’utilisation des plans d’urgence ou encore l’inclusion d’un volet environnemental dans les formations archivistiques. Nkoledzeni Sidney Netshakhuma The impact of climate change on the Mpumalanga Provincial Archives and records management activities », p. 269-283. Le responsable des archives de la province du Mpumalanga en Afrique du Sud s’interroge sur les consĂ©quences du rĂ©chauffement climatique sur les archives. À partir d’une revue de la littĂ©rature et d’entretiens avec 10 archivistes, il montre le manque de prĂ©paration de la province, qui ne dispose ni de plans d’urgence, ni d’agents formĂ©s pour les mettre en Ɠuvre. Amanda Oliver The impact of climate change on Canadian archives », p. 284-302. Cet article s’intĂ©resse Ă  la situation au Canada en matiĂšre de changement climatique. L’autrice a analysĂ© les projections climatiques pour le pays et conclut que l’ensemble des archives canadiennes seront touchĂ©es par le dĂ©rĂšglement du climat. Un questionnaire en ligne montre que les plans d’urgence sont rĂ©pandus 70,9% des rĂ©pondants, qu’une majoritĂ© d’archivistes n’a jamais eu Ă  faire face Ă  un sinistre et que le besoin de formation se fait cruellement sentir. La construction de bĂątiments d’archives rĂ©silients apparaĂźt Ă©galement comme une prioritĂ©. Salvador Barragan, Infonomics and the environment », p. 303-313. L’auteur revient sur les mĂ©thodes existantes d’évaluation des archives et montre qu’elles pourraient constituer un atout pour Ă©valuer et rĂ©duire l’empreinte carbone du numĂ©rique. Il mobilise l’approche infonomique infonomics, une thĂ©orie Ă©conomique visant Ă  considĂ©rer la valeur monĂ©taire de l’information Ă  travers trois champs d’action mesurer, gĂ©rer, monĂ©tiser. Il recommande de remplacer la traditionnelle valeur d’information » exprimĂ©e pour Ă©valuer les archives par trois valeurs la valeur rĂ©alisĂ©e valeur intrinsĂšque de l’information, probable valeur de performance et potentielle valeur marchande. Georgina Robinson Come hell or high water climate action by archives, records and cultural heritage professionals in the United Kingdom », p. 314-340. Cet article fait Ă©galement appel Ă  une enquĂȘte par questionnaire pour interroger les archivistes et records managers britanniques sur les thĂ©matiques qu’ils jugent prioritaires en lien avec le changement climatique. L’enquĂȘte montre que les professionnels se sentent investis d’une mission de conservation et de communication d’archives qui justifie leur engagement sur la question. L’autrice Ă©tablit qu’ils souhaitent construire des bĂątiments passifs et diminuer le volume des fonds d’archives pour rĂ©pondre aux enjeux climatiques, mais rencontrent plusieurs points d’achoppement manque de moyens, tension entre volontĂ© d’agir pour le climat et devoir de conservation, ou encore organisations trop hiĂ©rarchiques. Records Management Journal, vol. 32, n° 1, 2022 Ragna Kemp Haraldsdottir, Johanna Gunnlaugsdottir, Contradicting challenges the complexity of documenting personal information in a regulatory environment », p. 1-20. La lĂ©gislation islandaise en matiĂšre d’égalitĂ© des salaires impose aux employeurs d’acquĂ©rir une certification pour attester de leurs efforts en la matiĂšre et de conserver une trace des actions rĂ©alisĂ©es. Cet article s’interroge sur l’articulation entre ces exigences et le respect du RGPD. Les autrices montrent que les organisations Ă©taient insuffisamment prĂ©parĂ©es Ă  cette rĂ©forme et n’ont pas perçu l’intĂ©rĂȘt du records management pour la mettre en Ɠuvre. Samuel Maredi Mojapelo, Records management in government schools in South Africa a case study in Limpopo province », p. 21-42. Cette enquĂȘte qualitative dans les Ă©coles gouvernementales sud-africaines montre que si les principaux et les personnels administratifs sont soucieux de la conservation de leurs archives, aucun systĂšme unifiĂ© n’est mis en place. La conservation apparaĂźt donc comme alĂ©atoire. L’auteur recommande la crĂ©ation d’un plan de classement unifiĂ© pour amĂ©liorer la gouvernance des archives et promouvoir une gestion plus transparente. Mulikat Yetunde Adbulkareem, Training and resources of e-records readiness at the Federal Ministry of finance in Nigeria », p. 43-61. Cet article s’intĂ©resse Ă  la capacitĂ© du ministĂšre des Finances nigĂ©rian Ă  gĂ©rer des documents Ă©lectroniques. À partir d’une observation de terrain et d’une enquĂȘte par questionnaire rĂ©alisĂ©e auprĂšs des personnes qui gĂšrent et conservent des archives, l’auteur montre que le manque de budget constitue un handicap important dans la prise en charge des documents Ă©lectroniques du ministĂšre, malgrĂ© l’intĂ©rĂȘt des personnels pour ce sujet. Il souligne l’importance d’une rĂ©elle politique en la matiĂšre, ainsi que d’un programme de formation des agents. Tshepho Lydia Mosweu, A review of the legislative framework for social media records in Botswana », p. 62-74. L’autrice analyse le cadre rĂ©glementaire du Botswana relatif aux archives Ă©lectroniques et montre que si les rĂ©formes ont pris en compte l’usage croissant d’Internet et du cloud, elles n’ont pas suffisamment intĂ©grĂ© la question des rĂ©seaux sociaux. Mordecai Chrysostom Matto, Records management and performance of procurement management units in Tanzania a case study », p. 75-95. Les unitĂ©s de gestion des achats constituent un enjeu de lutte contre la corruption en Tanzanie. Une autoritĂ© indĂ©pendante les invitait Ă  utiliser le records management pour amĂ©liorer leur gestion. En analysant 164 de ces unitĂ©s, l’auteur conclut Ă  une nĂ©cessaire acculturation des responsables de ces structures aux principes du records management. Il invite Ă©galement Ă  attacher une importance plus grande Ă  la conservation des documents produits par ces unitĂ©s pour assurer leur authenticitĂ©, leur fiabilitĂ©, leur intĂ©gritĂ© et leur rĂ©utilisation. Fiorella Foscarini, Madeleine Krucker, Meeting technologies and recordkeeping a preliminary study », p. 96-109. Les autrices s’interrogent sur l’impact des rĂ©unions Ă  distance promues par le Covid sur la conservation des documents. Elles considĂšrent que ces nouvelles modalitĂ©s ont facilitĂ© la crĂ©ation, la capture et le partage d’informations, mais envahissent davantage la vie privĂ©e des participants. Elles soulignent donc l’importance de faire appel Ă  des professionnels de l’information pour choisir les outils ou dĂ©terminer les modalitĂ©s d’enregistrement et de conservation de ces donnĂ©es. Magalie Moysan et Édouard Vasseur Archives & Records. The Journal of the Archives and Records Association, vol. 42, n°2, 2021 S. Nesli GĂŒl Durukan, Kadriye Tezcan Akmehmet, Uses of the archives in exhibition practices of contemporary art institutions », p. 131-148. L’art contemporain s’intĂ©resse de plus en plus Ă  la reconstitution et Ă  l’interprĂ©tation de documents d’archives pour contribuer Ă  la connaissance historique par des expositions. En Ă©tudiant six institutions artistiques, les auteurs analysent les motivations de telles expositions rĂ©interprĂ©ter les pans les plus connus de l’histoire, en explorer d’autres moins connus, construire un espace de dĂ©bat politique sur l’histoire, etc. Sarath Pillai, Archiving federally, writing regionally archival practices and princely state histories in postcolonial India », p. 149-166. L’auteur pointe la pauvretĂ© des archives des États princiers indiens avant 1947 dans les archives provinciales du pays, et ce tout particuliĂšrement pour les archives touchant aux mouvements fĂ©dĂ©ralistes. Selon lui, ces manques rĂ©vĂšlent une indiffĂ©rence aux archives historiques des États indiens. La loi sur les archives nĂ©glige la question de la prĂ©servation des archives historiques, considĂ©rĂ©es comme un instrument du pouvoir, alors qu’elles pourraient contribuer Ă  faire entendre une pluralitĂ© de points de vue sur l’histoire de ces rĂ©gions. Ariel Antonio MorĂĄn-Reyes, The right to information to counteract espistemic injustices documentary collection M68 of the Mexico’s AGN », p. 167-182. Cet article analyse les enjeux entourant l’ouverture de certaines archives relatives aux crimes contre l’humanitĂ© au Mexique et tout particuliĂšrement la pĂ©riode de la guerre sale ». Il insiste sur le rĂŽle des archivistes dans la rĂ©duction des injustices Ă©pistĂ©miques, en contribuant Ă  la diffusion des informations, et souligne l’importance de l’ouverture de ces archives pour promouvoir la reconnaissance des droits au Mexique et reconstituer un Ă©pisode crucial de l’histoire du pays. Ana R. Pacios, Sara Martinez-Cardama, Active disclosure of Spanish historic archives’ economic-financial information », p. 183-200. Depuis la loi 19/2013 du 9 dĂ©cembre 2013 relative Ă  la transparence, Ă  l’accĂšs Ă  l’information publique et Ă  la bonne gouvernance, les institutions publiques espagnoles doivent diffuser certaines informations relatives Ă  leur budget et Ă  leurs statistiques comptables. Or cet article montre Ă  partir des sites internet de huit services d’archives espagnols que si ces institutions ont su jouer un rĂŽle pionnier dans la numĂ©risation et l’amĂ©lioration de l’accĂšs aux archives, aucune n’informe le public sur son financement ou ses postes de dĂ©penses. Un outil dĂ©veloppĂ© par le ministĂšre de la Science, de l’innovation et des universitĂ©s permettra bientĂŽt de recueillir des indicateurs qualitatifs et quantitatifs prĂ©cieux pour une plus grande transparence sur l’activitĂ© des services d’archives. Hilo_s documentales, an 4, vol. 2, n° 4, 2021 Clara InĂ©s Aprea, Ingrid Jaschek, Ana Julia Lacchini, Archivos escolares desafĂ­os, usos y potencialidades », e25. Dans le cadre d’un processus de rĂ©paration historique, l’UniversitĂ© de la Plata Argentine mĂšne un projet Ă  partir des dossiers de victimes du terrorisme de son Liceo Victor Mercante. Les autrices montrent Ă  partir de cet exemple l’importance de mener des politiques archivistiques intĂ©grales », de penser les archives dans leur contexte de production, de concevoir ces documents administratifs dans un contexte mĂ©moriel et de rĂ©paration. MarĂ­a JosĂ© Peralta, El Archivo Escolar un espacio de construcciĂłn de identidad y memoria institucional », e26. Cet article revient sur le projet de crĂ©ation d’un service d’archives universitaires au sein de l’école nationale Ernesto SĂĄbato de l’UniversitĂ© nationale du Centre de Buenos Aires. Il montre comment ce service, créé dans un but de formation des Ă©tudiants et de construction d’une mĂ©moire historique, s’inscrit dans la loi sur l’Éducation nationale qui recommande la promotion d’actions favorisant la protection du patrimoine culturel. Silvina Brizzi, LucĂ­a Gentile, AsunciĂłn Iglesias, Diego Salomoni, Luis Francisco Tonelli Martins, El Archivo del Bachillerato de Bellas Artes “Prof. Francisco A. de Santo” de la UNLP », e27. Cet article retrace la crĂ©ation du service d’archives de la facultĂ© des beaux-arts BBA de l’UniversitĂ© de la Plata en Argentine. Prenant conscience de l’importance de ses archives, la facultĂ© a menĂ© une rĂ©flexion sur son patrimoine documentaire en tant que marqueur de son identitĂ©. La rĂ©alisation d’un projet Archives BBA » qui prĂ©sentait les fonds d’archives a permis la crĂ©ation d’un dĂ©partement dĂ©diĂ© au sein de la facultĂ©. MarĂ­a Luciana FernĂĄndez, El trabajo de conservaciĂłn de archivos personales en el Centro de DocumentaciĂłn HistĂłrica de la UNCuyo », e28. L’UniversitĂ© nationale de Cuyo Argentine conserve les archives de ses professeurs, Ă©tudiants et personnels d’appui Ă  l’enseignement et Ă  la recherche. Cet article prĂ©sente les actions mises en Ɠuvre par son centre de documentation historique pour assurer la bonne conservation matĂ©rielle des documents. Pablo AgĂŒero, Algunas experiencias del Centro de DocumentaciĂłn HistĂłrica con la Memoria y la Historia », e29. L’article prĂ©sente le travail rĂ©alisĂ© pour la valorisation de l’histoire et de la mĂ©moire par le centre de documentation historique de l’UniversitĂ© nationale de Cuyo. Il s’attache plus prĂ©cisĂ©ment Ă  prĂ©senter deux actions d’une part, un projet de conservation et de numĂ©risation des archives de la direction des Informations de la police de Mendoza qui a jouĂ© un rĂŽle de renseignement Ă  des fins rĂ©pressives par le passĂ© ; la publication d’un livre sur l’histoire des facultĂ©s de l’universitĂ© d’autre part. Gabriela Cruder, entre la colecciĂłn y el archivo », e30. L’autrice explore la frontiĂšre entre archives et collection Ă  travers l’exemple de l’Observatoire de l’image, une plateforme numĂ©rique proposĂ©e par l’UniversitĂ© nationale de LujĂĄn Argentine. Elle s’interroge ainsi sur les problĂ©matiques de classement et d’organisation des images sur la plateforme, ou encore sur le risque Ă©ventuel d’anachronisme posĂ© par la juxtaposition d’images. Fernando Cazas, Alejandra Juvenal, Natalia Osorio, Juan Urratia, Ana Diamant, CapacitaciĂłn docente en la Carrera de PsicologĂ­a de la UBA entre dictadura y democracia. Hallazgo de una experiencia velada que inicia a fines de los 70 », e31. Les auteurs reviennent sur une collecte d’archives orales menĂ©e Ă  la facultĂ© de psychologie de l’universitĂ© de Buenos Aires dans le cadre d’un projet sur la formation des enseignants universitaires en psychologie de cette universitĂ© entre 1974 et 2004. Cette collecte est complĂ©tĂ©e par une recherche dans les archives de la facultĂ©. AprĂšs avoir prĂ©sentĂ© quelques conclusions de leur projet, ils analysent les forces et faiblesses de chacune de ces sources. Àngel Àngeles FernĂĄndez, La organizaciĂłn de un fondo universitario para la automatizaciĂłn Grupo de informaciĂłn en ReproducciĂłn Eligida », e32. Le groupe d’information sur le choix en matiĂšre de reproduction GIRE a confiĂ© son fonds documentaire au service d’archives historiques de l’UniversitĂ© nationale autonome du Mexique. GrĂące au soutien du Conseil international des archives CIA, le service a pu valoriser ce fonds sur son portail AtoM, avec la mise en ligne d’un instrument de recherche et d’images numĂ©risĂ©es. JosĂ© Marcilese, La experiencia del Archivo de la Memoria de la Universidad Nacional del Sur, entre las colecciones documentales y los registros orales », e35. L’UniversitĂ© nationale du Sud Argentine collecte depuis 1999 des tĂ©moignages oraux d’habitants de la ville de BahĂ­a Blanca, dans laquelle elle se situe. La production de ces tĂ©moignages, accessibles Ă  tous ceux qui souhaitent se renseigner sur l’histoire de la ville, rĂ©sulte initialement d’un accord avec la Ville pour la crĂ©ation d’ archives de la mĂ©moire » Archivo de la Memoria. En outre, le service conserve des archives du rectorat, de l’Institut de technologie, mais aussi des photographies et des publications institutionnelles. Magalie Moysan Archivaria, n° 91, 2021 Jennifer Douglas, Alexandra Alisauskas, “It Feels Like a Life’s Work”. Recordkeeping as an Act of Love », p. 6-37. Quelle place tiennent les archives records dans un travail de deuil liĂ© Ă  la perte d’un enfant ? Et tout d’abord, qu’est-ce que ces femmes qui viennent de perdre un enfant Ă  la naissance considĂšrent comme archives ? Ce sont ces questions traitĂ©es par cet article qui interroge les liens entre archives et gestion des traumatismes, rĂ©sultat d’une recherche menĂ©e auprĂšs de huit femmes sous la forme d’entretiens. MĂȘme si Jennifer Douglas et Alexandra Alisauskas reconnaissent qu’il est difficile de gĂ©nĂ©raliser des conclusions tirĂ©es Ă  partir de huit cas, elles constatent que ces femmes ont une conception large de la notion d’archives, comprenant des dossiers, des journaux intimes, des photographies, des objets, mais aussi des tatouages ou des rituels, bref tout ce qui permet de se souvenir. L’archivage devient pour elles un substitut Ă  l’éducation d’enfants morts trop tĂŽt, un acte d’amour, que les autrices invitent Ă  prendre mieux en compte dans les relations entre archivistes et producteurs d’archives. Kirsten Wright, Nicola Laurent, Safety, Collaboration and Empowerment. Trauma-Informed Archival Practice », p. 38-73. Les archives et le travail archivistique ont un potentiel traumatique important, mais permettent aussi aux communautĂ©s affectĂ©es d’effectuer un travail de mĂ©moire libĂ©ratoire. Kirsten Wright et Nicola Laurent invitent donc les services d’archives Ă  mettre en Ɠuvre une pratique prenant en compte les risques de traumatismes trauma-informed archival practice afin de permettre ce travail libĂ©ratoire, en rĂ©duisant au maximum la probabilitĂ© d’interactions stressantes. Pour ce faire, elles proposent un modĂšle de pratique qui place au centre du travail archivistique non les archives mais les usagers et le personnel, et qui permette de lutter contre le colonialisme, le patriarcat et la blanchitude whiteness dans la gestion des archives. InspirĂ©e de l’univers de la santĂ© mentale, cette pratique vise Ă  rĂ©duire les risques de traumatismes et repose sur cinq principes dĂ©veloppĂ©s et illustrĂ©s de maniĂšre concrĂšte dans l’article sĂ©curitĂ© safety, confiance et transparence trust and transparency, choix choice, collaboration collaboration et autonomisation empowerment. En conclusion, les autrices invitent Ă  accroĂźtre la place donnĂ©e Ă  ces questions dans la formation des archivistes. Danielle Robichaud, Integrating Equality and Reconciliation Work into Archival Description Practice at the University of Waterloo », p. 74-103. La description des archives peut se rĂ©vĂ©ler choquante pour les communautĂ©s concernĂ©es et est sous-estimĂ©e au Canada. Tel est le point de dĂ©part de cet article oĂč l’autrice prĂ©sente le travail de rĂ©vision des normes de descriptions engagĂ©e par l’universitĂ© de Waterloo Ontario depuis 2020. L’équipe du service d’archives de l’universitĂ© se dote progressivement d’une sĂ©rie de lignes directrices permettant de lutter contre les discriminations, le racisme et la place insuffisante accordĂ©e aux minoritĂ©s femmes, autochtones, Noirs, LGBTQ+. Limitation du nombre de rĂ©fĂ©rences aux questions de genre et de sexe, utilisation d’un langage inclusif, multiplication des avertissements, introduction d’un langage adaptĂ© aux populations autochtones constituent de premiĂšres pistes. Danielle Robichaud considĂšre cependant que tous les problĂšmes sont d’autant moins rĂ©glĂ©s que tous les employĂ©s du service d’archives sont blancs et que les BIPOC Black, Indigenous and people of colour restent sous-reprĂ©sentĂ©s dans les fonds d’archives conservĂ©s par le service. Bethany G. Anderson, On constructing a scientific archives network Exploring computational Approaches to the cybernetics thought collective », p. 104-149. À l’intersection entre les questions d’archives de la recherche et de l’utilisation des technologies d’intelligence artificielle au service de l’archivage, cet article rend compte d’une expĂ©rimentation menĂ©e par l’UniversitĂ© de l’Illinois, la British Library, le MIT et l’American Philosophical Society1 entre 2017 et 2019 Ă  partir de quatre fonds de scientifiques spĂ©cialisĂ©s en cybernĂ©tique. AprĂšs avoir prĂ©sentĂ© la cybernĂ©tique, l’autrice prĂ©sente la mĂ©thodologie de traitement retenue reconnaissance optique de caractĂšres, apprentissage machine, traduction automatique, extraction d’entitĂ©s nommĂ©es, visualisation des donnĂ©es, transfert dans le systĂšme d’archivage Ă©lectronique de l’universitĂ©, etc. pour extraire les donnĂ©es des documents et crĂ©er un portail permettant de donner accĂšs Ă  celles-ci. En conclusion, Bethany G. Anderson s’interroge sur les avantages et inconvĂ©nients de pareils protocoles notamment en termes de biais engendrĂ©s par ceux-ci et insiste sur la nĂ©cessitĂ© de les documenter. Elle estime que les approches computationnelles ouvrent de nouveaux moyens d’explorer la provenance des documents, mais nĂ©cessitent de toujours rappeler aux utilisateurs l’origine des matĂ©riaux extraits et exploitĂ©s. Jean Dryden, Copyright in Fire Insurance Plans », p. 150-173. Les plans d’assurance incendie constituent des sources essentielles pour documenter l’histoire des villes et villages canadiens depuis la fin du 19e siĂšcle. Cependant, les compagnies d’assurance ont revendiquĂ© des droits de propriĂ©tĂ© intellectuelle sur ces documents. Jean Dryden analyse dans cet article ces revendications et incite les services d’archives Ă  numĂ©riser ces documents et Ă  les mettre en ligne, afin de forcer les compagnies Ă  justifier au moyen de preuves les droits qu’elles revendiquent. Archives, vol. 49, n° 1-2, 2021 Ce numĂ©ro spĂ©cial de la revue Archives rassemble les communications prĂ©sentĂ©es Ă  l’occasion du 8e symposium du Groupe interdisciplinaire de recherche en archivistique GIRA qui s’est tenu le 30 novembre 2018 Ă  MontrĂ©al. Sabine Mas, La recherche en archivistique revisitĂ©e contexte et rĂ©sumĂ© des exposĂ©s du symposium », p. 7-13. En introduction, Sabine Mas rappelle les origines du GIRA et la rĂ©flexion qui a conduit au choix de la recherche en archivistique comme thĂšme de ce 8e symposium, en contrepoint du thĂšme choisi pour la 1re Ă©dition tenue en 1990. Elle constate qu’en presque trente ans, les praticiens ont disparu de la recherche en archivistique en AmĂ©rique du Nord, avec le risque de se cantonner Ă  un discours technique. Elle constate Ă©galement les changements survenus dans la diffusion de la recherche avec l’apparition des blogs, des rĂ©seaux sociaux et des revues en libre accĂšs. D’oĂč la volontĂ© du GIRA de faire un Ă©tat des lieux de la recherche en archivistique en 2018. Carol Couture, Nous avions un rĂȘve
 », p. 15-18. En guise de mots d’accueil et de bienvenue, Carol Couture Ă©voque l’origine du GIRA et le souhait des fondateurs de voir se dĂ©velopper la recherche en archivistique. AprĂšs avoir constatĂ© la multiplication des formations, des publications et l’ouverture rĂ©cente des associations professionnelles Ă  la recherche, il invite les participants Ă  dĂ©finir un programme de recherche cohĂ©rent et Ă  Ă©tablir des prioritĂ©s. Robert McIntosh, Un aperçu de la recherche Ă  BibliothĂšque et Archives Canada », p. 19-36. Directeur gĂ©nĂ©ral des archives Ă  BibliothĂšque et Archives Canada BAC, Robert McIntosh revient sur la place qu’occupe aujourd’hui la recherche dans cette institution, autour de trois objectifs la recherche opĂ©rationnelle ; la recherche au service de la dĂ©finition et de l’évaluation des politiques publiques et la diffusion d’une culture de recherche auprĂšs des agents de BAC. Il revient sur le projet InterPARES/I-Trust comme exemple le plus marquant de participation de BAC Ă  la recherche fondamentale et appliquĂ©e, estimant qu’il a permis aux professionnels de BAC d’enrichir leur savoir-faire et d’acquĂ©rir de nouvelles compĂ©tences. Il rappelle Ă©galement que BAC a multipliĂ© ces derniers temps les partenariats avec les Ă©tablissements d’enseignement supĂ©rieur, et notamment les universitĂ©s. BĂ©nĂ©dicte Grailles, Patrice Marcilloux, Pour une archivistique sociale esquisse d’un bilan de dix ans de recherche en archivistique Ă  l’UniversitĂ© d’Angers », p. 37-56. L’UniversitĂ© d’Angers constitue aujourd’hui un pĂŽle central de la recherche en archivistique en France. BĂ©nĂ©dicte Grailles et Patrice Marcilloux reviennent sur les efforts faits pour faire reconnaĂźtre l’archivistique comme discipline dans leur universitĂ©, ainsi que sur les axes de recherche rĂ©sultats comme pistes de recherche dĂ©veloppĂ©s depuis une dizaine d’annĂ©es histoire des institutions archivistiques ; mise en histoire des pratiques et actes professionnels ; approche renouvelĂ©e des usages. Ils estiment en conclusion que la recherche en archivistique doit revendiquer les mĂ©thodes des sciences humaines, mieux utiliser certains dispositifs de financement de la recherche existants comme les conventions industrielles de formation par la recherche CIFRE et crĂ©er des lieux et mĂ©canismes institutionnels permettant aux chercheurs et aux praticiens d’identifier des besoins communs et d’envisager des espaces de collaboration permettant d’y rĂ©pondre. Simon CĂŽtĂ©-Lapointe, Laure Guitard, AnnaĂ«lle Winand, CĂ©cile Gaiffe, La contribution actuelle de la recherche doctorale en archivistique Ă  l’UniversitĂ© de MontrĂ©al », p. 57-84. Doctorants en archivistique Ă  l’universitĂ© de MontrĂ©al, les quatre auteurs, aprĂšs ĂȘtre revenus sur le dĂ©veloppement de la recherche universitaire en archivistique au QuĂ©bec, prĂ©sentent leurs travaux portant respectivement sur les relations sĂ©mantiques prĂ©sentes entre le vocabulaire des usagers et le vocabulaire des archivistes ; l’organisation et la diffusion des archives audiovisuelles sous l’angle de leur exploitation ; l’étude du document d’archives dans l’environnement numĂ©rique par le biais d’une Ă©tude diplomatique des diffĂ©rentes versions d’un jugement publiĂ©es par des Ă©diteurs juridiques ; le cinĂ©ma de rĂ©emploi comme pratique en marge de l’archivistique et son impact sur la discipline. Sont prĂ©sentĂ©s successivement l’objet de ces recherches, leur cadre conceptuel et thĂ©orique, la mĂ©thodologie utilisĂ©e et notamment les liens tissĂ©s avec d’autres disciplines et cadres thĂ©oriques linguistique, sociologie des usages, diplomatique, etc.. Ils reviennent en conclusion sur l’importance de la recherche doctorale et son apport. RĂ©my Besson, PrĂ©servation audiovisuelle et histoire culturelle du cinĂ©ma quels dialogues sont possibles », p. 85-102. Quel rapport entretiennent aujourd’hui les historiens du cinĂ©ma avec les archives ? RĂ©my Besson revient sur l’intĂ©rĂȘt croissant des historiens du cinĂ©ma pour les images d’archives et estime que les Ă©tudes historiennes et les recherches en archivistiques ont tendance Ă  converger, dans la mesure oĂč se multiplient les recherches sur le traitement des films fabrique, restauration et les espaces de diffusion des films et qu’un dialogue s’établit avec l’archivistique post-moderne hĂ©ritĂ©e de Michel Foucault et Jacques Derrida. Yann Potin, Clothilde Roullier, L’archivistique est-elle une science expĂ©rimentale ? », p. 103-122. Yann Potin et Clothilde Roulier partent du constat que l’absence d’épistĂ©mologie des mĂ©thodes archivistiques contemporaines est rĂ©guliĂšrement pointĂ©e depuis le dĂ©but des annĂ©es 2000 et que la recherche archivistique fait rarement usage de la mĂ©thode expĂ©rimentale. En contrepoint, ils reviennent tout d’abord sur le recensement et la documentation du travail des agents rĂ©alisĂ©s Ă  l’occasion du dĂ©mĂ©nagement des Archives nationales de Paris Ă  Pierrefitte-sur-Seine campagne photographique, enquĂȘte orale, inventaire des objets et pratiques, intervention de sociologues et ethnographes. Ils Ă©voquent ensuite une petite expĂ©rimentation menĂ©e auprĂšs d’archivistes et d’ethnologues sur le traitement de trois boĂźtes d’archives inconnues des participants, afin d’étudier la maniĂšre dont ceux-ci apprĂ©hendent Ă  la fois leur contenant et leur contenu. Tout au long de leur communication, les deux auteurs plaident pour un recours croissant Ă  l’expĂ©rimentation, pour un dĂ©veloppement de l’archivistique comparĂ©e et d’une anthropologie des archives en formation, notamment des archives des organisations. Goulven Le Brech, La rĂ©flexivitĂ© en archivistique et l’objet “archives de la recherche” », p. 123-140. L’auteur revient sur l’émergence de la problĂ©matique des archives de la recherche, Ă  partir notamment de l’article de Didier Devriese paru dans Janus en 19952. Il estime nĂ©cessaire d’intĂ©grer une mĂ©thodologie archivistique Ă  mĂȘme de reflĂ©ter la science dans toute sa complexitĂ© et revient sur le modĂšle CRCA comportement de la recherche – comportement archivistique dĂ©veloppĂ© par Marc James Ratcliff. Il estime en conclusion que l’établissement d’un lien de confiance entre chercheurs et archivistes est essentiel et se fĂ©licite que les archives de la recherche soient devenues un des champs les plus florissants de la recherche en archivistique avec la multiplication de journĂ©es d’études, de sĂ©minaires et d’articles. Marie-Anne Chabin, La recherche en archivistique Ă  l’épreuve de la sociĂ©tĂ© numĂ©rique », p. 141-160. Que devient l’archivistique dans le monde numĂ©rique ? Telle est la question posĂ©e par Marie-Anne Chabin qui la conduit Ă  explorer successivement les consĂ©quences du monde numĂ©rique sur les objets manipulĂ©s par l’archivistique support, granularitĂ© et notamment consĂ©quence sur la notion de dossier et de complĂ©tude de dossier, importance du stockage, sur les mĂ©thodes et techniques de traitement de ces objets Ă©tude des contenus, prĂ©sentation des supports, modes de sĂ©lection et notamment intĂ©rĂȘt de l’intelligence artificielle en la matiĂšre et enfin sur le recherche en archivistique objet et diffusion de la recherche. En conclusion elle rappelle l’importance des passerelles entre recherche et pratique et s’interroge sur la rĂ©sistance des principes et mĂ©thodes actuels Ă  la vague numĂ©rique, en rappelant l’intĂ©rĂȘt du livre de Charles KecskemĂ©ti et Lajos Körmendy Les Écrits s’envolent3. Diana Walton, Soutenir et encourager l’exploitation artistique des archives Ă©tat de la situation », p. 161-196. L’exploitation des archives Ă  des fins de crĂ©ation artistique est un phĂ©nomĂšne croissant, intĂ©ressant Ă  observer pour Diana Walton qui rend compte de la recherche sur le sujet qu’elle a effectuĂ© en master. Identifiant cinq types de projets artistiques les rĂ©sidences d’artistes, les expositions rĂ©alisĂ©es avec des artistes invitĂ©s, les projets initiĂ©s par un artiste, les expositions rĂ©alisĂ©es par des artistes commissaires et les commandes d’art public, elle analyse ceux-ci au moyen d’une grille qui lui permet de passer en revue les questions de dĂ©clenchement, de finalitĂ©, de forme prise par l’intervention, de clientĂšle visĂ©e et touchĂ©e, de collaboration entre archivistes et crĂ©ateurs et de financement, afin d’identifier les caractĂ©ristiques, les tendances et les pratiques. En conclusion, elle estime que l’utilisation artistique des archives doit ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme un vĂ©ritable usage qu’il convient de mieux connaĂźtre. TaĂŻk Bourhis, Le projet 1142 mise en place de nouveaux espaces numĂ©riques de travail Ă  l’UniversitĂ© de MontrĂ©al », p. 197-242. Comme de nombreuses organisations, l’universitĂ© de MontrĂ©al est confrontĂ©e Ă  l’enjeu de taille que constitue la gestion des donnĂ©es non structurĂ©es courriels, fichiers bureautiques, photographies, etc. stockĂ©s sur de nombreux matĂ©riels et supports diffĂ©rents. Le projet 1142 menĂ© conjointement par le dĂ©partement des technologies de l’information et le dĂ©partement de la gestion des documents et des archives entre 2017 et 2019 visait Ă  apporter des solutions Ă  ce problĂšme. TaĂŻk Bourhis rend compte de l’origine et de la conduite de ce projet, des solutions apportĂ©es et de la maniĂšre dont il a fait progresser la gestion documentaire au sein de l’universitĂ©, mĂȘme si le processus d’archivage reste in fine trĂšs manuel. Alain Roy, La crĂ©ation de BibliothĂšque et Archives Canada en 2004 et le concept de patrimoine documentaire », p. 243-281. Alain Roy revient dans cet article sur la crĂ©ation de BibliothĂšque et Archives Canada BAC en 2004, en expliquant son contexte et son origine. Il insiste sur le fait que le concept de patrimoine documentaire, apparu Ă  partir des annĂ©es 1960 aux États-Unis puis en AmĂ©rique du Sud, a constituĂ© le socle de la rĂ©flexion qui se poursuit aujourd’hui, 15 ans aprĂšs la fusion des deux Ă©tablissements d’origine. Records Management Journal, vol. 31, n° 2, 2021 Evans Nyanyu Makwae, Legal frameworks for personnel records management in support of accountability in deolved governments a case of Garissa County Government », p. 109-133. Les archives constituent un pivot de la capacitĂ© des institutions Ă  rendre des comptes, mais, dans la pratique, sont-elles gĂ©rĂ©es de maniĂšre Ă  permettre cette accountability ? AprĂšs avoir identifiĂ© le cadre lĂ©gal de gestion des archives au Kenya et les bonnes pratiques identifiĂ©es par la littĂ©rature professionnelle, Evans Nyanyu Makwae examine la situation des dossiers de carriĂšre gĂ©rĂ©s par les organisations du comtĂ© de Garissa, sur la base d’une enquĂȘte qualitative et quantitative auprĂšs de 88 correspondants. AprĂšs avoir constatĂ© l’absence de cadre et de politique ainsi que la perte de dossiers et de documents, l’auteur recommande le dĂ©veloppement de programmes de gestion des dossiers de personnel. Collence Takaingenhamo Chisita, Vusi Wonderboy Tsabedze, Massive open online courses MOOCs a tool for intercontinental collaboration in archives and records management education in Eswatini », p. 158-175. Collence Takaingenhamo Chisita et Vusi Wonderboy Tsabedze, partant du constat de manque de formations en records management et en archivistique en Afrique, notamment en Eswatini4 , examinent le potentiel offert par les MOOC pour des personnes dĂ©jĂ  en situation d’activitĂ© professionnelle. L’enquĂȘte menĂ©e sur la base d’interviews auprĂšs de 65 personnes confirme que celles-ci sont conscientes de l’existence de cette forme d’enseignement, mais note aussi l’importance des formes mixtes d’enseignement physique et virtuelle et le caractĂšre particuliĂšrement pertinent des mĂ©thodes de classe inversĂ©e. Tolulope Balogun, Trywell Kalusopa, A framework for digital preservation of Indigeneous knowledge system IKS in repositories in South Africa », p. 176-196. Les systĂšmes de savoirs locaux et autochtones LINKS font l’objet d’une politique de prĂ©servation ambitieuse depuis quelques annĂ©es, notamment en Afrique du Sud. Des programmes de numĂ©risation sont notamment dĂ©veloppĂ©s depuis les annĂ©es 1990 par les centres de documentation Ă©tablis dans les institutions universitaires, notamment pour lutter contre la biopiracy. Mais cette politique de numĂ©risation ne s’accompagne pas nĂ©cessairement d’une politique de prĂ©servation numĂ©rique. AprĂšs avoir rappelĂ© l’importance de la question de la prĂ©servation numĂ©rique, Tolulope Balogun et Trywell Kalusopa rendent compte de la recherche qualitative menĂ©e auprĂšs de quatre centres de documentation, centrĂ©e sur trois points la gestion des mĂ©tadonnĂ©es, la sauvegarde des donnĂ©es, l’existence de plans de sauvegarde. Les auteurs ne peuvent que constater l’absence de politique de prĂ©servation numĂ©rique permettant de guider les centres de documentation, ainsi que la mĂ©connaissance des politiques esquissĂ©es au niveau nationale. L’article conclut sur la nĂ©cessitĂ© de mieux prendre en compte le modĂšle OAIS afin de crĂ©er un cadre lĂ©gal et des politiques adaptĂ©es. Maik Schmerbauch, A case study of the German archives’s labor market in 2019 », p. 197-214. Maik Schmerbauch rend compte dans cet article de l’état du marchĂ© du travail en Allemagne dans le domaine de l’archivage, sur la base d’un examen des 341 fiches de poste diffusĂ©es sur les diffĂ©rents rĂ©seaux professionnels. AnnĂ©e exceptionnelle par le nombre d’offres publiĂ©es, dans le secteur public comme dans le secteur privĂ©, l’annĂ©e 2019 tĂ©moigne Ă©galement de la pĂ©nurie actuelle de travailleurs qualifiĂ©s face aux dĂ©fis posĂ©s par le numĂ©rique. Il regrette cependant le manque d’informations sur le processus de rĂ©daction des fiches de poste et de sĂ©lection des candidats, ainsi que l’insuffisante prĂ©sentation du marchĂ© du travail dans les formations universitaires existantes. Édouard Vasseur Voir le site du service d’archives de l’UniversitĂ© [↩] Les archives de la recherche en milieu acadĂ©mique », Janus, 2 1995, p. 20-28 [↩] Les Écrits s’envolent. La problĂ©matique de la conservation des archives papier et numĂ©rique, Lausanne, Favre, 2014 [↩]Nouveau nom du Swaziland depuis 2018 [↩] Archivaria, n° 90, 2020 François Dansereau, The Portrayal of Gender in Health Care An Examination of Hospital Photographic Archives », p. 6-43. Cet article examine les collections photographiques conservĂ©es au service d’archives du centre hospitalier de l’universitĂ© McGill de MontrĂ©al sous l’angle des Ă©tudes de genre place des femmes, reprĂ©sentation sexuĂ©e des mĂ©tiers, transposition des relations de pouvoir au sein des organisations. Il se fonde principalement sur une comparaison entre les reportages officiels commandĂ©s par les Ă©tablissements regroupĂ©s dĂ©sormais dans le centre hospitalier et les photographies collectĂ©es dans des archives privĂ©es albums personnels, montrant leur complĂ©mentaritĂ© dans la perception des rapports de genre. Sur la base de ces conclusions, il insiste sur la nĂ©cessitĂ© de dĂ©finir des politiques archivistiques – notamment de collecte d’archives privĂ©es – permettant d’assurer une pluralitĂ© de lecture et d’écriture des relations entre sexes dans les organisations, au risque, Ă  dĂ©faut, que la mĂ©moire institutionnelle soit contrĂŽlĂ©e par les services producteurs et leurs dirigeants. Mario H. Ramirez, Whither the Human in Human Rights? On Misrecognition, Ontology, and Archives », p. 44-69. Dans cet article, le directeur des archives de l’universitĂ© d’État de Californie, Mario H. Ramirez, propose de construire un dialogue entre archives, droits de l’Homme et ontologie. S’intĂ©ressant aux rapports de pouvoir et de domination dans les archives, il montre que les archives des droits de l’Homme, qui pourtant font une large place Ă  la dimension communautaire, n’échappent pas Ă  ces rapports. Il montre que ces archives prĂ©sentent une dichotomie humain » ou inhumain » et invite Ă  inventer un vocabulaire plus riche que ces concepts qu’il juge violents, en ce qu’ils ne font pas de place Ă  la diversitĂ© et Ă  la nuance. James Roussain, Pedagogue in the Archive Reorienting the Archivist as Educator », p. 70-111. Plaidoyer en faveur de la reconnaissance du rĂŽle pĂ©dagogique de l’archiviste, cet article procĂšde Ă  une analyse de toute la littĂ©rature professionnelle sur le sujet, depuis Clio in the Raw », l’article fondateur d’Hugh Taylor paru en 19721. Il prĂ©sente les retours d’expĂ©rience collectĂ©s ces derniĂšres annĂ©es, notamment par la Society of American Archivists, ainsi que l’expĂ©rience menĂ©e Ă  l’universitĂ© de Toronto, dans le cadre de l’Undergraduate Book and Media Studies Program qui associe le dĂ©partement des Special Collections de la Kelly Library. Les travaux mis en Ɠuvre dans le cadre de ce programme et prĂ©sentĂ©s en annexe constituent une ressource particuliĂšrement utile et susceptible d’intĂ©resser archivistes et universitaires. Simon Patrick Rogers, Curtis Sassur, On Walden’s Fonds Life on the Frontier of Monetary Appraisal in the Canadian Archival Landscape », p. 112-145. Cet article se penche sur la question de la valeur marchande des archives et de sa juste Ă©valuation – sujet peu traitĂ© depuis les articles publiĂ©s dans Archivaria par David Walden en 19802 et Terry Cook en 20063 – et s’interroge sur l’utilitĂ© de l’évaluation actuellement menĂ©e pour les intĂ©rĂȘts de la communautĂ© archivistique canadienne. Pour ce faire, il compare les approches retenues par deux institutions canadiennes, le Canadian Cultural Property Export Review Board et le National Archival Appraisal Board. Il plaide en faveur d’un rĂŽle accru des archivistes dans l’évaluation financiĂšre, d’un rééquilibrage en faveur d’autres dispositifs de donation existants au Canada ainsi que d’un Ă©largissement des critĂšres pris en compte notamment en matiĂšre de reprĂ©sentativitĂ© gĂ©ographique ou sociale. Michelle Caswell, Feeling Liberatory Memory Work On the Archival Uses of Joy and Anger », p. 148-164. Dans un discours tenu le 12 juin 2020 devant l’Association des archivistes canadiens et influencĂ© par le lourd contexte du printemps 2020 – Ă©pidĂ©mie de Covid-19, mouvement Black Lives Matter aux États-Unis –, Michelle Caswell plaide pour une meilleure prise en compte des Ă©motions dans les politiques d’archivage et dans la thĂ©orie archivistique. Selon elle, seule cette prise en compte permettra aux archives de faciliter le travail de mĂ©moire libĂ©ratoire nĂ©cessaire Ă  certaines catĂ©gories de populations ne bĂ©nĂ©ficiant pas de l’identitĂ© WEBCCCHAM white, ethnically European, bourgeois, cis-, citizen, Christian, heterosexual, able-bodied, male. Hilo_s documentales, an 3, vol. 2, 2020 Gorka DĂ­az Majada, AtoM. La irrupciĂłn del software libre de descripciĂłn normalizada y difusiĂłn archivĂ­stica », p. 7-21. Cet article revient sur le dĂ©veloppement du logiciel Access To Memory AtoM dĂ©veloppĂ© par le Conseil international des archives CIA. AprĂšs avoir expliquĂ© le concept de logiciel libre et l’architecture d’AtoM, l’auteur prĂ©sente ses fonctionnalitĂ©s et termine en prĂ©sentant le dĂ©ploiement du logiciel Ă  travers le monde. MarĂ­a Gabriela Calotti, El Archivo como reservorio de la Memoria. InvestigaciĂłn sobre la CNU platense », p. 22-33. À travers le cas de sa thĂšse de doctorat, l’autrice Ă©voque l’importance des archives comme rĂ©servoir de mĂ©moire » dans un pays, l’Argentine, qui a connu le terrorisme d’État dans les annĂ©es 1970. Elle centre plus spĂ©cifiquement son propos sur une organisation pĂ©roniste de la Plata, la ConcentraciĂłn nacional universitaria CNU, dont les crimes commis entre 1974 et 1976 furent jugĂ©s en 2017. Elle analyse ainsi l’importance des archives dans la documentation des crimes et mĂ©faits et dans le travail de la justice, tout en soulignant leur rĂŽle dans l’institutionnalisation de la mĂ©moire. Melisa FernĂĄndez MarrĂłn, El Archivo Municipal de la Memoria de Viedma Argentina una experiencia de Trabajo Social Obligatorio para contribuir al derecho a saber y el deber de recordar », p. 34-42. Les archives municipales de la mĂ©moire de Viedma en Argentine ont fait appel Ă  des personnes employĂ©es au titre du travail social obligatoire dans le cadre d’un projet de recherche sur la police dans le Rio Negro. L’objectif Ă©tait de faire travailler les stagiaires sur des fonds d’archives relatifs aux droits de l’Homme. Le projet s’est structurĂ© en trois parties dans un premier temps, il s’est agi de comprendre la maniĂšre dont travaillait le sous-secrĂ©tariat aux droits de l’Homme de la municipalitĂ© ; puis d’acquĂ©rir les principes de base de l’archivistique ; et enfin de rĂ©aliser un travail d’identification, de classement et de description d’un fonds d’archives. Les gains du projet sont prĂ©sentĂ©s comme multiples acquisition de connaissances sur les archives par les travailleurs ; pistes scientifiques de rĂ©insertion professionnelle identifiĂ©es par les chercheurs ; meilleure interaction entre la communautĂ© scientifique et les services d’archives. Journal of Contemporary Archival Studies, vol. 7, 2020 Kara Flynn, Issues of Ownership Leveraging Accession Documentation and Provenance Research to Improve Collection Access », article 1. L’autrice prĂ©sente les rĂ©sultats d’un projet menĂ© sur les archives institutionnelles et scientifiques de l’universitĂ© Augusta en GĂ©orgie. Partant du constat que les archivistes se focalisent sur les fonds qu’ils conservent et ont tendance Ă  oublier qu’ils sont eux-mĂȘmes des producteurs, le projet rĂ©pond Ă  plusieurs objectifs clarifier la propriĂ©tĂ© et la provenance des documents collectĂ©s, renforcer le partenariat avec la sociĂ©tĂ© d’histoire locale, souligner l’importance des documents qui tracent l’entrĂ©e des archives et l’impact que ces choix ont sur l’institution de conservation. Claire L. Taylor, Lucia Brandi, Cecilia A. Acosta SĂĄnchez, Marcelo DĂ­az Vallejo, Archives of Human Rights and Historical Memory An Analysis of Archival Practices “From BelowËź in Four NGOs in Colombia », article 3. Une Ă©quipe de recherche s’est penchĂ©e sur les archives de quatre organisations non gouvernementales colombiennes qui travaillent pour les victimes des conflits armĂ©s. Chacune d’entre elles a produit des archives relatives Ă  ses activitĂ©s et aux victimes qu’elle reprĂ©sente. Le projet scientifique analyse l’état des archives et les problĂšmes que ces organisations rencontrent dans leur production et leur conservation. Les auteurs en concluent que chaque ONG adopte un systĂšme de classement spĂ©cifique et que si leurs archives sont vulnĂ©rables, elles sont conservĂ©es avec soin dans un objectif mĂ©moriel et de justice. Anne Daniel, Amanda Oliver, Amanda Jamieson Toward a competency framework for Canadian archivists », article 4. L’article prĂ©sente les rĂ©sultats d’un projet de recherche visant Ă  Ă©tablir un cadre de compĂ©tences pour les archivistes canadiens, en partenariat avec l’Association des archivistes canadiens. Pour ce faire, les rĂ©fĂ©rentiels existants rĂ©alisĂ©s par d’autres associations4 ont Ă©tĂ© analysĂ©s et ont permis Ă  l’équipe d’étudier la valeur que revĂȘt le professionnalisme au sein de la communautĂ© des archivistes. Jarrett Martin Drake, Blood at the Root », article 6. L’article retrace l’histoire d’un procĂšs opposant l’universitĂ© d’Harvard Ă  Tamara Lanier, descendante d’une famille d’esclaves dont des daguerrĂ©otypes sont conservĂ©s par l’institution et qui en demande la restitution. À travers cette histoire, l’auteur invite Ă  la rĂ©flexion autour de la notion de pouvoir archivistique archival power et souligne l’importance du contexte dans les pratiques mĂ©morielles modernes. Il propose le concept de dynamique archivistique » archival dynamics pour analyser les violences induites dans ces archives. Jen Hoyer, Out of the Archives and into the Streets Teaching with Primary Sources to Cultivate Civic Engagement », article 9. Archiviste au sein de la bibliothĂšque publique de Brooklyn, l’autrice pose la question suivante l’usage d’archives dans un contexte d’enseignement contribue-t-il Ă  l’éducation civique ? Partant d’une Ă©tude qui montre des disparitĂ©s importantes dans la maniĂšre dont les jeunes s’approprient les questions civiques, elle prĂ©sente les rĂ©sultats d’un projet menĂ© dans son institution en partenariat avec des Ă©coles locales et rĂ©pond par l’affirmative Ă  sa problĂ©matique initiale. Karl Blumenthal, Peggy Griesinger, Julia Kim, Shira Peltzman, Vicky Steeves, What’s Wrong with Digital Stewardship Evaluating the Organization of Digital Preservation Programs from Practitioners’ Perspectives », article 13. En 2012, la National Digital Stewardship Alliance amĂ©ricaine avait lancĂ© un sondage auprĂšs de ses membres pour analyser l’importance de la prĂ©servation numĂ©rique dans leurs activitĂ©s et Ă©valuer leurs besoins. Les mises Ă  jour de l’enquĂȘte en 2017 et 2018 montrent une meilleure gouvernance numĂ©rique sur le long terme, une volontĂ© des professionnels de relever le dĂ©fi, malgrĂ© la difficultĂ© qu’ont les institutions Ă  s’engager dans des politiques de long terme. Les professionnels bĂ©nĂ©ficient ainsi d’une autonomie sans l’autoritĂ© nĂ©cessaire Ă  la mise en place d’une politique de prĂ©servation numĂ©rique. Melanie Griffin, A Methodology for Implementing the Standardized Statistical Measures and Metrics for Public Services in Archival Repositories and Special Collections Libraries », article 14. En 2018, l’Association of College and Research Libraries ACRL et la SAA ont publiĂ© un guide pour la conception d’indicateurs et de statistiques Ă  destination des services d’archives publics. L’étude de cas relatĂ©e par l’autrice prĂ©sente la rĂ©vision des indicateurs existants au sein du service des archives scientifiques de l’UniversitĂ© d’Arkansas suite Ă  la parution de ce guide. Cette mise Ă  jour a Ă©tĂ© l’occasion pour le service de s’adapter Ă  la fois aux pratiques de son institution et aux prĂ©conisations nationales et de rĂ©flĂ©chir aux objectifs et consĂ©quences de son travail. La mise en Ɠuvre du guide est ici prĂ©sentĂ©e sous le prisme de huit thĂ©matiques le profil des usagers, le formulaire de demande d’information, la visite en salle de lecture, l’utilisation des collections, les Ă©vĂ©nements liĂ©s Ă  la valorisation, les cours, les expositions, et enfin les interactions en ligne. Marc Kosciejew, The Concept of Natureculture Document A Conceptual Exploration of Seeds, Embodied Information, and Unconventional Records », article 15. Marc Kosciejew, chercheur Ă  l’universitĂ© de Malte, mobilise le concept de document nature-culture » pour prĂ©senter les banques de graines, qui permettent de collecter, classifier et prĂ©server les graines de la planĂšte pour en prĂ©server le potentiel gĂ©nĂ©tique. Il reprend ce concept de la chercheuse fĂ©ministe Donna Haraway, qui vise Ă  mieux comprendre l’entrelacement entre les humains et leur environnement, pour Ă©valuer les points communs entre ces banques et les documents d’archives tout en soulignant leurs spĂ©cificitĂ©s et pour questionner la matĂ©rialitĂ© des archives. Cyndi Shein, Sarah Jones, Tammi Kim, Karla Irwin, Perspectives and Practices Archival Processing Metrics Survey Findings », article 16. Cet article prĂ©sente les rĂ©sultats d’une enquĂȘte menĂ©e par les archivistes de l’universitĂ© du Nevada Ă  Las Vegas sur les indicateurs des services d’archives quelles sont leurs pratiques en matiĂšre ? Quels sont les indicateurs les plus importants et pour quelles raisons ? L’analyse des 176 rĂ©ponses montre le caractĂšre clivant des indicateurs, tantĂŽt considĂ©rĂ©s comme essentiels, tantĂŽt jugĂ©s inutiles, et pointe le besoin d’une littĂ©rature professionnelle sur le sujet. Jenny Jansson, Katrin Uba, Jaanus Karo, Labor Gone Digital DigiFacket! Experiences from Creating a Web Archive for Swedish Trade Unions », article 19. Si la SuĂšde dispose d’une tradition ancienne d’archivage des mouvements sociaux, le passage au numĂ©rique a gĂ©nĂ©rĂ© une perte de mĂ©moire. Le projet DigiFacket lancĂ© en 2015 vise Ă  combler en partie ce manque, en collectant de maniĂšre automatique les productions des mouvements syndicaux suĂ©dois sur le web, en partenariat avec deux services d’archives spĂ©cialisĂ©s. L’objectif est double assurer leur prĂ©servation tout en crĂ©ant des sources pour la recherche. L’article prĂ©sente les archives des mouvements syndicaux suĂ©dois, avant d’aborder les problĂ©matiques liĂ©es Ă  la crĂ©ation d’archives, les questions juridiques et les modalitĂ©s techniques de la collecte. RESSI, n° 21, 2021 Dans cette livraison annuelle de la revue, seuls trois articles ont Ă©tĂ© sĂ©lectionnĂ©s pour recension, en raison de leur proximitĂ© avec les problĂ©matiques discutĂ©es par les archivistes français. Tous trois constituent une synthĂšse de mĂ©moires de masters soutenus Ă  la Haute École de gestion HEG de GenĂšve et s’appuient sur une mĂ©thodologie similaire revue de littĂ©rature ; revue de l’existant ; sur cette base, rĂ©alisation soit d’une enquĂȘte, soit d’un outil d’aide Ă  la dĂ©cision. Dans tous les cas, ils constituent, notamment via la prĂ©sentation des concepts et la revue de littĂ©rature, d’excellents points d’entrĂ©e sur les sujets concernĂ©s. Anna Hug, DonnĂ©es mĂ©dicales et dossiers patients comme actifs informationnels la gouvernance de l’information dans les hĂŽpitaux universitaires suisses ». L’autrice s’intĂ©resse Ă  la gouvernance de l’information dans les cinq Ă©tablissements hospitaliers suisses, et plus particuliĂšrement de celle du dossier patient et des donnĂ©es mĂ©dicales, par l’archiviste principale des HĂŽpitaux universitaires de GenĂšve. AprĂšs une prĂ©sentation de la problĂ©matique de la gouvernance de l’information, des hĂŽpitaux universitaires suisses, de l’évolution des pratiques de gestion des dossiers patients et des conditions juridiques l’encadrant, elle rend compte des cinq entretiens conduits avec des reprĂ©sentants des Ă©tablissements, afin de mieux apprĂ©hender leurs pratiques mĂ©decins, gestionnaires de risques, archivistes, qualiticiens, etc.. À partir de ces matĂ©riaux, l’autrice propose un schĂ©ma permettant de modĂ©liser les points importants dont toute organisation hospitaliĂšre soucieuse de mettre en place une dĂ©marche de gouvernance de l’information doit tenir compte. Elle estime cependant que sa dĂ©marche nĂ©cessite d’ĂȘtre complĂ©tĂ©e par une approche plus quantitative et par une comparaison avec les pratiques employĂ©es dans le secteur libĂ©ral. Marielle Guirlet, Manuela Bezzi, Manon Bari, Formation en gestion des donnĂ©es de recherche propositions de dispositifs d’e-learning pour le projet DLCM ». Le deuxiĂšme article s’intĂ©resse Ă  la question de la formation en ligne Ă  la gestion des donnĂ©es de recherche, dans le cadre du projet Data Life-Cycle Management DLCM. AprĂšs avoir Ă©tudiĂ© Ă  la fois les concepts de donnĂ©es de recherche et de formation en ligne et prĂ©sentĂ© un inventaire des formations d’ores et dĂ©jĂ  existantes et/ou proposĂ©es chez les partenaires du projet, il propose aux porteurs du projet DLCM trois scĂ©narios de formations Ă  distance, recommandant en conclusion de se tourner le plus possible vers les nouvelles techniques d’apprentissage mobile learning, microlearning, adaptative learning, dispositif intelligent collectant des informations mises Ă  jour sur internet. Marielle Guirlet, Ouverture des donnĂ©es de recherche dans le domaine acadĂ©mique suisse outils pour le choix d’une stratĂ©gie institutionnelle en matiĂšre de dĂ©pĂŽt de donnĂ©es ». Le troisiĂšme article s’intĂ©resse aux entrepĂŽts numĂ©riques de donnĂ©es de la recherche, Ă  la fois en terme de concept, de fonctionnalitĂ©s, de service et de certification. Sur la base d’un Ă©tat des lieux des recommandations, outils et services fournis par plusieurs Ă©tablissements suisses, il prĂ©sente les outils dĂ©cisionnels conçus dans le cadre du travail de recherche pour aider les Ă©tablissements universitaires suisses Ă  dĂ©finir leur stratĂ©gie vademecum, guide dĂ©cisionnel comprenant des arbres de dĂ©cision. Records Management Journal, vol. 31, n° 1, 2021 Leisa Gibbons, Janine Douglas, Markers of professional identity records management jobs advertisments in Australia », p. 1-17. Cet article retrace une Ă©tude qui interroge l’identitĂ© professionnelle des records managers et archivistes australiens, partant du constat que, selon les Ă©tudes gouvernementales australiennes, ces professions seraient en dĂ©clin, contrairement Ă  celle de gestionnaires de l’information. En se fondant sur une comparaison des compĂ©tences mises en avant dans les rĂ©fĂ©rentiels mĂ©tiers des professionnels du records management et des archives, et dans les fiches de postes publiĂ©es sur le site australien d’offres d’emploi SEEK 365 fiches, cette Ă©tude montre que les employeurs sont davantage en recherche de collaborateurs expĂ©rimentĂ©s, dotĂ©s de compĂ©tences gĂ©nĂ©riques et qu’ils prĂȘtent peu d’attention aux compĂ©tences spĂ©cialisĂ©es des records managers et archivistes dĂ©crites dans les rĂ©fĂ©rentiels mĂ©tier. Les emplois proposĂ©s en matiĂšre de records management et d’archives s’avĂšrent enfin plus opĂ©rationnels que stratĂ©giques ou tactiques et plus physiques que numĂ©riques, contrairement aux profils de gestionnaires de l’information. La conclusion invite Ă  poursuivre les recherches sur la perception par les records managers et archivistes des demandes des employeurs et des besoins en termes de formation. Nathan Moles, Open government data OGD challenging the concept of a “Designated CommunityËź », p. 18-33. Cet article revient sur le concept de public-cible dĂ©veloppĂ© dans la norme OAIS et Ă  la difficultĂ© de son identification Ă  dĂ©faut de communautĂ© d’utilisateurs clairement identifiĂ©e, ce qui ne peut que conduire Ă  une insatisfaction des utilisateurs. Il prĂ©sente l’expĂ©rience de la ville de Toronto qui, pour redynamiser son programme d’ouverture des donnĂ©es, s’est appuyĂ©e de maniĂšre participative sur les reprĂ©sentants des communautĂ©s favorables Ă  l’ouverture des donnĂ©es et sur les civic tech groups » hackers notamment. Qianqian Yang, Yuqiao Du, Linyu Shi, Exploring the mechanisms for records management’s digital transformation a case study from China », p. 34-47. Cet article rend compte d’une Ă©tude menĂ©e pour comprendre les mĂ©canismes de dĂ©matĂ©rialisation des activitĂ©s de records management, dans un contexte de production numĂ©rique, estimer la performance des outils d’Electronic Records Management Systems ERMS et pour Ă©valuer les normes existantes. L’étude s’appuie sur une Ă©tude de cas menĂ©e dans une agence publique de la province du Guangdong, en Chine. Elle propose une modĂ©lisation des transformations induites par la transition numĂ©rique sur le records management, en identifiant les dĂ©fis associĂ©s et les mĂ©canismes permettant de stimuler cette transition. Jari Juga, Jouni Juntunen, Timo KoivumĂ€ki, Willingness to share personal health information impact of attitudes, trust and control », p. 48-59. Cet article rend compte d’une Ă©tude finlandaise sur les facteurs comportementaux qui influent sur la capacitĂ© des individus Ă  accepter le partage et la rĂ©utilisation de leurs donnĂ©es de santĂ©, par exemple pour la recherche mĂ©dicale. Reprenant les rĂ©sultats obtenus par les Ă©tudes antĂ©rieures – notamment une menĂ©e en Nouvelle-ZĂ©lande en 2006 – il montre, en se focalisant sur les questions comportementales et sur des donnĂ©es collectĂ©es en 2016 en Finlande par Kantar, la corrĂ©lation forte entre cette capacitĂ© Ă  accepter le partage des donnĂ©es de santĂ© et l’attitude plus gĂ©nĂ©rale Ă  l’égard du partage des informations. D’autres facteurs tels que la confiance dans l’organisation et l’impression de contrĂŽle sur ses propres donnĂ©es jouent Ă©galement un rĂŽle dans le partage. Dari Alhuwail, Information management practices in public tertiary health-care facilities an empirical investigation from the state of Kuwait », p. 60-73. Cet article se penche sur les pratiques de gestion de l’information dans le troisiĂšme cercle des Ă©tablissements de santĂ© koweĂŻtien, celui des plateformes spĂ©cialisĂ©es, dans un contexte de production exponentielle de donnĂ©es mĂ©dicales et de recherche croissante de performance des systĂšmes de santĂ©. Il pointe l’hĂ©tĂ©rogĂ©nĂ©itĂ© des systĂšmes de gestion de l’information utilisĂ©s par ces Ă©tablissements et, en se fondant sur les donnĂ©es fournies pour l’accrĂ©ditation des systĂšmes informatiques, les dĂ©fauts de ceux-ci, que ce soit en terme de transmission, d’agrĂ©gation et d’exploitation stratĂ©gique des donnĂ©es qu’ils manipulent. Babatunde Oladejo, Sunčica HaĆŸdidedić, Electronic records management – a state of art review », p. 74-88. Cet article constitue un Ă©tat des lieux des recherches menĂ©es entre 2008 et 2018 sur l’electronic records management ERM afin d’identifier les thĂ©matiques dominantes de ces recherches, tout comme leurs silences et les problĂšmes identifiĂ©s. Mise en Ɠuvre sur la base d’une collecte effectuĂ©e via Google Scholar, DeepDyve and Jstor, il catĂ©gorise et rĂ©sume 55 des 4 000 articles identifiĂ©s, tous en anglais. Les catĂ©gories retenues sont les suivantes concepts thĂ©ories archivistiques, processus, classification ; les dĂ©fis culture informationnelle, prĂ©servation Ă  long terme ; les Ă©tudes de cas implĂ©mentation, gestion des messages Ă©lectroniques, recours au logiciel libre et les technologies spĂ©cifications, big data, classement automatique des documents, fourniture de services. Les auteurs estiment nĂ©cessaire un Ă©largissement de l’enquĂȘte aux travaux de l’ARMA et de l’Association for Information and Image Management AIIM et au Gartner. Olefhile Mosweu, Mpho Ngoepe, Trustworthiness of digital records in government accounting system to support the audit process in Bostwana », p. 89-108. Cet article rend compte d’une Ă©tude sur la maniĂšre dont les diffĂ©rents acteurs de l’audit au Botswana – archivistes, informaticiens, auditeurs internes et externes – Ă©valuent l’authenticitĂ© des documents Ă©lectroniques engageants gĂ©rĂ©s dans le Government Accounting and Budgeting System GABS administrĂ© par les services de l’Auditor-General du Bostwana. L’étude non seulement montre que les approches sont totalement diffĂ©rentes – avec un poids important accordĂ© aux indicateurs techniques comme l’existence de contrĂŽles et vĂ©rifications mis en Ɠuvre par les services informatiques voire le recours Ă  des logiciels dĂ©diĂ©s pour vĂ©rifier les donnĂ©es –, mais aussi regrette qu’aucune recommandation en matiĂšre de prĂ©servation de documents engageants authentiques n’ait Ă©tĂ© Ă©dictĂ©e par les Botswana National Archives and Records Services. Archives & Records. The Journal of the Archives and Records Association, vol. 42, n°1, 2021 NumĂ©ro spĂ©cial consacrĂ© Ă  l’interdisciplinaritĂ© dans les archives. Joanne Evans, Jacqueline Z. Wilson, Sue McKemmish, Antonina Lewis, David McGinniss, Gregory Rolan & Siobhan Altham Transformative justice transdisciplinary collaborations for archival autonomy », p. 3-24. Issu d’un projet de recherche interdisciplinaire sur les archives et les droits de l’enfant, cet article met en lumiĂšre les problĂšmes systĂ©miques de la conservation des archives de la protection de l’enfance. Les auteurs montrent que le systĂšme tend Ă  se protĂ©ger lui-mĂȘme avant mĂȘme de protĂ©ger les enfants, alors que ces archives jouent un rĂŽle important dans le dĂ©veloppement de l’identitĂ©, le lien avec la famille ou dans la possibilitĂ© de demander des comptes. Ils plaident pour une autonomie archivistique de ces enfants devenues adultes, pour la reconnaissance d’une capacitĂ© Ă  participer Ă  la conservation et la mĂ©moire. Ils ont ainsi dĂ©veloppĂ© un prototype d’application permettant aux personnes de gĂ©rer leurs informations personnelles, de recenser les archives les concernant dĂ©tenues par des organisations et de partager l’ensemble s’ils le souhaitent. Devon Mordell, Neither physical nor juridical persons electronic personhood and an evolving theory of archival diplomatics », p. 25-39. À la suite de l’adoption par le Parlement europĂ©en d’une rĂ©solution sur les rĂšgles de droit civil sur la robotique5 visant Ă  encadrer d’un point de vue lĂ©gal et Ă©thique l’usage de robots autonomes, l’auteur de l’article s’interroge sur l’impact de ces robots sur la diplomatique. L’identification de l’auteur constituant un Ă©lĂ©ment essentiel de la diplomatique, quel statut accorder Ă  ces robots autonomes et aux systĂšmes d’intelligence artificielle ? Il prĂ©conise de prendre en compte dans la diplomatique l’existence de ces systĂšmes qui Ă©crivent » des documents au nom d’un auteur, sans leur accorder la personnalitĂ© lĂ©gale. Un tel statut pourrait correspondre Ă  un type de personne juridique. Il invite Ă  la crĂ©ation d’une diplomatique algorithmique pour Ă©clairer les professionnels de la conservation sur les prĂ©requis de la crĂ©ation de documents authentiques par des systĂšmes d’apprentissage automatiques machine learning systems. Melinda Haunton, Georgie Salzedo, “A duty, an opportunity and a pleasure” connecting archives and public history », p. 40-57. Les deux autrices, qui travaillent aux Archives nationales britanniques, plaident pour une relation constructive entre les archives et l’histoire publique. Elles examinent des concepts-clĂ©s de l’histoire publique tels que la dĂ©mocratisation de l’histoire, des dynamiques de pouvoir et l’authenticitĂ© pour souligner leur proximitĂ© avec ceux des archives. Enfin, elles proposent des suggestions pour dĂ©velopper une Ă©thique de l’histoire publique dans les archives qui passe par la formation aux enjeux et Ă  l’utilisation des archives. Martine Barons, Sidhant Bhatia, Jodie Double, Thais Fonseca, Alex Green, Stephen Krol, Hannah Merwood, Alec Mulinder, Sonia Ranade, Jim Q Smith, Tamara Thornhill & David H Underdown, Safeguarding the nation’s digital memory towards a Bayesian model of digital preservation risk », p. 58-78. Cet article prĂ©sente les conclusions d’un projet de recherche montĂ© par les Archives nationales britanniques avec des statisticiens de l’universitĂ© de Warwick et des services d’archives pour dĂ©velopper un systĂšme d’aide Ă  la dĂ©cision qui quantifie les risques liĂ©s Ă  la prĂ©servation Ă  long terme. Les auteurs ont dĂ©fini des catĂ©gories de risques liĂ©s Ă  la fragilitĂ© des documents numĂ©riques, au contexte et Ă  la provenance, Ă  la transparence et Ă  l’authenticitĂ©, ou encore Ă  la politique d’archivage pour aboutir Ă  un diagramme reposant sur un rĂ©seau bayĂ©sien et qui modĂ©lise les risques liĂ©s Ă  la prĂ©servation numĂ©rique. L’objectif est de faire de ce DiAGRAM un outil utilisĂ© par les Archives nationales Ă  l’image de DROID, mobilisĂ© pour l’identification des formats, et du registre PRONOM qui recense ces formats. Arian Rajh, Records management and archiving in the pharmaceutical industry and regulatory authorities », p. 79-94. L’auteur s’interroge sur la place du records management et de l’archivage dans l’industrie pharmaceutique, Ă  l’ùre de la dĂ©matĂ©rialisation. Compte tenu de leur importance, les dossiers portant sur les produits pharmaceutiques doivent ĂȘtre conservĂ©s sur une longue durĂ©e, ce qui demande des compĂ©tences spĂ©cifiques. Il analyse donc le rĂŽle des diffĂ©rents acteurs de la chaĂźne documentaire et conclue en proposant un modĂšle d’archivage pour ces dossiers, reposant sur le modĂšle OAIS. Andrew Janes, Making maps of records what cartography can teach us about archival description », p. 95-118. L’auteur explore ici le potentiel de la cartographie pour aider Ă  comprendre et reprĂ©senter les inventaires d’archives. Il propose ici cinq Ă©lĂ©ments d’analogie avec la carte, permettant de comprendre la nature des inventaires d’archives comme outils d’orientation et de lien, comme reprĂ©sentations sĂ©lectives de l’information, instruments de revendications archivistiques, et pour lesquels les mĂ©tadonnĂ©es et l’interdisciplinaritĂ© sont essentielles. Il conclut en soulignant le potentiel des cartes pour faciliter la navigation des non-professionnels dans les instruments de recherche. Archival science, vol. 21, n°1, 2021 Ce numĂ©ro spĂ©cial examine le dĂ©veloppement des pratiques, thĂ©ories et traditions archivistiques dans diffĂ©rents contextes nationaux et sociaux. Il exprime un besoin de remettre en question l’histoire des idĂ©es dans le domaine des archives, en particulier pour ce qui concerne la construction de la science archivistique occidentale. Sumayya Ahmed, People of remembrance archival thinking and religious memory in Sufi communities », p. 9-23. Cet article s’intĂ©resse au soufisme et Ă©tudie comment la pensĂ©e archivistique est utilisĂ©e pour construire une tradition des pratiques en utilisant la mĂ©moire religieuse. Par l’utilisation des traces matĂ©rielles et immatĂ©rielles du passĂ© tombeaux, textes Ă©crits, rĂ©cits oraux ou incarnĂ©s la mĂ©moire assure une continuitĂ© dans la pratique soufie en permettant aux communautĂ©s de s’enraciner dans le passĂ©. L’autrice dĂ©crit ici le concept d’ archives rituelles » oĂč l’évĂ©nementiel et les gestes ont une fonction archivistique, invitant Ă  repenser la dĂ©finition du document d’archives alors Ă©tendu aux pratiques vivantes. Cette façon d’envisager d’autres formes d’archives en patrimonialisant le rituel est selon l’autrice une façon de prendre en compte le patrimoine africain en dehors du modĂšle thĂ©orique occidental. Jeannette A. Bastian, Mine, yours, ours archival custody from transaction to narrative », p. 25-42. Il est ici question de la conservation des archives et du rĂŽle qu’ont les institutions patrimoniales par rapport aux documents qu’elles prĂ©servent alors que la chaĂźne de conservation des documents a Ă©tĂ© transformĂ©e avec l’ùre numĂ©rique. L’autrice constate que l’entrĂ©e d’un document dans un service d’archives lui octroie une valeur archivistique, faisant de la garde des archives un enjeu de pouvoir. Elle s’appuie alors sur le post-custodialisme pour montrer que la conservation des archives peut s’effectuer de diffĂ©rentes maniĂšres, y compris de façon dĂ©centralisĂ©e et invite Ă  substituer la notion de stewardship » Ă  celle de custodianship ». De plus, Ă  l’heure du numĂ©rique, l’accĂšs devient un sujet primordial pour l’archivage et la collaboration doit s’ajouter Ă  la chaĂźne de conservation des archives. Surya Bowyer The Wayback Machine notes on a re‑enchantment », p. 43-57. Cet article s’intĂ©resse Ă  l’Internet Archive et Ă  son outil d’exploration, la Wayback Machine. Il interroge le langage que nous utilisons pour dĂ©crire la technologie et plus particuliĂšrement l’utilisation des mĂ©taphores qui permettent d’invoquer le connu pour nous familiariser avec l’inconnu. NĂ©anmoins, pour l’autrice, cela obscurcit notre connaissance car les comprĂ©hensions qui ont donnĂ© naissance Ă  une mĂ©taphore finissent par ĂȘtre oubliĂ©es. L’exemple dĂ©veloppĂ© dans le texte est celui de l’emploi du terme de photographie » utilisĂ© pour caractĂ©riser l’archivage d’une page web et qui interroge la notion d’authenticitĂ© Ă  l’heure oĂč notre expĂ©rience du web est de plus en plus individualisĂ©e avec des pages produites Ă  la volĂ©e. J. J. Ghaddar, Total archives for land, law and sovereignty in settler Canada », p. 59-82. L’autrice aborde ici l’histoire coloniale canadienne au travers des archives pour montrer comment les archives conditionnent le rĂ©cit de cette histoire. En Ă©tudiant le concept d’ archives totales » apparu dans les annĂ©es 1970 au Canada, elle dĂ©nonce une fiction archivistique motivĂ©e par un besoin politique liĂ©e Ă  la construction de l’État-nation. Le texte replace la ConfĂ©dĂ©ration canadienne dans le contexte plus large de l’impĂ©rialisme anglo-amĂ©ricain puis dĂ©crit l’établissement des Archives nationales au Canada tout en Ă©tablissant des liens entre le travail des archivistes, les prĂ©occupations historiques des colons et le rĂŽle de l’État. La thĂšse soutenue est que les archives jouent un rĂŽle dans l’effacement et l’enfermement des traditions juridiques autochtones, en privilĂ©giant par exemple les traditions Ă©crites aux dĂ©pens des traditions orales ou encore avec la crĂ©ation au 19e siĂšcle de documents registres, lois fonciĂšres etc. pour produire des preuves de la souverainetĂ© impĂ©riale. Juan Ilerbaig, Archives as sediments metaphors of deposition and archival thinking », p. 83-95. L’article Ă©tablit un lien entre sciences de la terre et archivistique en examinant le terme de sĂ©diment » employĂ© pour dĂ©crire les archives. Il s’appuie sur le Manuel de Muller, Feith et Fruin6 qui assimile l’accumulation des documents d’archives au processus sĂ©dimentaire en gĂ©ologie. Constatant que les deux domaines d’études ont en commun la prĂ©occupation de la preuve pour retracer un processus historique, l’auteur s’intĂ©resse Ă  l’étymologie du mot sĂ©diment » et Ă  l’histoire de son utilisation, ce qui nous emmĂšne du cĂŽtĂ© de l’archivistique italienne oĂč cette mĂ©taphore est encore discutĂ©e. D’abord employĂ© en mĂ©decine urologie pour caractĂ©riser la recherche d’élĂ©ment solide dans du liquide, l’utilisation du terme sĂ©diment » s’est ensuite ouverte aux sciences de la Terre puis s’est progressivement Ă©largie Ă  tous les domaines scientifiques Ă©tudiant les traces historiques des personnes. Un sĂ©diment nous permet de comprendre le passĂ© avec ce qu’on voit au prĂ©sent, il est donc logique que l’archivistique et la diplomatique se soient appropriĂ©es ce mot. Zhaogui Qin, Chunmei Qu, Ashleigh Hawkins, The Three‑Character Classic of Archival Work a brief overview of Chinese archival history and practice », p. 97-116. Cet article nous prĂ©sente une Ă©dition critique d’un poĂšme de Zhoogui Quin 2009 rĂ©digĂ© dans un style traditionnel et dĂ©crivant l’histoire du dĂ©veloppement de l’archivistique en Chine au travers de l’évolution des supports d’archives, des types de documents, des responsabilitĂ©s ou encore des dĂ©pĂŽts et institutions. À travers la traduction en anglais d’une version rĂ©visĂ©e de ce poĂšme, les auteurs examinent l’histoire de la pratique archivistique en Chine de l’AntiquitĂ© Ă  nos jours. Ils expliquent comment les traditions ont Ă©tĂ© intĂ©grĂ©es dans les pratiques actuelles tandis que d’autres ont Ă©tĂ© abandonnĂ©es. Par exemple, la garantie de la sĂ©curitĂ© et l’authenticitĂ© des documents a Ă©tĂ© combinĂ©e Ă  la pratique consistant Ă  assurer leur intĂ©gritĂ© et leur facilitĂ© d’utilisation. Ils s’intĂ©ressent aussi Ă  l’enseignement de l’archivistique en Chine en montrant comment il a Ă©tĂ© la clĂ© de sa professionnalisation depuis les annĂ©es 1930, notamment avec la crĂ©ation d’une Ă©cole dĂ©diĂ©e sous l’égide de l’éducateur Yin Zhougqi. Sarah Cadorel, Magalie Moysan et Édouard Vasseur Clio in the Raw Archival Materials and the Teaching of History », American Archivist, 35, n° 3-4 1972, p. 317-330 [↩] Stretching the Dollar Monetary Appraisal of Manuscripts », Archivaria, 11 Winter 1980-1981, p. 101-113 [↩] Bucks for your Bytes Monetary Appraisal for Tax Credit of Private-Sector Electronic Database Records », Archivaria, 62, n° 1 2006, p. 121-125 [↩] Association of Records Managers and Administrators ARMA, Society of American Archivists SAA [↩] RĂ©solution du Parlement europĂ©en du 16 fĂ©vrier 2017 contenant des recommandations Ă  la Commission concernant des rĂšgles de droit civil sur la robotique [↩] Handleiding voor het ordenen en beschrijven van archieven, Groningue, Van der Kamp, 1898 ; traduction française Manuel pour le classement et la description des archives, La Haye,A. de Jager, 1910 [↩] À dĂ©faut de voyager rĂ©ellement, nous vous proposons dans cette cinquiĂšme recension un pĂ©riple archivistique virtuel aux États-Unis, au Royaume-Uni, en Australie et en Afrique du Sud. Au programme de cette recension, des numĂ©ros thĂ©matiques consacrĂ©s Ă  la blockchain, aux archives des guerres et aux cultures populaires et des articles tĂ©moignant Ă  nouveau de l’importance de deux sujets majeurs dans la rĂ©flexion archivistique anglo-saxonne actuelle la gouvernance de l’information et les archives des minoritĂ©s. Archives & Records. The Journal of the Archives and Records Association, vol. 41, n°3, 2020 RĂŒstem Ertuğ Altınay, Olivera Jokić, Archiving popular culture editors’ introduction », p. 209-214. Le troisiĂšme numĂ©ro de l’annĂ©e 2020 est consacrĂ© au thĂšme de la culture populaire et aux dĂ©fis auxquels sont confrontĂ©s les archivistes et responsables de collections spĂ©ciales soucieux d’assurer une conservation d’élĂ©ments reprĂ©sentatifs de celle-ci. Katie Lanning, Scanner darkly unpopularization in the Burney Newspapers Collection », p. 215-235. Le premier article prend pour cas d’étude une collection de pĂ©riodiques populaires anglais des 17e et 18e siĂšcles, la Burney Newspapers Collection, collectĂ©e dans un pub par Charles Burney et conservĂ©e Ă  la British Library. L’autrice examine les consĂ©quences des diffĂ©rents traitements successivement subis par cette collection depuis son entrĂ©e Ă  la British Library adjonction des numĂ©ros manquants Ă  chaque titre ; microfilmage ne tenant pas compte de la structure chronologique retenue par Burney pour classer les journaux collectĂ©s, mais prenant comme logique les titres de journaux eux-mĂȘmes ; numĂ©risation de mauvaise qualitĂ© rĂ©alisĂ©e Ă  partir des microfilms mis Ă  disposition des lecteurs, avec comme consĂ©quence une reconnaissance plein texte de mauvaise qualitĂ©. Elle conclut son Ă©tude en montrant Ă  quel point le traitement de ce tĂ©moignage essentiel de la culture populaire anglaise des 17e et 18e siĂšcles a portĂ© atteinte Ă  son authenticitĂ© et Ă  son caractĂšre populaire, d’autant que son accĂšs est dĂ©sormais principalement rĂ©servĂ© Ă  des lecteurs accrĂ©ditĂ©s. Saygun Gökarıksel, Beyond transparency the communist-era secret police archives in postsocialist Eastern Europe », p. 236-253. Le deuxiĂšme article traite de l’accĂšs aux archives hĂ©ritĂ©es des services de police politique des anciens pays de l’Europe de l’Est, via l’exemple de la Pologne. Saygun Gökariksel retrace l’histoire de la conservation des dossiers de surveillance de la population dans la Pologne post-communiste, ainsi que les consĂ©quences de leur prise en charge par l’Institut de la mĂ©moire nationale, chargĂ© officiellement de la rĂ©conciliation et de la vĂ©ritĂ©, mais dĂ©sormais largement gĂ©rĂ© par des partisans des partis ultra-conservateurs au pouvoir dans ce pays. Il explique comment ces dossiers sont devenus Ă  la fois un objet de dĂ©sir et d’angoisse et comment l’État et l’Institut s’en servent pour promouvoir une image systĂ©matiquement nĂ©gative de la pĂ©riode communiste. Il Ă©voque enfin comment ces dossiers de surveillance irriguent aujourd’hui la culture populaire polonaise, par le biais du théùtre et des Ɠuvres de fiction cinĂ©matographique. Christine A. Lutz , Tara Maharjan, Stephanie Crawford, Going against the archival grain case studies of pop culture archives of a music scene, regional zines, and local beer », p. 254-273. Le troisiĂšme article se concentre sur l’acquisition, par les Special Collections and University Archives de l’universitĂ© Rutgers, dans le New Jersey, de trois collections reflĂ©tant la culture populaire de cet État de la cĂŽte est des États-Unis, dans le cadre d’une politique volontariste de reprĂ©sentation des populations et pratiques marginales, notamment le DIY Do It Yourself la New Brunswick Music Scene Archive, la New Jersey Regional Zine Collection centrĂ©e sur les production des femmes, des artistes, des LGBTQI+ ou des mouvements sportifs, et la New Jersey Beer Collection voulant reflĂ©ter le dynamisme de la brasserie artisanale dans l’État. L’étude examine les stratĂ©gies de collecte et de gestion de ces collections, ainsi que l’exploitation pĂ©dagogique qui en est faite au sein de l’universitĂ©. Anne Peirson-Smith, Ben Peirson-Smith, Fashion archive fervour the critical role of fashion archives in preserving, curating, and narrating fashion », p. 274-298. Le dernier article invite Ă  dĂ©couvrir la collection d’archives et d’objets de mode la Fashion Archive créée par le Hong Kong Design Institute. AprĂšs avoir rappelĂ© le regard longtemps mĂ©prisant portĂ© par les institutions acadĂ©miques sur la mode, il Ă©voque les modalitĂ©s de constitution de cette collection, son exploitation dans un cadre pĂ©dagogique et la maniĂšre dont elle facilite une meilleure historiographie de la culture et de la sociĂ©tĂ© asiatique, dans un contexte postcolonial marquĂ© par de forts liens avec l’Europe et l’AmĂ©rique du Nord. Les auteurs estiment que cette collection reflĂšte l’élargissement post-moderne du concept d’archives qui n’est plus limitĂ© au pĂ©rimĂštre de ce qui a valeur de preuve. Records Management Journal, vol. 30, n° 3, 2020 Sharmila Bhatia, E. Kyle Douglas, Markus Most, Blockchain and records management disruptive force or new approach? », p. 277-286. Les auteurs de cet article recensent la littĂ©rature disponible sur la blockchain et la gestion de l’information. Ils en tirent plusieurs conclusions. PremiĂšrement, la blockchain est une technologie qui permet d’enregistrer des transactions et de vĂ©rifier l’authenticitĂ© des archives Ă©lectroniques. La structure distribuĂ©e de la blockchain, ensuite, nĂ©cessite un changement d’approche et n’est pas adaptĂ© au records management centralisĂ©. Comme avec d’autres outils, enfin, il est nĂ©cessaire de dĂ©finir les exigences de conservation avant de dĂ©velopper une application avec cette technologie, d’autant que la nature figĂ©e de la blockchain oblige Ă  intĂ©grer ces considĂ©rations dĂšs le dĂ©but des projets. Patricia C. Franks, Implications of blockchain distributed ledger technology for records management and information governance programs », p. 287-299. À partir d’une revue de la littĂ©rature, l’autrice analyse la blockchain en tant que technologie de rĂ©seau distribuĂ© distributed ledger technology, DLT, sous le prisme du records management. Si chaque projet est spĂ©cifique, elle propose une sĂ©rie de questions que les records managers et professionnels de la gouvernance de l’information doivent se poser pour adapter leurs pratiques Ă  cette technologie, de la crĂ©ation des documents Ă  leur utilisation, du stockage Ă  l’archivage. Victoria L. Lemieux, Chris Rowell, Marc-David L. Seidel, Carson C. Woo, Caught in the middle? Strategic information governance disruptions in the era of blockchain and distributed trust », p. 301-324. Les auteurs Ă©laborent un cadre pour conceptualiser le continuum de la gouvernance de l’information centralisĂ©e et dĂ©centralisĂ©e autour de trois dimensions la durĂ©e de conservation, la propriĂ©tĂ© et les droits d’accĂšs. Ce cadre conceptuel est ensuite appliquĂ© Ă  deux cas concrets d’utilisation de la blockchain une solution brĂ©silienne d’enregistrement des transferts de propriĂ©tĂ©s terriennes et un projet canadien de partage de consentements Ă©clairĂ©s. Thomas SĂždring, Petter Reinholdtsen, Sven Ølnes, Publishing and using record-keeping structural information in a blockchain », p. 325-343. Dans cet article, les auteurs s’interrogent sur les informations d’un systĂšme d’archivage qu’il est possible d’intĂ©grer Ă  la blockchain. À partir d’hypothĂšses thĂ©oriques et d’une implĂ©mentation logicielle, ils montrent qu’il est possible de sĂ©parer la structure du contenu archivĂ© pour intĂ©grer l’information structurĂ©e dans la blockchain. Vladimir Bralić, Hrvoje Stančić, Mats SengĂ„rd, A blockchain approach to digital archiving digital signature certification chain preservation », p. 345-362. Les auteurs comparent les exigences requises pour la prĂ©servation Ă  long terme des documents signĂ©s Ă©lectroniquement avec les approches actuellement dĂ©veloppĂ©es. Ils proposent un nouveau modĂšle Ă  partir de la technologie blockchain, sur la base d’une recherche conduite dans le cadre du projet InterPARES. Sigal Arie Erez, Tobias Blanke, Mike Bryant, Kepa Rodriguez, Reto Speck, Veerle Vanden Daelen, Record linking in the EHRI portal », p. 363-378. Le projet European Holocaust Research Infrastructure EHRI a pour objectif de reconstituer virtuellement des collections d’archives transnationales. Cet article interroge la problĂ©matique de la fragmentation archivistique d’un point de vue technique et culturel. D’un point de vue technique, il pointe la difficultĂ© d’encoder et de rĂ©fĂ©rencer des instruments de recherche en l’absence de vocabulaire contrĂŽlĂ©. L’article relate cette dĂ©marche pionniĂšre Ă  grande Ă©chelle, reposant sur la technologie du Linked open data. Mark Bell, From tree to network reordering an archival catalogue », p. 379-394. L’article relate les rĂ©sultats d’une expĂ©rimentation des Archives nationales britanniques pour organiser ses collections non plus de maniĂšre hiĂ©rarchique, mais en rĂ©seau. L’approche choisie consiste Ă  considĂ©rer une notice Ă  n’importe quel niveau de l’arborescence comme le rĂ©sumĂ© de ses filles ». Ce faisant, il se crĂ©e un rĂ©seau de similitudes. Bernice Ibiricu, Marja Leena van der Made, Ethics by design a code of ethics for the digital age », p. 395-414. Les autrices, respectivement chargĂ©e de la gouvernance de l’information Ă  la Banque centrale europĂ©enne et dĂ©lĂ©guĂ©e Ă  la protection des donnĂ©es en France, proposent un cadre pour la rĂ©alisation d’un code d’éthique dĂ©diĂ© au numĂ©rique et aux technologies de pointe. AprĂšs avoir dĂ©fini les standards moraux et l’éthique, elles dressent un panorama de la relation entre Ă©thique et nouvelles technologies, interrogeant les risques, la place de l’éthique dans les sciences, ou encore l’articulation entre intelligence artificielle et intelligence Ă©thique. Elles terminent leur analyse sur les technologies dĂ©terminantes pour le futur la blockchain, la 5G ou encore l’intelligence artificielle. Ces constats leur permettent de proposer un code Ă©thique en 10 Ă©tapes pouvant ĂȘtre adoptĂ© par une organisation. Archives and manuscripts, vol. 48, n° 2, 2020. Special issue “Engaging with war records Archival histories and historical practice” Michael Piggott, Archives and the Australian Great War centenary retrospect and prospect », p. 109-122. L’auteur prĂ©sente les rĂ©sultats d’une enquĂȘte archivistique sur la relation entre les archives de la PremiĂšre Guerre mondiale et le MĂ©morial australien de la guerre. Il dĂ©crit quatre pĂ©riodes collecter dans un but prĂ©cis annĂ©es 1920 et 1930, dĂ©truire annĂ©es 1940 aux annĂ©es 1960, dĂ©couvrir et redĂ©couvrir Ă  partir des annĂ©es 1960, dĂ©passer le MĂ©morial fin du 20e siĂšcle. Il souligne le rĂŽle important du MĂ©morial et ses prioritĂ©s initiales dans la valorisation de l’histoire de guerre officielle, du front de bataille et des morts de guerre. Paul Dalgleish, Recordkeeping in the First Australian Imperial Force the political imperative », p. 123-141. L’auteur analyse les procĂ©dures de conservation mises en place par le corps expĂ©ditionnaire australien AIF lors de la Grande guerre et la maniĂšre dont elles se sont dĂ©veloppĂ©es sous l’influence du contexte global. Il dĂ©crit plus spĂ©cifiquement la maniĂšre dont les circonstances ont conduit le gouvernement australien Ă  s’intĂ©resser de prĂšs Ă  la conservation des archives constituĂ©es par l’AIF en Égypte. Anne-Marie CondĂ©, A societal provenance analysis of the First World War service records held at the National Archives of Australia », p. 142-156. L’autrice propose une analyse de la provenance sociale des Ă©tats de service de la PremiĂšre Guerre mondiale conservĂ©s aux Archives nationales d’Australie. Elle mobilise ici le concept de provenance sociale » dĂ©veloppĂ© par Tom Nesmith societal provenance puis Michael Piggott pour dĂ©passer la provenance archivistique et s’intĂ©resser aux dimensions sociales des archives et montre comment ces archives ont permis de crĂ©er des interactions entre les individus, le gouvernement et les communautĂ©s. Elle analyse Ă©galement leur rĂŽle dans la sociĂ©tĂ©, Ă  travers leur utilisation dans la construction du MĂ©morial australien de la guerre ou encore dans la fourniture de pensions aux anciens combattants et Ă  leurs familles. Elle considĂšre enfin que l’accĂšs Ă  ces archives permet la crĂ©ation de nouvelles identitĂ©s personnelles, de nouvelles communautĂ©s d’utilisateurs, qui font dĂ©sormais partie de l’histoire du fonds. Sneha Reddy, Archives and trails from the First World War repurposing imperial records of North African and Indian soldiers in Palestine and Syria, 1917-1923 », p. 157-170. S’intĂ©ressant aux soldats nord-africains et indiens de la Grande Guerre, l’autrice invite Ă  dĂ©colonialiser les archives militaires, Ă  les exploiter en tant qu’expĂ©rience de guerre des soldats coloniaux pour rĂ©pondre Ă  une nouvelle demande historiographique, pour mieux comprendre le contexte colonial de leur production. Melanie Oppenheimer, The historian activist and the Gift to the Nation project preserving the records of the Australian Red Cross », p. 171-185. Cet article retrace le processus de transfert des archives de la Croix rouge australienne Ă  diffĂ©rentes institutions de conservation Ă  partir de 2014 dans le cadre des cĂ©lĂ©brations du centenaire de la PremiĂšre Guerre mondiale Gift to a Nation project. Il interroge leur provenance sociale et montre que la pluralisation des archives est un processus historique. Elise Edmonds, Of sentimental value collecting personal diaries from the First World War », p. 186-199. Quelques semaines aprĂšs l’armistice de 1918, le directeur de la BibliothĂšque publique de Nouvelle-Galles du Sud demanda que l’on collectĂąt les documents officiels et privĂ©s produits pendant la guerre. DĂšs dĂ©cembre 1918, des publicitĂ©s invitĂšrent ainsi les soldats Ă  vendre leurs journaux intimes Ă  la BibliothĂšque. Cet article analyse ce programme de collecte, qui fut le premier de ce type, Ă  l’aune des dĂ©bats rĂ©cents sur le rĂŽle de l’archiviste dans l’évaluation, la sĂ©lection et la prĂ©servation des archives. MarĂ­a InĂ©s Tato, Recording the war effort immigrant communities in Latin America and the memory of the Great War », p. 200-215. AprĂšs la PremiĂšre Guerre mondiale, les communautĂ©s europĂ©ennes en Argentine, Bolivie, BrĂ©sil, Chili et autres pays d’AmĂ©rique latine rĂ©unirent de nombreux documents sur leurs activitĂ©s pendant la guerre, donnant lieu Ă  des livres commĂ©moratifs offerts Ă  leurs gouvernements respectifs comme preuve de leur loyautĂ©. L’autrice analyse ces publications comme des traces de l’effort de guerre, leur rĂŽle en tant que documents commĂ©moratifs, mais aussi en tant qu’archives. Delphine Lauwers, From Belgium to The Hague via Berlin and Moscow documenting war crimes and the quest for international justice, 1919-2019 » p. 216-236. Delphine Lauwers propose une analyse du fonds de Moscou » belge, c’est-Ă -dire des archives belges confisquĂ©es par les Nazis pendant la Seconde Guerre mondiale et rapatriĂ©es de Russie en Belgique en 2002, considĂ©rant qu’elles offrent de nouvelles sources pour l’étude des crimes allemands et de la vie sous l’occupation, mais aussi de l’histoire du droit pĂ©nal international. Elle s’interroge Ă©galement sur les problĂ©matiques archivistiques et historiques de ce rapatriement. Archives & Manuscripts, vol. 48, n° 3, 2020 Michael Smith, Janet Villata, Applying user centred design to Archives », p. 239-249. Retour d’expĂ©rience sur le dĂ©ploiement par la ville de Sydney d’un nouveau systĂšme d’archivage créé selon une conception centrĂ©e sur l’utilisateur user centred design. Il examine les tensions potentielles entre la pratique archivistique et l’expĂ©rience utilisateur. Blanca Bazaco Palacios, Another archive is possible », p. 250-258. Partant du slogan un autre monde est possible », l’autrice se demande si un autre type d’archives est possible Ă  partir des documents produits et collectĂ©s dans le cadre d’attentats ou de mouvements sociaux. Louis-Gilles Pairault, Reconstituting “the archives of silence“ how to “recreate“ slavery and slave trade archives », p. 259-270. Les documents d’archives relatifs Ă  l’esclavage reflĂštent le plus souvent le point de vue des esclavagistes et il est rare de trouver des traces de l’expĂ©rience vĂ©cue par les esclaves. L’auteur prĂ©sente ici un exemple rare le manuscrit, qu’il a co-Ă©ditĂ©, d’un officier français ayant participĂ© Ă  la traite nĂ©griĂšre entre les cĂŽtes africaines et Saint-Domingue1. Celui-ci retrace le rĂ©cit de vie d’une princesse africaine rĂ©duite en esclavage et fournit ainsi un document prĂ©cieux qui permet de reconstituer les pages manquantes » de l’Histoire. Vicenç Ruiz GĂłmez, Aniol Maria VallĂšs, CuĂ©ntalo the path between archival activism and the social archives », p. 271-290. Les auteurs retracent la rĂ©flexion des membres de l’AssociaciĂł d’arxivers-gestors de documents de Catalunya sur l’archivage des rĂ©seaux sociaux. AprĂšs avoir montrĂ© l’importance du regard archivistique sur la sociĂ©tĂ© de l’information, ils retracent les Ă©tapes qui les ont menĂ©s Ă  la prĂ©servation de certains hashtags. Ils terminent enfin par une Ă©tude de cas sur le hashtag de dĂ©nonciation de la violence masculine CuĂ©ntalo qui leur a permis de rĂ©aliser une datavisualisation dynamique Ă  partir de 160 000 tweets. Isabel S. Schellnack-Kelly, Decolonising the archives languages as enablers and barriers to accessing public archives in South Africa », p. 291-299. Les archives sud-africaines constituent un reflet des onze langues officielles du pays et de la maniĂšre dont elles ont contribuĂ© Ă  la sĂ©grĂ©gation. À partir des rĂ©sultats d’une enquĂȘte sur les langues prĂ©sentes dans les fonds d’archives de diffĂ©rentes institutions du pays, l’autrice s’interroge sur la maniĂšre de dĂ©coloniser ces archives dans une logique postmoderne, de les rendre plus accessibles malgrĂ© la barriĂšre de la langue. Weimei Pan, Luciana Duranti, Sitting in limbo or being the flaming Phoenix the relevance of the archival discipline to the admissibility of digital evidence in China », p. 300-327. Cet article retrace l’évolution de la lĂ©gislation chinoise vers l’acceptation de la preuve sous format Ă©lectronique et le dĂ©veloppement de la prĂ©servation numĂ©rique qui en dĂ©coule. Il conclut en montrant la maniĂšre dont le modĂšle Trust PaaST dĂ©veloppĂ© dans le cadre du programme InterPARES peut aider Ă  rĂ©soudre certaines problĂ©matiques dans le cadre de la transition numĂ©rique. Journal of the South African Society of Archivists, vol. 53, 2020 David Luyombya, Salmah Ndagire, Records management procedures and service delivery in private universities. A case study of the Islamic University in Uganda », p. 1-19. Prenant pour exemple une universitĂ© privĂ©e, l’Islamic University in Uganda IUIU, l’article Ă©tudie les liens entre fonctionnement des institutions et qualitĂ© du records management. Partant du constat que les manquements en terme de gestion de l’information nuisent Ă  la performance des administrations, l’étude prĂ©sentĂ©e vise Ă  Ă©tablir des recommandations pour amĂ©liorer la dĂ©marche de records management au sein des universitĂ©s. Le questionnaire et les entretiens menĂ©s durant l’enquĂȘte avaient pour but d’identifier les typologies documentaires, les responsabilitĂ©s, les procĂ©dures et politiques mises en place tout au long du cycle de vie des documents. Les rĂ©ponses ont amenĂ© Ă  la conclusion que le papier Ă©tait largement prĂ©sent, qu’il existait un cloisonnement entre les diffĂ©rents services avec des procĂ©dures sans cohĂ©rences les unes avec les autres et aussi qu’il n’existait pas de personnel dĂ©diĂ© Ă  la gestion des documents. Les auteurs concluent donc naturellement en recommandant la mise en place d’un records manager pouvant exercer son rĂŽle de maniĂšre transversal. L’article ouvre ensuite la perspective d’une comparaison entre universitĂ©s publiques et universitĂ©s privĂ©es pour Ă©largir le champ d’étude. Godfrey Tsvuura, Patrick Ngulube , Digitisation of records and archives at two selected state universities in Zimbabwe », p. 20-34. Partant du constat d’un Ă©cart entre la quantitĂ© de documents numĂ©riques produits et les moyens allouĂ©s Ă  leur gestion dans les universitĂ©s, cet article nous prĂ©sente les enjeux, mĂ©thodes et conclusions d’une enquĂȘte destinĂ©e Ă  comprendre les raisons de cette divergence au sein de deux universitĂ©s publiques au Zimbabwe la Zimbabwe Open University ZOU et l’Harare Institute of Technology HIT. À l’aide d’un questionnaire et d’entretiens menĂ©s auprĂšs de personnels de ces Ă©tablissements, l’étude dĂ©montre que si ces universitĂ©s ont conscience et comprennent les enjeux de la dĂ©matĂ©rialisation et ont mis en Ɠuvre certaines procĂ©dures – notamment Ă  la ZOU pour les courriels et la numĂ©risation – elles affectent du personnel non formĂ© Ă  la gestion documentaire. En outre, les universitĂ©s zimbabwĂ©ennes souffrent d’un manque de moyens et de compĂ©tences informatiques pour assurer une gestion adĂ©quate des documents numĂ©riques. Les auteurs pointent aussi l’inadĂ©quation entre la lĂ©gislation, dont le National Archives of Zimbabwe Act date de 1986, et les Ă©volutions technologiques. Katlego Ncaagae, eDiscovery readiness at the Ministry of Transport and Communications in Botswana », p. 35-53. Ce texte Ă©value la gestion des documents Ă©lectroniques au travers de l’exemple de l’administration de la preuve au ministĂšre des Transports et des Communications du Botswana. Le choix de ce cas d’étude s’explique par son rĂŽle central dans la mise en place des nouvelles technologies – notamment par le biais des infrastructures – au sein des organismes gouvernementaux. C’est aussi un ministĂšre frĂ©quemment mis en cause dans des affaires de corruption liĂ©es Ă  la dĂ©livrance de permis de conduire. L’auteur tente alors d’évaluer, Ă  l’aide du modĂšle thĂ©orique de l’Electronic Discovery Model Reference EDRM et de la Discovery Maturity Curve, le degrĂ© de maturitĂ© du ministĂšre dans la capacitĂ© Ă  fournir des preuves fiables sous format Ă©lectronique dans le cadre de procĂ©dures judiciaires. Il conclut que le ministĂšre doit encore progresser quant Ă  la mise en place d’une politique d’archivage, sur la mise en place de procĂ©dures ou encore sur l’établissement d’une cartographie des donnĂ©es qui pourrait servir de support Ă  une stratĂ©gie efficace. Lungelo Sanele Mbatha, Lungile P. Luthuli, Tlou Maggie Masenya Prison breakthrough use of information systems in correctional facilities », p. 54-64. L’article traite des systĂšmes d’information utilisĂ©s par l’administration pĂ©nitentiaire en Afrique. Les auteurs constatent que peu de prisons sont dotĂ©es en systĂšmes d’information et que la gestion sur papier des dossiers mĂšne Ă  un certain nombre d’erreurs quant Ă  la durĂ©e de la dĂ©tention ou nuisent Ă  la prise en charge mĂ©dicale des dĂ©tenus. Il prĂ©sente ensuite un Ă©tat de l’art de la littĂ©rature sur le sujet afin de dĂ©montrer d’une part l’utilitĂ© des systĂšmes d’information pour la gestion des prisons et aussi de dĂ©terminer le type de systĂšme utile Ă  l’administration pĂ©nitentiaire. Il Ă©tablit enfin une corrĂ©lation entre systĂšme d’information et qualitĂ© de la gestion documentaire. Si la conclusion montre les avantages de la mise en place d’un tel dispositif, l’article donne une revue dĂ©taillĂ©e des diffĂ©rentes solutions logicielles adaptĂ©es aux documents produits et reçus par les prisons africaines. Tlou Maggie Masenya , Application of modern technologies in the management of records in public libraries », p. 65-79. Étude de l’usage, au sein des bibliothĂšques publiques en Afrique du Sud, des nouvelles technologies, en particulier de trois d’entre elles la blockchain, le cloud computing et l’internet des objets. Si l’article dĂ©montre l’intĂ©rĂȘt certain de ces technologies pour les bibliothĂšques, dont le domaine d’activitĂ© requiert une information de bonne qualitĂ© avec des dĂ©lais d’obtention rapide, il constate que leur mise en Ɠuvre est lente et que trĂšs peu d’institutions sont Ă  un stade avancĂ©. Par l’étude de la littĂ©rature, l’autrice souligne que les raisons de ce phĂ©nomĂšne relĂšvent en particulier d’infrastructures informatiques inadaptĂ©es, d’un manque de formation des Ă©quipes ou encore d’un manque de moyens financiers. L’article se termine en suggĂ©rant la collaboration entre bibliothĂšques et acteurs venant d’autres secteurs pour avancer dans l’adoption des nouvelles technologies. Brown Bavusile Maaba, Lost and found an overview of the archival depositories of the Human Science Research Council », p. 80-89. Le sujet de cet article tranche avec les autres articles de ce numĂ©ro, dans la mesure oĂč il est question des archives d’un centre de recherche en sciences humaines et sociales, le Human Sciences Research Council et de son prĂ©dĂ©cesseur, le South African National Bureau for Educational and Social Research. L’histoire de ces deux institutions est assez controversĂ©e en raison de leurs liens avec le National Party arrivĂ© au pouvoir en 1948 et ayant mis en place le rĂ©gime de l’apartheid. L’auteur offre ici un Ă©tat des lieux des fonds d’archives relatifs aux deux centres de recherche, dispersĂ©s dans plusieurs dĂ©pĂŽts et, jusqu’à rĂ©cemment, peu ou pas connus. L’espoir ici formulĂ© est d’offrir aux chercheurs la possibilitĂ© d’écrire l’histoire de ces institutions dont les archives pourront apporter un Ă©clairage sur le rĂŽle des institutions qui servaient les intĂ©rĂȘts intellectuels de l’État d’apartheid. Makutla Mojapelo, Strengthening public sector records management through the Information Regulator in South Africa », p. 90-102. Cet article est consacrĂ© au records management dans le secteur public sud-africain. Il examine comment l’Information Regulator IR, organe chargĂ© d’encadrer l’accĂšs Ă  l’information en vertu du Promotion of Access to Information Act, peut aider Ă  amĂ©liorer le RM dans le secteur public. Plus prĂ©cisĂ©ment l’auteur constate que la mauvaise gestion des documents met Ă  mal la protection des citoyens car il rend difficile l’accĂšs aux archives. Il conclut en formulant un certain nombre de recommandations pour renforcer le rĂŽle de l’IR afin d’établir des rĂšgles et des guides de bonnes pratiques en matiĂšre de RM, pour dĂ©signer un Deputy Information Officer dans les organismes publics, pour amĂ©liorer l’exercice du contrĂŽle des National Archives and Records Service of South Africa NARSSA sur la gestion des archives dans le secteur public ou encore pour accroĂźtre les efforts en matiĂšre de formation. En effet, pour lui l’efficacitĂ© de l’IR rĂ©side dans son indĂ©pendance vis-Ă -vis du gouvernement contrairement aux NARSSA qui sont sous l’égide du ministĂšre de la Culture. Olefhile Mosweu, Donald Rakemane, The role of records management in ensuring good governance in Africa impediments and solutions », p. 103-123. Cet article juge les gouvernements africains au travers de leur gestion des archives. AprĂšs avoir dressĂ© un portrait acerbe de la maniĂšre dont sont gouvernĂ©s les diffĂ©rents pays et face Ă  l’impunitĂ© de certains dirigeants due au manque de preuves, les auteurs exposent les raisons qui attestent qu’une bonne gestion des archives peut ĂȘtre garante de l’État de droit. Pour lui, des lois archivistiques obsolĂštes – ou inexistantes pour ce qui concerne l’accĂšs -, une accumulation d’arriĂ©rĂ©s ou encore un manque de formation constituent autant d’entraves Ă  la gouvernance des sociĂ©tĂ©s. Le texte offre ainsi un ensemble de propositions pour remĂ©dier Ă  cette situation mise en place de politiques d’archivage, dĂ©finition de stratĂ©gies en matiĂšre de rattachement tutĂ©laire des institutions des conservations, traitements d’arriĂ©rĂ©s, opĂ©rations de sensibilisation Ă  l’archivage, rĂ©glementation de l’accĂšs aux archives. Sidney Netshakhuma, Preservation stratĂ©gies for student affairs records at the University of Venda in South Africa. A preliminary study », p. 124-132. Article consacrĂ© aux dossiers des affaires Ă©tudiantes de l’universitĂ© de Venda, universitĂ© rurale fondĂ©e en 1982 dans la province du Limpopo en Afrique du Sud. Avançant l’argument que ces archives – pourtant prĂ©cieuses d’un point de vue historiques – sont souvent en souffrance et ont suscitĂ© peu d’études, l’article restitue le rĂ©sultat d’une enquĂȘte sur le records management Ă  Venda. Les dix entretiens menĂ©s ont permis de pointer le manque de politique d’archivage pour les dossiers des affaires Ă©tudiantes dont la conservation incombe au service de la scolaritĂ©. Les raisons qui peuvent expliquer ce phĂ©nomĂšne sont le vide juridique et rĂ©glementaire qui entoure la gestion des archives universitaires, le peu de collaboration entre le service des archives, rattachĂ© Ă  la bibliothĂšque, et les services fonctionnels de l’universitĂ©, ou encore l’insuffisance de locaux dĂ©diĂ©s. L’auteur plaide ainsi pour le dĂ©veloppement d’une culture de l’archivage et pour la mise en Ɠuvre de stratĂ©gies de conservation au sein du milieu universitaire. Sarah Cadorel, Magalie Moysan et Édouard Vasseur Albert-Michel Luc et Louis-Gilles Pairault Ă©diteurs, MĂ©moires d’un officier de marine nĂ©grier – Histoire des services Ă  la mer et dans les ports de Claude-Vincent Polony 1756-1828, La Geste, 2019 ISBN 979-10-353-0430-0. [↩] Voici notre quatriĂšme sĂ©rie de recensions de revues, qui, nous l’espĂ©rons, vous intĂ©ressera autant que nous. Mais il nous faut dĂ©sormais amplifier notre action et, pour cela, nous avons besoin de vous. Qui, parmi les lecteurs de ce carnet, est germaniste et accepterait de recenser les revues de cette zone linguistique, notamment Der Archivar ? Qui, parmi les lecteurs de ce carnet, est hispanophone et accepterait de se plonger dans la forĂȘt des revues du monde hispanique ? Nous pourrions ainsi Ă©largir notre horizon et dĂ©passer le monde anglo-saxon Royaume-Uni, Canada, États-Unis, Australie, Nouvelle-ZĂ©lande qui a dominĂ© cette premiĂšre annĂ©e. Certes, il s’agit d’une charge de travail supplĂ©mentaire, mais elle en vaut la peine ! Dans ce billet, nous vous proposons de dĂ©couvrir les derniers articles parus dans trois revues anglophones Archival science, Archives and Records et le Records management journal. Archives and Records dĂ©die son numĂ©ro Ă  l’étude des archives et des special collections des universitĂ©s britanniques et irlandaises. Archival Science propose deux numĂ©ros variĂ©s qui traitent aussi bien de la mise en ligne des archives coloniales que de l’archivage des donnĂ©es de surveillance environnementale. Il fera, en ces temps de confinement, voyager vos esprits Ă  travers une Ă©tude de la rĂ©glementation sur les archives en IsraĂ«l, l’archivage des donnĂ©es de recherche en SuĂšde ou la mise en mĂ©moire de la RĂ©volution russe. Enfin, le Records management journal interroge la relation entre le records management et la technologie, entre subir et agir. Archives and Journal of the Archives and Records Association, vol. 41, n° 2, 2020 Paul Flynn, Towards a pedagogy of archival engagement », p. 105-108. Introduction au numĂ©ro spĂ©cial d’Archives and Records consacrĂ© aux Special collections des universitĂ©s britanniques et irlandaises et aux actions entreprises par ces services pour relever leurs dĂ©fis actuels mieux Ă©tudier l’impact de leurs actions, contribuer davantage au dĂ©veloppement des savoir-ĂȘtre des Ă©tudiants et aux activitĂ©s des dĂ©partements pĂ©dagogiques, faire face Ă  l’évolution des technologies. Katrina Legg , Rhian Elizabeth Ellis, Chris Hall, Applying the seven principles of good practice archives in the 21st century university », p. 109-125. Cet article examine le cas des Richard Burton Archives RBA de l’universitĂ© de Swansea. Il prĂ©sente tout d’abord les liens anciens nouĂ©s par les RBA avec la Swansea Academy of Learning and Teaching SALT, notamment via l’utilisation du Seven Characteristics of Good University Teaching, programme, conçu par les chercheurs de ce dĂ©partement pour fournir aux enseignants des directives claires leur permettant d’amĂ©liorer enseignement et apprentissage. L’article montre ensuite comment ces principes ont Ă©tĂ© utilisĂ©s pour dĂ©velopper des actions avec d’autres acteurs de l’universitĂ©, par exemple des chercheurs en linguistique. Kirsten Mulrennan, Lessons in making the unique ubiquitous diversifying the role of the special collections and archives department to enhance teaching and learning at the University of Limerick », p. 126-147. L’article examine le cas du Special Collections and Archives Department SpecColl de l’universitĂ© de Limerick Glucksman Library. Il prĂ©sente les actions entreprises depuis 2018 par ce dĂ©partement pour renforcer sa visibilitĂ© analyse fine des publics pour identifier les axes de travail prioritaires ; amĂ©lioration de l’accueil du public dans le cadre de l’ouverture des nouveaux espaces ; conception d’un nouveau site internet ; renforcement des interactions avec les Ă©quipes pĂ©dagogiques – via par exemple les travaux de transcription de documents d’archives entreprises par des Ă©tudiants en histoire et en mĂ©decine dans le cadre du projet “DonnĂ©es sur les dĂ©cĂšs et les enterrements Irlande 1864-1922” du Dr Ciara Breathnach financĂ© par l’Irish Research Council, ou dans le cadre des travaux de catalogage de la Bolton Library acquise en 2016 – ; participation au sĂ©minaire ANCIL A New Curriculum for Information Literacy organisĂ© par la bibliothĂšque. En conclusion, l’article s’interroge sur les facteurs permettant de pĂ©renniser ces actions et sur les amĂ©liorations Ă  entreprendre dans les prochaines annĂ©es multiplication des points d’entrĂ©e dans les collections, conception de projets de recherche et recherche de financements, contact direct avec les sources primaires, systĂ©matisation des Ă©tudes d’impact. Sarah C. Jane, Hannah Maughan, Making Archives – a case study of creative collaboration », p. 148-169. L’article examine le cas de l’Archive and Special Collections Service, qui gĂšre les collections de l’universitĂ© de Falmouth et de l’universitĂ© d’Exeter, notamment des collections d’archives textiles. Il prĂ©sente le co-dĂ©veloppement entre enseignants-chercheurs et archivistes du projet “Making Archives – Narrative Artefact” qui vise Ă  exploiter les archives textiles dans le cadre d’un module pĂ©dagogique demandant aux Ă©tudiants de rechercher et dĂ©velopper une collection de dessins textiles pour des clients externes. L’article Ă©tudie ensuite l’impact de ce projet, notamment sur les donateurs et les Ă©tudiants. En conclusion, il liste les facteurs clĂ©s de succĂšs des projets associant enseignants-chercheurs et archivistes co-construction, innovation, communication sur l’impact, intĂ©gration dans le cursus pĂ©dagogique lui-mĂȘme, pĂ©rennitĂ© du projet. Karen Watson, Kirsty Pattrick, Teaching archive skills a pedagogical journey with impact », p. 170-186. Le dernier article examine le cas du Special Collections Department de l’universitĂ© du Sussex, dĂ©sormais relocalisĂ© avec d’autres services d’archives dans une institution de conservation mutualisĂ©e appelĂ©e “The Keep”. Il examine l’impact des visites organisĂ©es pour les Ă©tudiants dans les locaux du service, les innovations pĂ©dagogiques qui ont Ă©tĂ© introduites suite au changement de localisation recours Ă  de courtes vidĂ©os, dĂ©finition d’un modĂšle d’analyse de document, utilisation de Padlet pour la constitution de petits groupes de travail. L’étude se conclut par l’analyse de l’étude d’impact rĂ©alisĂ©e en 2018 et sur les enseignements tirĂ©s de celle-ci. Archival science, vol. 20, n° 3, 2020 Charles Jeurgens, Michael Karabinos Paradoxes of curating colonial memory », p. 199-220. La numĂ©risation des archives de l’hĂ©ritage colonial permet-elle de les dĂ©coloniser ? C’est Ă  cette question que les auteurs de l’article tentent de rĂ©pondre, en analysant la politique nĂ©erlandaise en la matiĂšre. Si cette aspiration peut paraĂźtre paradoxale dans la mesure oĂč ces archives constituent en elles-mĂȘmes le reflet de l’administration coloniale, les nouvelles infrastructures proposĂ©es Ă  travers la numĂ©risation permettent de crĂ©er un autre lien entre ces documents du passĂ© et le public d’aujourd’hui. En rĂ©investissant la notion de tiers-espace » Bhabha et Licona et de dĂ©colonialitĂ© », Les auteurs esquissent plusieurs propositions traduire les termes en indonĂ©siens ou encore proposer une indexation orientĂ©e vers la communautĂ©. Heather A. Soyka, Eliot Wilczek, Ten years of Archival Education and Research Institutes a snapshot of scholarship », p. 221-244. L’Archival Education and Research Initiative fĂ©dĂšre des institutions amĂ©ricaines Ɠuvrant pour la promotion des Ă©tudes supĂ©rieures et de la recherche en archivistique. L’article explore les programmes et pages de prĂ©sentation des instituts membres pour analyser les termes Ă©mergents et l’évolution de l’apprĂ©hension de la terminologie et de la pratique archivistiques. Noam Tirosh, Amit M. Schejter, The regulation of archives and society’s memory the case of Israel », p. 245-261. Les auteurs de cet article analysent la rĂ©glementation israĂ©lienne sur les archives en considĂ©rant les services d’archives comme un mĂ©dia qui participe de la crĂ©ation et de la persistance d’une sociĂ©tĂ© de la mĂ©moire. Cette rĂ©glementation est ainsi Ă©tudiĂ©e du point de vue de l’équilibre entre ouverture et fermeture, des rĂšgles rĂ©gissant l’évaluation ou l’élimination d’archives, ou encore des obligations propres aux archives publiques ou privĂ©es. Carolin Huang, Dwelling on the “anarchival” archives as indexes of loss and absence? », p. 263-277. Cet article rĂ©examine la pulsion de mort » dĂ©crite par Derrida dans Mal d’archive, les forces destructrices de l’archive, au cƓur de la notion d’oubli. Il invite Ă  relire Derrida pour documenter la vie des groupes sociaux exclus, en s’inspirant du modĂšle de l’art contemporain qui s’est appropriĂ© cette notion, pour proposer une analyse archivistique de l’ anarchive » du philosophe français. Charlotte Borgerud, Erik Borglund, Open research data, an archival challenge? », p. 279-302. À la suite d’une dĂ©cision du gouvernement suĂ©dois selon laquelle toutes les publications et donnĂ©es de recherche financĂ©es sur fonds publics devraient ĂȘtre aussi ouvertes que possibles, cette Ă©tude analyse la mise en Ɠuvre de ce changement. Les auteurs ont menĂ© 15 entretiens semi-directifs avec des chercheurs et des fonctionnaires chargĂ©s d’évaluer la mise en place de l’Open Data dans leur pays. Ils font Ă©tat d’un manque de coordination entre les acteurs, de moyens et d’infrastructures, mais pointent Ă©galement l’absence de stratĂ©gie globale de conservation des donnĂ©es. Ils analysent enfin ces rĂ©sultats en mobilisant les quatre normes constituant l’éthos de la science selon Robert King Merton universalisme, communalisme, dĂ©sintĂ©ressement et scepticisme. Archival science, vol. 20, n° 4, 2020 Elizabeth Shepherd et al., Towards a human‑centred participatory approach to child social care recordkeeping », p. 307-325. Au Royaume-Uni, on estime qu’1% de la population adulte a Ă©tĂ© prise en charge par les services d’aide sociale Ă  l’enfance. Les dossiers d’enfants sont confidentiels pendant 75 ans au minimum. Le projet MIRRA MĂ©moire, identitĂ©, droit aux archives, accĂšs est un projet de recherche participative co-produit avec les personnes concernĂ©es qui interroge les pratiques de conservation des archives de l’aide sociale Ă  l’enfance. Des entretiens et ateliers organisĂ©s avec les parties prenantes rĂ©vĂšlent des dĂ©faillances dans la crĂ©ation, l’utilisation, la gestion et l’accĂšs aux dossiers. Ina-Maria Jansson, Creating value of the past through negotiations in the present balancing professional authority with influence of participants », p. 327-345. L’article a pour objet le projet participatif “Belgravelser 1861-1912” pilotĂ© par le service d’archives de la ville de Copenhague, dont l’objectif est de construire une base de donnĂ©es Ă  partir d’informations relatives aux personnes dĂ©cĂ©dĂ©es noms, causes de dĂ©cĂšs, etc.. L’autrice analyse le forum mis en place pour ce projet, qui permet aux archivistes et au public d’interagir. Elle montre, Ă  partir du modĂšle de la recherche participative basĂ©e sur la communautĂ©, le partage du pouvoir entre public et archivistes, et l’impact de ce partage sur le projet et ses finalitĂ©s. Monica G. Maceli, Kerry Yu, Usability evaluation of an open‑source environmental monitoring data dashboard for archivists », p. 347-360. Les donnĂ©es de surveillance environnementale sont souvent produites au moyen de de tableaux de bord rudimentaires. Si les logiciels open source sont largement utilisĂ©s dans le domaine des archives, les logiciels propriĂ©taires de surveillance de donnĂ©es environnementales posent des problĂšmes de conservation. L’article fait Ă©tat de ces difficultĂ©s et montre qu’il est possible d’adopter des solutions techniques plus modernes, ouvertes et flexibles. Vera Kaplan, Two archives of the Russian revolution », p. 361-380. Cet article s’intĂ©resse au rĂŽle des archives dans la commĂ©moration de la RĂ©volution russe de 1917, Ă  partir de deux Ă©tudes de cas d’une part, la tentative de crĂ©ation des Archives de PĂ©trograd au printemps et Ă  l’étĂ© 1917 ; d’autre part, le projet “Russie Ă  l’étranger” conçu par des Russes blancs Ă  Prague en 1923. Ces deux projets, politiquement engagĂ©s, visaient Ă  collecter des sources pour les futurs historiens et Ă  orienter les futurs rĂ©cits historiques. Caroline Cunill, Margins of documents, center of power a case study on the Consejo de Indias annotated paperwork and the construction of legality in an imperial archive », Cette Ă©tude de cas porte sur une sĂ©rie de rapports envoyĂ©s par l’administration espagnole du Nouveau Monde au Conseil des Indes. Leur analyse montre le rĂŽle central des activitĂ©s de classement, de crĂ©ation de rĂ©sumĂ©s et de liens entre les documents dans le processus de dĂ©cision de la monarchie espagnole. Ces activitĂ©s permettent de donner accĂšs Ă  un grand nombre de documents en les synthĂ©tisant, au risque que soit perdue de vue leur appartenance Ă  un mĂȘme fonds. L’étude des mentions marginales permet ainsi de mieux comprendre les relations entre les techniques archivistiques, la communication politique et le dĂ©veloppement de l’empire colonial espagnol. Records Management Journal, vol. 30, n° 2, 2020 HerbjĂžrn Andresen, A discussion frame for explaining records that are based on algorithmic output », p. 129-141. Cet article analyse les cadres mĂ©thodologiques permettant de rendre comprĂ©hensibles les documents d’archives produits au moyen d’algorithmes. Il explore successivement trois cadres mĂ©thodologiques potentiellement utilisables la distinction entre policy transaction et operational transaction hĂ©ritĂ© des travaux sur le records management et l’archivage notamment via les ouvrages de Theodor Schellenberg ; le dĂ©bat sur la diffĂ©rence entre explication et prĂ©vision qui s’est dĂ©veloppĂ© dans le monde scientifique depuis une cinquantaine d’annĂ©es ; le dĂ©bat juridique sur l’existence dans le RGPD de l’obligation de justifier les dĂ©cisions automatisĂ©es, Jenny Bunn, Working in contexts for which transparency is important. A recordkeeping view of explainable artificial intelligence XAI », p. 143-153. Cet article prĂ©sente le concept d’explainable artificial intelligence XAI – que l’on peut dĂ©finir comme le dĂ©fi de faire la lumiĂšre sur les modĂšles opaques d’apprentissage machine ML dans des contextes pour lesquels la transparence est importante » – ainsi que les conclusions d’un atelier transdisciplinaire organisĂ© Ă  The National Archives pour l’explorer. L’autrice en conclut que les professionnels de l’archivage doivent chercher Ă  se concentrer sur la qualitĂ© des explications qui pourront ĂȘtre proposĂ©es Ă  l’avenir dans le cadre de la recherche sur ces sujets, d’autant que celles-ci pourront rester hautement techniques. Elle estime que la communautĂ© de l’archivage dispose, notamment via le concept d’authenticitĂ©, de cadres de rĂ©flexion qui peuvent s’avĂ©rer utiles Ă  la communautĂ© de l’intelligence artificielle et espĂšre que de prochains numĂ©ros de la revue viendront contribuer Ă  cette rĂ©flexion. Tim Hutchinson, Natural language processing and machine learning as practical toolsets for archival processing, p. 155-174. Cet article fait le point sur les recherches entreprises ces derniĂšres annĂ©es, en archivistique, dans l’utilisation des technologies de traitement automatique des langues et l’apprentissage machine, tout particuliĂšrement dans les domaines de l’évaluation archivistique et de l’évaluation de la confidentialitĂ© des documents. Il regrette cependant que la plupart de ces projets et des outils dĂ©veloppĂ©s concernent la conservation des archives dĂ©finitives et non le records management, et souhaite que les travaux dĂ©passent le stade expĂ©rimental et le domaine Ă©troit de la gestion des messages Ă©lectroniques. Basma Makhlouf Shabou, Julien TiĂšche, Julien Knafou and Arnaud Gaudinat, Algorithmic methods to explore the automation of the appraisal of structured and unstructured digital data », p. 175-200. Cet article rend compte d’une recherche menĂ©e par la Haute Ă©cole de gestion de GenĂšve au profit de l’Office des archives de l’État de NeuchĂątel OAEN, afin de spĂ©cifier un outil d’aide Ă  la dĂ©cision pour procĂ©der Ă  l’évaluation d’archives Ă©lectroniques. L’article, aprĂšs avoir fait un Ă©tat des lieux des projets existants en la matiĂšre en Europe comme au Canada, prĂ©sente la mĂ©thodologie utilisĂ©e qui associe une approche descendante top-down », basĂ©e sur les thĂ©ories archivistiques et une approche montante bottom-up » qui repose sur l’extraction de mĂ©tadonnĂ©es et le data mining Ă  partir de ressources fournies par l’OAEN. L’étude estime que la valeur des donnĂ©es et des documents darchives est mesurable en croisant les deux mĂ©thodologies. Monica Maceli, Internet of things in the archives novel tools for environmental monitoring of archival collections », p. 201-220. Cet article Ă©tudie l’apport de l’internet des objets Ă  la conservation prĂ©ventive des collections patrimoniales et rend compte d’un projet de construction et de test, via un groupe de discussion composĂ© de praticiens d’organisations diverses sous l’égide de la Pratt Institute School of Information en 2018, d’un systĂšme de surveillance de l’environnement dans les services d’archives, basĂ© sur des technologies open source gĂ©nĂ©riques. Il rĂ©sume les bĂ©nĂ©fices attendus par les praticiens de ces systĂšmes et l’intĂ©rĂȘt d’une approche basĂ©e sur l’internet des objets, mais prĂ©sente aussi les limites, notamment techniques, Ă  l’adoption d’une telle approche. Thomas SĂždring, Petter Reinholdtsen, David Massey, A record-keeping approach to managing IoT-data for government agencies », p. 221-239. Cet article Ă©tudie l’apport de l’archivistique Ă  la gestion des donnĂ©es collectĂ©es par les organisations publiques au moyen de l’internet des objets, en s’appuyant sur les Generally Accepted Record-keeping Principles GARP Ă©laborĂ©s par l’ARMA. Il se base pour cela sur l’étude de deux cas des donnĂ©es relatives Ă  la qualitĂ© de l’eau collectĂ©es et publiĂ©es par la ville de Chicago ; l’enregistrement des automobiles entrant sur le territoire norvĂ©gien rĂ©alisĂ© par la Norwegian Customs Agency. Il conclut sur l’importance d’intĂ©grer les documents d’archives produits via l’internet des objets dans la stratĂ©gie des organisations, notamment lorsqu’ils comprennent des donnĂ©es Ă  caractĂšre personnel, et sur l’intĂ©rĂȘt des GARP comme base de discussion. Marie-Anne Chabin, The potential for collaboration between AI and archival science in processing data from the French great national debate », p. 241-252. Cet article explique comment les technologies d’intelligence artificielle ont Ă©tĂ© utilisĂ©es dans le cadre de l’exploitation du matĂ©riau documentaire produit lors du Grand dĂ©bat national lancĂ© en France Ă  l’occasion du mouvement social dit des Gilets jaunes » en 2018-2019. Il montre les limites des technologies et approches utilisĂ©es et de l’intĂ©rĂȘt qu’aurait constituĂ© le recours Ă  l’approche diplomatique pour aboutir Ă  une meilleure exploitation de ce corpus, de nombreuses informations n’ayant pas Ă©tĂ© prises en compte dans l’analyse. Zack Lischer-Katz, Archiving experience an exploration of the challenges of preserving virtual reality », p. 253-274. Cet article traite des dĂ©fis lancĂ©s Ă  la communautĂ© archivistique par le recours croissant aux technologies de rĂ©alitĂ© virtuelle et Ă  l’utilisation de donnĂ©es 3D dans le travail de certaines communautĂ©s professionnelles. Il estime que cette situation invite les archivistes Ă  revoir leurs certitudes sur la nature et la description des documents d’archives Ă©lectroniques, et Ă  explorer d’autres approches comme celles de la phĂ©nomĂ©nologie des documents “document phenomenology” et de la matĂ©rialitĂ© des media “media materiality”, afin de restituer notamment le caractĂšre interactif et immersif de la rĂ©alitĂ© virtuelle. Magalie Moysan et Édouard Vasseur Il n’y a pas d’archive sans violence Jacques Derrida Cet Ă©tĂ©, entre deux baignades, j’ai lu L’immortalitĂ© de Milan Kundera. PubliĂ© en 1990, ce roman Ă  tiroir est une Ɠuvre philosophique tout autant qu’un rĂ©cit imaginaire. Kundera y distille sa vision des sociĂ©tĂ©s occidentales contemporaines, forgeant le concept d’imagologie pour dĂ©signer le monde dans lequel nous sommes depuis la fin du 20e siĂšcle. Ce monde, qui succĂšde Ă  l’ùre des idĂ©ologies, est un monde oĂč les images, contrĂŽlĂ©es selon Kundera par le couple du politique et des mĂ©dias, l’emportent sur les idĂ©es
 Les idĂ©ologies Ă©taient comme d’immenses roues, tournant en coulisse, et dĂ©clenchant les guerres, les rĂ©volutions, les rĂ©formes. Les roues imagologiques tournent aussi, mais leur rotation n’a aucun effet sur l’Histoire. Les idĂ©ologies se faisaient la guerre et chacune Ă©tait capable d’investir par sa pensĂ©e toute une Ă©poque. L’imagologie organise elle-mĂȘme l’alternance paisible de ses systĂšmes au rythme allĂšgre des saisons »1. Quel lien avec les archives, me direz-vous ? Avant de partir en vacances, j’avais promis de faire pour Archivalises un compte rendu du volume collectif Dialoguer l’archive2, qui prĂ©sente des texte co-Ă©crits par des binĂŽmes d’archivistes et de chercheurs. Le texte cosignĂ© par François Bordes et Élise Lamy-Rested sous le titre Haut risque de l’archive » a particuliĂšrement retenu mon attention. Il aborde l’enjeu philosophique de l’archive dans les sociĂ©tĂ©s contemporaines dĂ©mocratiques, comme matĂ©riau de pulsion, de pouvoir et de publicitĂ©. En arriĂšre fond de cet article figure le texte de Jacques Derrida Mal d’archive 1995, qui est en quelque-sorte le texte fondateur du groupe Projet Archive » prĂ©sidant Ă  la rĂ©daction du volume dirigĂ© par Isabelle Alfandary. Ce groupe, placĂ© sous les auspices du CollĂšge international de philosophie ambitionne de poursuivre les travaux pionniers des philosophes de l’archive au moment oĂč les archives connaissent une mutation numĂ©rique et oĂč le mal – la pulsion – d’archive se rĂ©pand tous azimuts »3. Jacques Derrida au colloque de l’EHESS ProblĂšmes et objets de la recherche en sciences sociales » Marseille, 1987, photographie de Grig Pop Dans leur article, François Bordes et Élise Lamy-Rested interrogent les raisons pour lesquelles l’archive est devenue Ă  la fin du 20e siĂšcle un objet de rĂ©flexivitĂ© sur un inconscient collectif. L’archive, que l’on dĂ©chiffre ou qu’il faut exhumer grĂące Ă  un travail de fouilles, devient [alors] un instrument de “contre-pouvoir”, la matrice d’une histoire rĂ©primĂ©e qui ne suit plus la temporalitĂ© linĂ©aire du discours conscient »4. L’article aborde ainsi la façon dont les philosophes français Jacques Derrida, Michel Foucault et Gilles Deleuze ont fait de l’archive un concept central de leur analyse de la postmodernitĂ©, la considĂ©rant comme un moyen subversif d’interroger une histoire rĂ©primĂ©e ». Il est en particulier question de l’usage derridien des concepts freudiens de pulsion – pulsion de vie/pulsion de mort – appliquĂ©s au concept d’archive. L’archive chez Derrida constitue un palliatif Ă  la mort ou Ă  la finitude c’est parce que le vivant est mortel qu’il doit produire son archive, elle-mĂȘme destructible, mais nĂ©anmoins seule susceptible de lui survivre »5. Entendue comme une pulsion de conservation ou de destruction, la pulsion d’archive n’est pas uniquement l’apanage des archives institutionnelles, 
 chacun, pour ses archives privĂ©es, peut en faire l’expĂ©rience »6. Milan Kundera, qui fut le collĂšgue de Jacques Derrida Ă  l’École des hautes Ă©tudes en sciences sociales Ă  Paris, dans les annĂ©es 1990, avait trĂšs certainement connaissance de la pensĂ©e du philosophe au moment oĂč il Ă©crivait L’immortalitĂ©. On trouve dans les premiers chapitres du roman d’étonnantes mises en exergue de la pensĂ©e derridienne sur la pulsion de mort de l’archive ou mal d’archive ». L’histoire raconte l’étonnement de deux sƓurs suite au dĂ©cĂšs de leur mĂšre. Les deux filles rendent visite Ă  leur pĂšre Ă  son domicile, au lendemain de la mort de leur mĂšre et elles le trouvent assis devant la table du salon, penchĂ© sur un monceau de photos lacĂ©rĂ©es »7. Les filles se penchent sur les photos lacĂ©rĂ©es et constatent que ce ne sont pas exclusivement des photos de leur mĂšre disparue mais surtout des photos du pĂšre lui-mĂȘme. Par cet acte de destruction d’archives, le pĂšre a cĂ©dĂ© Ă  une pulsion de mort, un geste de rage qui horrifie ses filles. Un peu plus loin dans le roman, Kundera Ă©voque un monde orwellien dans lequel toutes les actions humaines seraient en permanence enregistrĂ©es et archivĂ©es
 Ce monde, qui prĂ©figure en quelque sorte notre monde actuel, est le fruit de vastes pulsions d’archives orchestrĂ©es par la puissance publique. Un millier de regards nous transpercent chaque jour, mais cela ne suffit pas il faut, de surcroĂźt, un regard institutionnel, qui ne nous quittera pas une seconde, qui nous observera chez le mĂ©decin, dans la rue, sur la table d’opĂ©ration, en forĂȘt, au fond du lit ; l’image de notre vie sera intĂ©gralement conservĂ©e dans les archives pour ĂȘtre utilisĂ©e Ă  tout moment en cas de litige, ou quand la curiositĂ© publique l’exigera »8. Ainsi que l’écrivent François Bordes et Élise Lamy-Rested, la pulsion d’archive n’est donc pas autre chose qu’un “geste de pouvoir” »9. Qu’il s’agisse, pour le quidam, de supprimer les moindres de traces de son passage sur Terre, ou, pour les pouvoirs publics, d’enregistrer tous les faits et gestes des citoyens, la dimension dĂ©miurgique de l’archive, sise au cƓur de nos dĂ©mocraties contemporaines, est magistralement illustrĂ©e par Kundera dans son roman prophĂ©tique. Si la pulsion de conservation peut aisĂ©ment se comprendre, y compris dans le risque d’hypermnĂ©sie qu’elle contient, la pulsion de destruction et son extrĂȘme que constitue la destruction totale des archives est plus difficile Ă  admettre, surtout pour les archivistes. Chez Derrida, elle se justifie par la nature mĂȘme de l’archivage, procĂ©dure hautement technique et non-contrĂŽlable par les individus qui les produisent l’archive est aussi ce qui se sĂ©pare du sujet pour lui survivre sous des formes techniques qui ne lui appartiennent plus comme le texte Ă©crit ou, aujourd’hui, le nuage “immatĂ©riel”, elle constitue une menace essentielle pour l’intĂ©gritĂ© ou l’immunitĂ© du vivant »10. En mourant, il semblerait lĂ©gitime qu’un individu puisse avoir le droit d’emporter avec lui toutes ses traces
 Mais qui, de fait, n’a jamais Ă©tĂ© Ă©tonnĂ©, voir profondĂ©ment choquĂ©, par la survivance d’un compte Facebook d’un proche dĂ©cĂ©dĂ© et par les messages intempestifs reçus d’outre-tombe par un fantĂŽme numĂ©rique ? François Bordes et Élise Lamy-Rested soulignent ainsi la logique contradictoire propre Ă  l’archive » telle que conçue par Derrida 
si, en tant que mĂ©moire externe, elle rend possible la survie des ĂȘtres vivants, elle est aussi ce qui les dĂ©nature »11. En effet, si la mĂ©moire individuelle est le fruit d’une opĂ©ration inconsciente de choix de souvenirs, la mĂ©moire collective, en sĂ©lectionnant consciemment les documents Ă  archiver au dĂ©triment des autres, est, elle, autrement sĂ©lective. Dans l’Ɠuvre de sĂ©lection, qui tend Ă  rĂ©duire la personne Ă  des fragments de ce qu’elle a Ă©tĂ© au cours de sa vie, rĂ©side pour Derrida le mal d’archive l’archive commence par la sĂ©lection, et cette sĂ©lection est une violence. Il n’y a pas d’archive sans violence. Cette violence n’est pas simplement politique au sens oĂč elle attendrait qu’il y ait un État dĂ©signant des fonctionnaires qui ont compĂ©tence reconnue. Non, cette archivation a dĂ©jĂ  lieu dans l’inconscient. Dans une seule personne, il y a ce que la mĂ©moire, ce que l’économie de la mĂ©moire garde ou ne garde pas, dĂ©truit ou ne dĂ©truit pas, refoule d’une maniĂšre ou d’une autre. Il y a donc constitution d’archives mnĂ©siques lĂ  oĂč il y a Ă©conomie, sĂ©lection des traces, interprĂ©tation, remĂ©moration, etc. »12. La violence politique et existentielle de l’archive comme processus de sĂ©lection de la mĂ©moire collective est au cƓur de ce qui oppose la raison d’un État dĂ©mocratique Ă  un État non dĂ©mocratique. La volontĂ© de dĂ©truire dans l’urgence toutes les traces compromettantes des crimes de masse perpĂ©trĂ©s par les nazis, afin de ne pas laisser de mĂ©moire de la Shoah13, est l’exemple le plus tristement cĂ©lĂšbre de ce que peut faire un État totalitaire en matiĂšre de destruction d’archives
 Dans les États dĂ©mocratiques, le mal d’archive est un Ă©tat de fait, car aucun pouvoir politique ne peut s’exercer sans un contrĂŽle institutionnalisĂ© de l’archive, mais la dĂ©mocratisation effective se mesure toujours Ă  ce critĂšre essentiel la participation et l’accĂšs Ă  l’archive, Ă  sa constitution et Ă  son interprĂ©tation »14. Le processus de publicitĂ© de l’archive, qui s’exerce par la mise en Ɠuvre de lois permettant l’accĂšs aux archives tout en garantissant la protection de la vie privĂ©e des individus, est un gage de probitĂ© des États dĂ©mocratiques. L’article de François Bordes et Élise Lamy-Rested Ă©voque ainsi les rĂ©centes Ă©volutions de la loi sur les archives françaises, et l’entrĂ©e du mot secret dans le texte de juillet 2008, comme un signal des mouvements tectoniques qui travaillent en profondeur la question des archives »15. Si la sĂ©lection est une violence, on peut enfin s’interroger sur l’état de santĂ© d’une sociĂ©tĂ© qui enregistre tout en permanence. À cĂŽtĂ© du coĂ»t financier et Ă©nergĂ©tique que cela induit et les consĂ©quences dĂ©sastreuses sur l’écologie, que penser d’une sociĂ©tĂ© incapable de sĂ©lectionner et trier ce qui constitue sa mĂ©moire ? Cette sociĂ©tĂ© hypermnĂ©sique court le risque de se trouver dans la situation de Funes, personnage d’une nouvelle de Borges, incapable de penser avec discernement, car penser c’est oublier des diffĂ©rences, c’est gĂ©nĂ©raliser, abstraire »16. Goulven Le Brech Milan Kundera, L’ImmortalitĂ©, Paris, Gallimard, collection Folio, 1993, p. 175 [↩]Dialoguer l’archive, sous la direction d’Isabelle Alfandary, Bry-sur-Marne, Institut national de l’audiovisuel, collection CollĂšge iconique, 2019 [↩]Dialoguer l’archive, p. 11 [↩]Dialoguer l’archive, p. 47 [↩]Dialoguer l’archive, p. 49 [↩]Dialoguer l’archive, p. 52 [↩]L’ImmortalitĂ©, p. 32 [↩]L’ImmortalitĂ©, p. 51 [↩]Dialoguer l’archive, p. 53 [↩]Dialoguer l’archive, p. 56 [↩]Dialoguer l’archive, p. 56 [↩]Jacques Derrida, Trace et archives, image et art, citĂ© dans Dialoguer l’archive, p. 56 [↩]Site du MĂ©morial de la Shoah, fiche pĂ©dagogique La destruction des traces » [↩]Jacques Derrida, Mal d’archive, citĂ© dans Dialoguer l’archive, p. 57 [↩]Dialoguer l’archive, p. 64 [↩]Jorge Luis Borges, Funes ou la mĂ©moire, Paris, Gallimard, collection Folio, 1974, p. 118 [↩] Fournir rĂ©guliĂšrement aux lecteurs d’Archivalises une recension des articles parus dans les revues Ă©trangĂšres est loin de constituer une sinĂ©cure. Tout d’abord, le nombre de revues, comme le nombre de numĂ©ros publiĂ©s chaque annĂ©e, est important. Encore nous concentrons-nous uniquement pour l’instant sur le monde anglo-saxon, ce qui laisse de cĂŽtĂ© des secteurs entiers de la rĂ©flexion archivistique internationale – mondes ibĂ©riques, germaniques, slaves, asiatiques, pour ne citer que ceux-lĂ . Et, mĂȘme pour le monde anglo-saxon, nous avons identifiĂ© rĂ©cemment une revue que nous ne connaissions pas, le Journal of Archival Organization. AccĂ©der Ă  ces revues et Ă  leurs livraisons, d’autre part, constitue un chemin semĂ© d’embĂ»ches. Aucune bibliothĂšque en France n’est abonnĂ©e Ă  l’ensemble de ces revues. Pendant la pĂ©riode du confinement, nous avons eu accĂšs Ă  Archives and Manuscripts et Ă  Archives and Records. Depuis la fin du confinement, ce n’est plus possible ! Nous essayons d’y remĂ©dier en demandant Ă  nos institutions de rattachement de s’abonner Ă  ces revues. The American Archivist, n° 82-2, 2019 Diana E. Marsh, Ricardo L. Punzalan, Jesse A. Johnston, Preserving Anthropology’s Digital Record CoPAR in the Age of Electronic Fieldnotes, Data Curation, and Community Sovereignty », p. 268-302. Le Council for the Preservation of Anthropological Records CoPAR a Ă©tĂ© créé dans les annĂ©es 1990 pour encourager les anthropologues et les institutions Ă  conserver les matĂ©riaux de terrain, Ă  identifier et localiser ces archives et Ă  en promouvoir la rĂ©utilisation. Devenu inactif au dĂ©but des annĂ©es 2000, le conseil a rĂ©orientĂ© ses activitĂ©s en direction des archives numĂ©riques dont il valorise l’accĂšs en ligne. L’article revient sur les conclusions d’un Ă©vĂ©nement scientifique qui s’est tenu en 2015 sur les nouveaux enjeux pour les archives anthropologiques, qui encourage une approche basĂ©e sur le cycle de vie et soucieuse de rĂ©pondre aux demandes des communautĂ©s. Jennifer G. Eidson, Christina J. Zamon, EAD Twenty Years Later A Retrospective of Adoption in the Early Twenty-first Century and the Future of EAD », p. 303-330. L’ Encoded Archival Description EAD, premiĂšre norme d’encodage d’instruments de recherche a Ă©tĂ© adoptĂ©e en 1998. À partir d’un premier sondage, puis d’un second, les autrices s’interrogent sur le moment du basculement vers une utilisation massive de la norme, sur les critĂšres de son adoption ou non dans les institutions et sur le rĂŽle moteur des technologies dans sa diffusion. Michelle Sweetser, Alexandra A. A. Orchard, Are We Coming Together? The Archival Descriptive Landscape and the Roles of Archivist and Cataloger », p. 331-380. L’évolution du format MARC, traditionnellement utilisĂ© en bibliothĂšque, a permis son adoption par la communautĂ© archivistique. À partir d’une enquĂȘte menĂ©e par l’Association des membres des bibliothĂšques universitaires amĂ©ricaine, les autrices montrent que la description archivistique reste rĂ©alisĂ©e par les archivistes malgrĂ© les compĂ©tences acquises par leurs collĂšgues bibliothĂ©caires et que les pratiques de description mobilisent des standards issus des deux mĂ©tiers. Gregory Wiedeman, The Historical Hazards of Finding Aids », p. 381-420. Cet article retrace les pratiques archivistiques amĂ©ricaines concernant l’utilisation des instruments de recherche et montre comment ces derniers ont influencĂ© la vision des archivistes concernant l’accĂšs aux documents. Il explique comment la comprĂ©hension qu’ils ont eue de cet outil a entravĂ© la standardisation de la description archivistique en tant que donnĂ©es. Samantha Abrams, Alexis Antracoli, Rachel Appel, Celia Caust-Ellenbogen, Sarah Denison, Sumitra Duncan, Stefanie Ramsay, Sowing the Seeds for More Usable Web Archives A Usability Study of Archive-It », p. 440-469. Une Ă©tude a Ă©tĂ© menĂ©e en 2017 par le groupe d’utilisateurs d’Archive-it, qui constitue le premier outil utilisĂ© pour l’archivage du web. Elle interroge les attentes et opinions des utilisateurs de l’outil et identifie des perspectives d’amĂ©lioration, malgrĂ© une opinion globalement positive. Brady D. Lund,Shari Scribner, Developing Virtual Reality Experiences for Archival Collections Case Study of the May Massee Collection at Emporia State University », p. 470-483. La Collection May Massee de l’UniversitĂ© d’Emporia a fait l’objet d’une Ă©tude de cas sur l’utilisation de technologies de rĂ©alitĂ© virtuelle pour la valorisation du fonds d’archives. L’article montre que ces techniques, maintenant dĂ©mocratisĂ©es, peuvent ĂȘtre mobilisĂ©es par un stagiaire ou un Ă©tudiant pour valoriser les archives, sans reprĂ©senter une charge de travail ou un coĂ»t trop importants. Kathryn G. Matheny, Instruction Consultation for Archives Visits Why No One Talks About It, and Why They Should », p. 484-507. Cet article s’intĂ©resse Ă  la nĂ©gociation entre professeurs et archivistes lors de la venue des classes universitaires dans les services d’archives. Il identifie quatre enjeux d’une collaboration productive entre ces deux acteurs le passage Ă  des pĂ©dagogies actives, la difficultĂ© que rencontrent les chercheurs Ă  comprendre les besoins des plus jeunes, la complexitĂ© des demandes faites aux services d’archives et les relations difficiles entre archivistes et membres du corps enseignant. Marcella Huggard, Laura Uglean Jackson, Practices in Progress The State of Reappraisal and Deaccessioning in Archives », p. 508-547. Un sondage a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ© en 2017 auprĂšs des archivistes amĂ©ricains et canadiens pour connaĂźtre leurs pratiques de réévaluation et d’aliĂ©nation des fonds. Il montre que ces pratiques sont courantes dans la profession, mais qu’elles ne sont pas toujours menĂ©es de maniĂšre Ă©thique et responsable, faute de transparence dans le choix des critĂšres d’évaluation. April Karlene Anderson-Zorn, Digging Up the Past Archival Issues with Found Time Capsules at Illinois State University », p. 548-565. Lors de la destruction d’un dortoir de l’UniversitĂ© d’État de l’Illinois, deux capsules temporelles ont Ă©tĂ© retrouvĂ©es. Par ce terme, l’autrice dĂ©signe des matĂ©riaux historiques reprĂ©sentatifs d’une culture qui ont Ă©tĂ© dĂ©posĂ©s avec l’objectif d’ĂȘtre prĂ©servĂ©s jusqu’à leur dĂ©couverte future. Elle s’interroge sur l’intĂ©gration de ces matĂ©riaux aux fonds de l’universitĂ© et sur les bonnes pratiques Ă  mettre en Ɠuvre lors de telles dĂ©couvertes. Paul Conway, Robert B. Markum, Performers First Gift Exchange and Digital Access to Live Folk Music Archives », p. 566-597. Le projet dĂ©crit ici porte sur la sauvegarde et la valorisation d’enregistrements de musique folk des annĂ©es 1969-1980. Les auteurs font part de leurs idĂ©es de solution des difficultĂ©s liĂ©es au copyright et Ă  la propriĂ©tĂ© intellectuelle et de valorisation de ces musiques en streaming. Frank J. Boles, To Everything There Is a Season », p. 598-617. L’auteur examine trois idĂ©es rĂ©pandues dans la communautĂ© archivistique et qui influencent les pratiques de conservation les archivistes devraient crĂ©er une documentation universelle de l’activitĂ© humaine ; le souci de la justice sociale devrait inspirer les dĂ©cisions de sĂ©lection ; les archivistes dĂ©tiennent une forme de pouvoir unique Ă  travers l’évaluation. Ces trois idĂ©es ont selon lui conduit la profession Ă  considĂ©rer qu’elle doit travailler Ă  un futur plus Ă©quitable, mais aussi plus moral. Il plaide au contraire pour une autonomie locale et des missions propres Ă  chaque service d’ The American Archivist, n° 83-1, 2020 Emily Larson, Big Questions Digital Preservation of Big Data in Government », p. 5-20. Cet article part du postulat que les gouvernements recourent de plus en plus massivement aux technologies du big data pour prendre leurs dĂ©cisions, en mobilisant des masses de donnĂ©es hĂ©tĂ©rogĂšnes quoique parfois inexactes. L’autrice analyse en consĂ©quence le big data au regard des thĂ©ories archivistiques, et tout particuliĂšrement des travaux du groupe InterPARES a-t-on affaire Ă  des records ? Quels problĂšmes pose-t-il aux records managers et archivistes ? Faut-il procĂ©der Ă  l’archivage des donnĂ©es concernĂ©es ? Si oui, comment ? Elle estime qu’une intervention archivistique peut rĂ©duire un certain nombre de risques associĂ©s Ă  l’existence de ces donnĂ©es, insiste tout particuliĂšrement sur l’importance de la contextualisation de celles-ci lors de leur prise en charge provenance des donnĂ©es, modalitĂ©s de fonctionnement et d’utilisation de l’agrĂ©gat constituĂ© et conclut sur la capacitĂ©, via l’archivage, Ă  rendre aux individus un pouvoir sur leurs donnĂ©es. Elle invite donc les archivistes Ă  s’investir sur le sujet. Veronica Ehrenreich-Risner, Reading Geographical Names as Text Refiguring the “Living Archive” in Postcolonial South Africa », p. 21-56. Cet article analyse le processus de renommage des lieux en Afrique du Sud aprĂšs la fin de l’Apartheid. L’autrice soutient que les noms de lieux constituent des outils de domination et que le lieu et son nom se combinent pour crĂ©er une archive vivante » living archive de la structure du pouvoir au moment du changement de nom. C’est, selon elle, l’intention perçue dans le renommage qui dĂ©termine son acceptation ou non. Edward Janak, What Do You Mean It’s Not There? Doing Null History », p. 57-76. Cet article part du constat qu’un chercheur peut, dans un dĂ©pĂŽt d’archives, constater l’absence d’archives qui devraient normalement s’y trouver et que cette absence a autant de sens que la prĂ©sence des mĂȘmes archives. Pour illustrer son propos, l’auteur prend l’exemple de l’action au Texas du General Education Board, fondation philanthropique de la famille Rockfeller, qui n’est connue que par le Rockfeller Archive, sans qu’aucune trace en existe dans les archives de l’État du Texas. L’absence d’archives oblige le chercheur Ă  dĂ©placer son centre d’attention vers cette absence et ses causes. Jessica Holden,Ana Roeschley, Privacy and Access in the Massachusetts Society for the Prevention of Cruelty to Children Records », p. 77-90. Cet article dĂ©crit la politique et les procĂ©dures d’accĂšs mises en place par l’universitĂ© du Massachusetts Ă  l’égard des archives de la Massachusetts Society for the Prevention of Cruelty to Children MSPCC, en Ă©troite collaboration avec cette derniĂšre. Le principal objectif de l’UniversitĂ© est de garantir l’accĂšs aux survivants des abus, tout en respectant leur vie privĂ©e quand la demande d’accĂšs provient de tiers. Ciaran B. Trace, Maintaining Records in Context A Historical Exploration of the Theory and Practice of Archival Classification and Arrangement », p. 91-127. Cet article, premier d’une sĂ©rie de deux, est consacrĂ© Ă  la naissance des concepts de classification et de classement aux États-Unis. L’autrice explore 60 ans de littĂ©rature professionnelle 1900-1960 pour mettre en lumiĂšre tant les enjeux historiques, sociaux, Ă©conomiques et technologiques que les circonstances de leur Ă©mergence. Elle dĂ©montre que les notions de classification et de classement sont emblĂ©matiques de l’identitĂ© et des aspirations de la profession. Elles s’inscrivent dans un champ de connaissances Ă  la fois tacite et dĂ©clarĂ©, matĂ©rialisĂ© par la pratique, et pourtant toujours remis en question par les changements politiques et sociaux. Le second article couvrira la pĂ©riode qui nous sĂ©pare des annĂ©es 1960. Peter Botticelli, Curating Digital Surrogates in a Museum Archives The Historic Boards Collection at the Peabody Museum of Archaeology and Ethnology at Harvard University », p. 128-143. Cet article propose une analyse croisĂ©e des mĂ©thodes de curation numĂ©rique propres aux archives et aux musĂ©es Ă  partir d’un cas pratique la collection photographique numĂ©risĂ©e du Peabody Museum of Archaeology and Ethnology de l’universitĂ© Harvard. Il montre les consĂ©quences des pratiques documentaires sur la recherche et l’interprĂ©tation de ces photographies. L’utilisation d’un logiciel de gestion des objets musĂ©aux ainsi que les choix effectuĂ©s en termes de prise de vue – numĂ©risation de chaque photographie et non des fiches créées au dĂ©but du 20e siĂšcle qui rassemblaient plusieurs photographies – et d’indexation – reprise des lĂ©gendes correspondant Ă  chaque photographie sans tenir compte des autres lĂ©gendes prĂ©sentes sur chaque fiche – ont un impact important. L’article insiste in fine sur l’importance du caractĂšre itĂ©ratif du travail de numĂ©risation et d’indexation. Carli V. Lowe, Partnering Preservation with Sustainability », p. 144-164. Cet article s’interroge, via une importante revue de littĂ©rature, sur les moyens que les archivistes peuvent mettre en Ɠuvre pour s’inscrire dans une logique de dĂ©veloppement durable, principalement en termes de conception et de gestion de bĂątiment d’archives recours Ă  des techniques de construction traditionnelle, application de la mĂ©thodologie dĂ©veloppĂ©e par Hugo StehkĂ€mper, ancien directeur des Archives historiques de la ville de Cologne. Il invite cependant Ă  Ă©largir la perspective Ă  tous les aspects de la pratique archivistique, comme les politiques de collecte – notamment d’archives numĂ©riques – et de numĂ©risation. Archival science, vol. 20, n°2, 2020 Amelia Acker, Adam Kreisberg, Social media data archives in an API2 driven world », p. 105-123. Cet article s’intĂ©resse aux enjeux de la conservation et de l’accĂšs aux donnĂ©es des API. AprĂšs avoir Ă©voquĂ© les problĂšmes que posent l’extraction et la conservation des donnĂ©es issues de ces API, les auteurs dĂ©crivent les utilisations potentielles des archives des mĂ©dias sociaux et s’intĂ©ressent aux conditions gĂ©nĂ©rales des services, qui constituent une difficultĂ© dans l’archivage. Ils terminent en analysant les premiĂšres initiatives de conservation de donnĂ©es issues d’API au sein des archives communautaires et universitaires, ou encore Ă  travers les partenariats entre les entreprises et les universitĂ©s. Lauren Haberstock, Participatory description decolonizing descriptive methodologies in archives », p. 125-138. Cet article part du postulat que les archives doivent ĂȘtre dĂ©crites et contextualisĂ©es d’une maniĂšre qui garantisse la multiplicitĂ© des approches et qui reflĂšte notamment les systĂšmes de pensĂ©es des communautĂ©s qui les ont produites ou qui sont concernĂ©es par celles-ci. L’autrice plaide en consĂ©quence pour le dĂ©veloppement d’une description des archives plus collaborative, prenant davantage en compte la voix des communautĂ©s. Elle cite, Ă  titre d’exemple, quatre projets menĂ©s au Canada et aux États-Unis le Digital Archives and Marginalized Communities Project DAMC Ă  l’UniversitĂ© du Manitoba ; the Ashiwi Awan Museum and Heritage Center AAMHC au Nouveau-Mexique ; le Decolonizing Description Working Group DDWG des bibliothĂšques de l’UniversitĂ© de l’Alberta Libraries UAL ; le Native Canadian Centre de Toronto. Si son discours se situe dans le contexte du dĂ©bat autour de la dĂ©colonisation et de l’amĂ©lioration des relations avec les communautĂ©s indigĂšnes, il pose aussi la question de la diversitĂ© des modalitĂ©s d’accĂšs aux archives et de la nĂ©cessitĂ© de faciliter diffĂ©rentes reprĂ©sentations, et donc diffĂ©rentes voies d’accĂšs Ă  celles-ci. Tessa Hauswedell, Julianne Nyhan, M. H. Beals, Melissa Terras, Emily Bell, Of global reach yet of situated contexts an examination of the implicit and explicit selection criteria that shape digital archives of historical newspaper », p. 139-165. Les autrices examinent ici les facteurs institutionnels, intellectuels, Ă©conomiques, techniques, pratiques et sociaux qui prĂ©sident aux choix liĂ©s Ă  la diffusion de journaux en ligne. Des entretiens semi-directifs ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©s avec des responsables de numĂ©risation de journaux publics et privĂ©s. Ils montrent la tendance des journaux Ă  numĂ©riser en prioritĂ© des articles qui intĂ©ressent leur public, ce qui conduit les autrices Ă  plaider pour une meilleure prise en compte de l’utilisateur final en archivistique. Tianjiao Qi, Rural archives in China over the past 40 years », p. 167-185. Cet article prĂ©sente les services d’archives dans le monde rural en Chine et leur dĂ©veloppement depuis la fin des annĂ©es 1970, que ce soit au niveau des villages administratifs ou des communautĂ©s rurales. Il expose les principaux rĂ©sultats obtenus et explique les dĂ©fis auxquels sont confrontĂ©s aujourd’hui ces services d’archives, notamment en terme de dĂ©veloppement du travail en rĂ©seau. Michael Karabinos, Acknowledging the shadows », p. 187-196. L’auteur rĂ©pond aux critiques adressĂ©es Ă  son idĂ©e de continuum de l’ombre » par Viviane Frings-Hessami dans le n° 20 d’Archival Science3 . Il rappelle que son propos n’est pas de remplacer le modĂšle du Records continuum, mais de montrer qu’il peut comporter des phases d’obscuritĂ©. Le modĂšle en effet fonctionne bien quand la pluralisation » des archives est acquise, mais pas du tout lorsque personne ne connaĂźt leur existence, comme ce fut longtemps le cas pour certaines archives coloniales britanniques rapatriĂ©es en Angleterre et gardĂ©es secrĂštes par le Foreign Office pendant plusieurs dĂ©cennies. De ce fait le schĂ©ma alternatif proposĂ© par Viviane Frings-Hessami ne lui semble pas constituer une nouveautĂ©, mais complexifier inutilement le modĂšle. Archivaria, n° 89, 2020 Elspeth H. Brown, Archival Activism, Symbolic Annihilation, and the LGBTQ2+4 Community Archive», p. 6-33. L’autrice, membre du conseil d’ArQuives et directrice du programme collaboratif d’histoire orale numĂ©rique LGBTQ2+ LGBTQ2+ Oral History Digital Collaboratory, constate que les archives des communautĂ©s LGBTQ2+ ne se situent plus nĂ©cessairement en dehors des courants archivistiques dominants et que le contenu des documents d’archives de ces centres peut entraĂźner l’ annihilation symbolique » des histoires des minoritĂ©s trans, noirs, autochtones
. Cet article dĂ©crit le travail menĂ© dans le cadre du programme collaboratif d’histoire orale numĂ©rique LGBTQ2+ pour encourager l’adoption d’un cadre de travail intersectionnel et inclusif pour les trans dans les archives communautaires LGBTQ2, favorisant la valorisation des archives de ces communautĂ©s dans une approche postcustodiale. Alexandra Mills, DĂ©sirĂ©e Rochat, Steven High, Telling Stories from Montreal’s Negro Community Centre Fonds. The Archives as Community-Engaged Classroom », p. 34-69. L’universitĂ© Concordia de MontrĂ©al a dĂ©veloppĂ© un cours d’histoire pour les Ă©tudiants de premier cycle autour du fonds d’archives du Negro Community Centre, un centre de la communautĂ© noire anglophone de MontrĂ©al, fermĂ© en 1992. Avec ces Ă©tudiants qui constituent les premiers lecteurs de ce fonds, l’objectif est de faire connaĂźtre l’histoire du centre et d’organiser son retour Ă  la communautĂ©. Ed Summers, Appraisal Talk in Web Archives », p. 70-103. À partir d’entretiens ethnographiques avec des archivistes du web, l’auteur montre un lien entre le discours des archivistes et les mĂ©thodes de sĂ©lection qu’ils mettent en Ɠuvre. Il analyse la façon dont les outils d’archivage du web façonnent leurs dĂ©cisions et leurs interactions avec les communautĂ©s qu’ils documentent. Nicole Gray, Toward an Embodied Poetics in Appraisal. Walt Whitman in the US National Archives », p. 106-127. L’autrice mobilise un ensemble de documents Ă©crits par le poĂšte Walt Whitman au nom du bureau du procureur gĂ©nĂ©ral des États-Unis pour dĂ©montrer que le crĂ©ateur de documents d’archives est en fait une entitĂ© composĂ©e de nombreux acteurs, comme les commis dont le travail est passĂ© sous silence. À partir des concepts de Records continuum et de multivers archivistiques, elle prĂ©sente une approche poĂ©tique de l’évaluation et met l’accent sur les interactions humaines en tant que facteurs importants dans la production et la conservation d’archives. RenĂ©e Saucier, Medical Cartography in Southern Ontario, 1880–1920. A Records Perspective », p. 130-163. Cet article propose une analyse archivistique des cartes de maladies produites en Ontario Ă  la fin du 19e siĂšcle et au dĂ©but du 20e siĂšcle. L’autrice les considĂšre non seulement comme des outils de santĂ© publique, mais aussi comme des documents de gestion des donnĂ©es qui reflĂštent les technologies d’un gouvernement libĂ©ral. Archives, vol. 48, n°1, 2019 NumĂ©ro spĂ©cial rĂ©alisĂ© Ă  l’occasion du 50e anniversaire de l’Association des archivistes du QuĂ©bec AAQ. Dominic Forest, Sabine Mas, ValĂ©rie Rioux, Vincent LariviĂšre, BenoĂźt Macaluso, Cartographier l’évolution du contenu de la revue Archives au moyen des techniques de fouille de textes et de bibliomĂ©trie », p. 7-39. Cet article prĂ©sente un projet d’analyse lexicomĂ©trique du contenu de la revue Archives pour la pĂ©riode 1994-2016, en utilisant les techniques de fouille de textes ainsi qu’une analyse bibliomĂ©trique. Via l’analyse des 236 documents constituant le corpus – qui exclut comptes rendus de lecture et notes de la rĂ©daction – sont ainsi successivement Ă©tudiĂ©s le vocabulaire utilisĂ© et les thĂ©matiques abordĂ©es dans la revue, le poids respectif des hommes et des femmes, le nombre et l’origine des rĂ©fĂ©rences utilisĂ©es, ainsi que leur Ă©volution dans le temps. Les auteurs conçoivent cette recherche comme un premier essai d’usage de ces mĂ©thodes sur le corpus, qu’il conviendrait de mettre en regard avec une analyse qualitative. Louise Gagnon-Arguin, L’Association des archivistes du QuĂ©bec Ă  travers “ses” histoires », p. 41-53. Cet article recense et commente l’ensemble des articles Ă©crits sur l’histoire de l’AAQ, identifiant les moments d’écriture et thĂ©matiques abordĂ©es, et aboutissant Ă  une nouvelle histoire de l’association Ă  travers les textes ». CĂ©line Gendron, Les archives manuscrites avouent ! Papier d’écriture en Nouvelle-France au XVIIe siĂšcle usages, usagers et catĂ©gories de documents », p. 55-87. Compte rendu d’une recherche doctorale menĂ©e sur le papier et son usage en Nouvelle-France au 17e siĂšcle, Ă  partir d’une Ă©tude des documents conservĂ©s dans diffĂ©rentes institutions. Sont successivement prĂ©sentĂ©es les huit catĂ©gories d’usage identifiĂ©es par l’auteur, illustrĂ©es par leur fonction, leurs acteurs et un exemple reprĂ©sentatif. Danielle LĂ©ger, Théùtre Ă  MontrĂ©al, 1825-1930 un rĂ©cit visuel mettant en scĂšne des documents patrimoniaux », p. 89-106. Cet article rend compte d’un projet de recherche-diffusion » sur l’histoire des arts du spectacle Ă  MontrĂ©al Théùtre Ă  MontrĂ©al, 1825-1930 qui a abouti Ă  la crĂ©ation d’un site web donnant accĂšs, Ă  partir d’une approche gĂ©ographique, aux ressources textuelles et iconographiques principalement conservĂ©es par BibliothĂšque et Archives nationales du QuĂ©bec BanQ. Jacques Rouillard, Sortir de la Grande Noirceur grĂące aux documents d’archives », p. 107-143. L’auteur montre dans cet article comment la consultation d’archives l’a amenĂ© Ă  remettre en cause le mythe de la Grande noirceur », forgĂ© par les sociologues des annĂ©es 1950 et selon lequel, jusqu’aux annĂ©es 1960, le QuĂ©bec aurait Ă©tĂ© uniquement placĂ© sous le signe du conservatisme clĂ©rical. Ses travaux d’histoire Ă©conomique, sociale et politique montrent au contraire que le QuĂ©bec n’est pas en retard sur les autres provinces, sans pour autant minorer l’importance de la RĂ©volution tranquille » survenue dans les annĂ©es 1960 et qui constitue une accĂ©lĂ©ration des Ă©volutions prĂ©cĂ©dentes. Archives, vol. 48, n°2, 2019 Bogdan Florin Popovici, Records in context vers un nouveau niveau dans la description archivistique ? », p. 7-39. Cet article constitue une prĂ©sentation sommaire du projet de modĂšle conceptuel de description archivistique Records in Context RiC, Ă©laborĂ© par le Conseil international des archives CIA. Il s’appuie surtout sur une riche revue critique des concepts archivistiques principe de provenance, description arborescente ayant servi de base Ă  la conception des actuelles normes du CIA – notamment ISADG – au regard des approches postmodernes, tout en reconnaissant que leur adoption a constituĂ© une Ă©tape importante de l’histoire professionnelle. Il conclut sur les objectifs attendus de l’adoption de cette nouvelle approche de la description archivistique. William Yoakim, WikipĂ©dia, Wikimedia Commons et Wikisource, un eldorado de visibilitĂ© », p. 41-81. L’auteur prĂ©sente la fondation Wikimedia et ses diffĂ©rents projets notamment Wikipedia et Wikimedia Commons. Selon lui, les services d’archives ont intĂ©rĂȘt Ă  contribuer Ă  l’encyclopĂ©die en ligne, Ă  condition de se fixer dĂšs le dĂ©part quelques rĂšgles de base et de s’y tenir dĂ©terminer des prioritĂ©s en matiĂšre de contribution mettre en ligne des images de documents sur Wikimedia Commons ou enrichir les articles de WikipĂ©dia par des rĂ©fĂ©rences aux sources d’archives ou encore Ă©diter des textes dans Wikisource, agir en lien avec la fondation, en essayant d’ĂȘtre en phase avec ses projets, et surtout avec la communautĂ© des wikipĂ©diens, en participant aux dĂ©bats au sein de la communautĂ© et en effectuant une veille sur les modifications que certains apportent aux contributions du service, et enfin Ă©voquer rĂ©guliĂšrement ces contributions parmi les actualitĂ©s du service. Anne-Marie Charuest, Les archives dans les entreprises industrielles le cas de Casavant FrĂšres », p. 83-120. Cet article rend compte d’un stage effectuĂ© par l’autrice au sein de l’entreprise de facteurs d’orgues Casavant FrĂšres de Saint-Hyacinthe. La prĂ©sentation du stage s’inscrit dans une rĂ©flexion plus gĂ©nĂ©rale sur la difficile conservation des archives d’entreprises au QuĂ©bec et sur les options envisageables pour amĂ©liorer celle-ci. GeneviĂšve PichĂ©, Le Centre de recherche en civilisation canadienne-française CRCCF de l’UniversitĂ© d’Ottawa 60 ans dĂ©vouĂ©s Ă  la mĂ©moire documentaire des francophones du Canada », p. 121-136. Cet article prĂ©sente l’histoire et les activitĂ©s du Centre de recherche en littĂ©rature canadienne française CRLCF de l’universitĂ© d’Ottawa, devenu en 1968 Centre de recherche en civilisation canadienne-française CRCCF, chargĂ© de prĂ©server la culture française en Ontario. Il insiste en conclusion sur les dĂ©fis auxquels est confrontĂ© le CRCCF aujourd’hui espace de stockage insuffisant ; retards dans le traitement des fonds ; collecte d’archives numĂ©riques. Normand Charbonneau, DĂ©colonisation et rĂ©conciliation, les rĂŽles institutionnels et personnels », p. 137-148. Cet article rappelle l’historique des relations entre le gouvernement fĂ©dĂ©ral et les populations autochtones au Canada, prĂ©sente les grandes lignes du programme de rĂ©conciliation gouvernemental ainsi que les actions menĂ©es par BibliothĂšque et Archives Canada BAC, ainsi que son engagement en faveur de ce programme. Raymond Frogner, Qui sont ces enfants perdus ! Origine et conception du registre des noms des enfants autochtones dĂ©cĂ©dĂ©s dans le systĂšme des pensionnats du Canada, selon le Centre national pour la vĂ©ritĂ© et rĂ©conciliation », p. 149-159. Cet article prĂ©sente le projet de constitution d’un registre des enfants autochtones disparus dans les pensionnats créés par l’administration coloniale en vue d’acculturer les populations autochtones. Ce registre, créé par le Centre national pour la vĂ©ritĂ© et la rĂ©conciliation CNVR et alimentĂ© en Ă©troite relation avec les communautĂ©s autochtones, comporte une version publique et une version Ă  accĂšs restreint, comportant l’ensemble des donnĂ©es Ă  caractĂšre personnel concernant les enfants disparus. Johanna Smith, Benjamin Ellis, Revitaliser les cultures et les langues autochtones au Canada les nouvelles initiatives de BibliothĂšque et Archives Canada », p. 161-170. Cet article rend compte des actions menĂ©es par BibliothĂšque et Archives Canada BAC dans le cadre du programme d’amĂ©lioration des relations entre le gouvernement fĂ©dĂ©ral et les populations autochtones. Parmi les initiatives prises par BAC, sont prĂ©sentĂ©s le projet de numĂ©risation des collections concernant les populations autochtones ; la production de guides et d’instruments de recherche dĂ©diĂ©s ; le projet Écoutez pour entendre nos voix, qui vise Ă  soutenir la prĂ©servation et la diffusion des enregistrements en langue autochtones ; la crĂ©ation de postes d’archivistes localisĂ©s dans les collectivitĂ©s autochtones ; le dĂ©veloppement de l’indexation collaborative pour redonner un nom aux autochtones photographiĂ©s par les institutions fĂ©dĂ©rales et pour faciliter la description des contenus eux-mĂȘmes. Le programme est appuyĂ© par une sensibilisation du personnel aux enjeux de la rĂ©conciliation et Ă  une plus grande association des populations autochtones au fonctionnement de BAC via un Cercle consultatif autochtone. Magalie Moysan et Édouard Vasseur La traduction de cet article a Ă©tĂ© publiĂ©e ici les 9 et 21 mai 2020 [↩]Interface de programmation [↩]Voir la prĂ©cĂ©dente recension de revues d’archivistique Ă©trangĂšres publiĂ©e ici le 1er mai 2020 [↩]Personnes lesbiennes, gaies, bisexuelles, trans, queers et en questionnement [↩] Seconde partie de la traduction par Archivalises de l’article de Frank Boles paru dans The American Archivist en 2019 Les sources archivistiques peuvent aussi nous aider Ă  comprendre la Prohibition, exemple d’exigence morale largement partagĂ©e dans le passĂ© et gĂ©nĂ©ralement rejetĂ©e aujourd’hui. L’abus d’alcool est aux États-Unis un problĂšme historique et contemporain1. Pendant la majeure partie du 19e et au dĂ©but du 20e siĂšcle, les campagnes d’interdiction du rhum satanique » comportaient des appels et Ă  la morale et Ă  la justice. Dans les annĂ©es 1840, la plupart des Églises protestantes, notamment les MĂ©thodistes, entreprirent une croisade morale pour que boire devĂźnt illĂ©gal. Une des nombreuses chansons du mouvement rĂ©sume bien le lien entre morale chrĂ©tienne et tempĂ©rance 1. Maintenant, l’armĂ©e de la TempĂ©rance est en marche, / RevĂȘtue de l’armure des chrĂ©tiens. / Aimons notre devise, capitaine chrĂ©tien, / Prohibition est notre chant. REFRAIN Oui, l’armĂ©e de la TempĂ©rance est en marche / Et elle marchera pour toujours, / Et notre triomphe retentira / Tout autour du monde, de rive en rive. / Marchons, marchons encore / Et notre triomphe retentira / Tout autour du monde, de rive en rive. 2. Maintenant, l’armĂ©e de la TempĂ©rance est en marche. / Fermes et stables dans notre marche, / Voyez, les mĂšres nous conduisent, / Marchant fiĂšrement en tĂȘte. 3. Maintenant, l’armĂ©e de la TempĂ©rance est en marche, / Épouses et sƓurs formant une foule / Criant “Prohibition totale” / Tandis que nous marchons bravement2. » De nombreux chrĂ©tiens fĂȘtĂšrent, la nuit du 16 janvier 1920, l’entrĂ©e en vigueur du 18e amendement prohibant la production et la vente d’alcool aux États-Unis. L’évangĂ©liste Billy Sunday, connu dans tout le pays, y vit la victoire d’une croisade morale Le rĂšgne des pleurs est terminĂ©. Les taudis ne seront bientĂŽt plus qu’un souvenir. Nous transformerons nos pĂ©nitenciers en usines et nos prisons en magasins et en silos. Les hommes dĂ©sormais marcheront droit ; les femmes souriront et les enfants riront. Pour toujours, il sera Ă©crit “à louer” Ă  la porte de l’Enfer »3. Que la Prohibition pĂ»t ĂȘtre abolie, que le sens moral qui avait conduit Ă  l’interdiction lĂ©gale de la vente d’alcool pĂ»t Ă©voluer Ă©tait impensable. Le sĂ©nateur amĂ©ricain Morris Sheppard, promoteur de l’amendement, assura avec confiance Il y a autant de chance que le 18e amendement soit aboli qu’il y a de chance pour un colibri de voler jusqu’à la planĂšte Mars avec le Washington Monument attachĂ© Ă  la queue »4. La dĂ©cision morale avait Ă©tĂ© prise publiquement. Exit le dĂ©mon de la boisson. Valise Ă  double-fond du temps de la Prohibition servant Ă  transporter clandestinement des flasques d’alcool The Mob Museum, Las Vegas Mais le 5 dĂ©cembre 1933 un colibri arriva sur Mars vu que le Washington Monument Ă©tait toujours visible dans la capitale nationale, il n’était apparemment pas attachĂ© Ă  la queue de l’oiseau, et Satan dĂ©crocha le panneau À louer » que Billy Sunday avait installĂ© Ă  la porte de l’Enfer. Ce jour-lĂ , le 18e amendement fut aboli. L’écrasant consensus moral faisant de la Prohibition une nĂ©cessitĂ© s’était effondrĂ©. En treize ans une demande de justice sociale soutenue par trois quarts de siĂšcle de plaidoyers et coalisant la volontĂ© politique de modifier la constitution des États-Unis Ă©tait rĂ©duite Ă  nĂ©ant. Illustration Ă©tonnante d’un rĂ©visionnisme historique, la Prohibition, d’abord prĂ©sentĂ©e comme la geste d’une lĂ©gion de chrĂ©tiens en armures marchant vers une sociĂ©tĂ© plus juste et plus morale Ă©tait passĂ©e au statut de signal d’alarme national contre les effets pervers et l’intervention intempestive du gouvernement. Si l’abolition de l’esclavage tĂ©moigne d’un consensus de longue date sur l’immoralitĂ© d’une institution et si la Prohibition montre qu’un mouvement en faveur de la justice sociale peut aussi bien gagner que perdre ses soutiens, l’avortement nous permet de voir Ă  quel point la comprĂ©hension de la justice sociale peut ĂȘtre difficile Ă  l’époque contemporaine. L’avortement est l’un des sujets les plus Ăąprement discutĂ©s dans la politique amĂ©ricaine contemporaine. Il soulĂšve de profondes questions morales concernant les droits individuels et ce qui constitue la vie humaine. C’est une question qui conduit des personnes apparemment raisonnables Ă  des positions morales violemment opposĂ©es. Ceux qui en doutent devraient lire les propos d’Adam Gopnik, qui qualifie l’avortement d’ une des plus grandes victoires morales de l’histoire de l’humanitĂ© – la pleine Ă©mancipation des femmes » et les comparer Ă  ceux de Frank Pavone, qui trouve dans la Bible des preuves rĂ©pĂ©tĂ©es que l’identitĂ© d’une personne reste la mĂȘme, in utero ou aprĂšs la naissance, et conclut donc que l’avortement est immoral5. Mon but en abordant le sujet de l’avortement n’est pas de plaider cette cause, mais d’éclairer la question de dĂ©cider de ce qui est juste en un temps de profond dĂ©saccord public. Certains hocheront solennellement la tĂȘte en entendant Gopnik et voudront Ă©duquer des gens comme Pavone dont l’opinion, selon eux, s’enracine dans de vieux prĂ©jugĂ©s. D’autres seront d’accord avec Pavone et prieront pour que les individus comme Gopnik en viennent Ă  comprendre que l’avortement est un pĂ©chĂ©. Les personnes profondĂ©ment engagĂ©es d’un cĂŽtĂ© ou de l’autre ne seront probablement pas d’accord, mais la conclusion d’un observateur impartial est que la rĂ©solution finale de la question, ce qui sera retenu comme une justice constitutive, est aujourd’hui incertaine. Le dĂ©bat sur l’esclavage montre aux archivistes que le temps est un alliĂ© et qu’il permet Ă  la sociĂ©tĂ© de s’emparer de questions morales qui touchent Ă  la justice. Le dĂ©bat sur la Prohibition montre que non seulement le consensus sur la justice sociale peut changer, mais que ce changement peut ĂȘtre rapide. Ce qui est jugĂ© aujourd’hui peut ĂȘtre dĂ©jugĂ© demain. Le dĂ©bat contemporain sur l’avortement montre le flou d’opinions contradictoires qui brouille la prise en temps rĂ©el de dĂ©cisions basĂ©es sur la morale. Tous ces exemples permettent d’aller plus loin et de dire que la façon dont la morale construit le consensus public en matiĂšre de justice est complexe, dynamique et mallĂ©able. Morale et justice sociale ne sont ni tout Ă  fait noires ni tout Ă  fait blanches6. On doit donc se demander comment les archivistes agissant en temps rĂ©el vont dĂ©cider de ce qui constitue la justice sociale. On a dĂ©jĂ  Ă©voquĂ© le fait que, pour Verne Harris, cette question est problĂ©matique7. Cependant, mĂȘme si Harris a Ă©ludĂ© le sujet de maniĂšre significative et que Jimerson a rĂ©cusĂ© la question comme indigne d’un archiviste, il n’en reste pas moins que si les archivistes font de la justice sociale une valeur professionnelle fondamentale, ils doivent expliquer comment cela peut fonctionner en pratique. Que faire lorsqu’il n’y a pas de consensus public, comme dans le cas de l’avortement, ou lorsque le consensus change soudainement, comme dans le cas de la Prohibition ? Toute Ă©valuation8 doit ĂȘtre fondĂ©e sur des hypothĂšses, qu’elles soient morales, scientifiques ou mĂȘme esthĂ©tiques, et, consciemment ou non, tous les archivistes vont formuler des hypothĂšses lors de l’évaluation. Le plus problĂ©matique dans les arguments en faveur de la justice sociale n’est pas que les convictions morales puissent changer ou que tel ou tel archiviste pensera connaĂźtre les rĂ©ponses – hypothĂšse qui doit Ă©galement ĂȘtre examinĂ©e – mais que les membres de la profession veuillent atteindre un consensus sur ce qu’est la justice sociale et que la communautĂ© archivistique se fasse l’avocate d’un ensemble de croyances morales plutĂŽt que d’un autre. Des archivistes s’y sont essayĂ©s. Tout archiviste de la RĂ©publique dĂ©mocratique allemande pouvait apprendre les principes pour la dĂ©termination des valeurs de Gerhard Enders, d’inspiration socialiste Le matĂ©rialisme dialectique et historique est le fondement scientifique de la formulation et de l’application des principes unifiĂ©s de dĂ©termination de la valeur. Parce qu’il a fourni une mĂ©thode d’identification des lois inhĂ©rentes qui dĂ©terminent le dĂ©veloppement de la sociĂ©tĂ©, il offre Ă©galement des normes scientifiques pour juger de la valeur des documents provenant de l’activitĂ© de l’État, du secteur Ă©conomique et de la sociĂ©tĂ© »9 . Un archiviste est-allemand n’a qu’à lire Marx pour comprendre la morale dans le monde et ĂȘtre pour ou contre le systĂšme d’oppression ». Faute d’un tel dogme politique gĂ©nĂ©ral aux États-Unis, on peut, en s’efforçant de dĂ©finir ce sujet particulier qu’est la justice sociale, imaginer une rĂ©union professionnelle du congrĂšs annuel de la SAA oĂč des personnes engagĂ©es contre le systĂšme d’oppression » prĂ©senteraient une rĂ©solution dĂ©finissant l’oppression et demandant aux archivistes de la combattre. Cela est tout Ă  fait possible, et clairement problĂ©matique. On pourrait, bien sĂ»r, Ă©viter cette situation redoutable en disant que les archivistes n’ont pas nĂ©cessairement besoin d’aboutir Ă  un consensus sur ce qui est moral ou socialement juste. Les documents conservĂ©s dans une institution archivistique pourraient ĂȘtre dĂ©terminĂ©s par la morale personnelle de l’archiviste et sa comprĂ©hension de ce qu’est la justice sociale. Mais lier la constitution des archives Ă  ce que considĂšre comme moral l’archiviste qui les constitue violerait les rĂšgles professionnelles existantes10. Les dĂ©marches personnelles, quelles que soient leur origine et leurs intentions, n’ont aucune lĂ©gitimitĂ© professionnelle. Il n’existe pas de mĂ©thode permettant de dire avec certitude si ce qu’un ou une archiviste tient sincĂšrement pour vrai, est rĂ©ellement moral ou juste. Il se trouvera quelques archivistes pour dire qu’ils sont certains » que le temps ratifiera leur opinion et qu’ils sont Ă  mĂȘme de faire les bons choix d’évaluation dans le cadre de leur dĂ©marche de justice sociale. Je respecte la hardiesse de ces individus, mais je rejette l’applicabilitĂ© professionnelle de ce qui reste pour moi une croyance ou une intuition. En pratique, cela ne diffĂšre pas beaucoup de l’argument des archivistes allemands du 19e siĂšcle, abandonnĂ© depuis longtemps, le FingerspitzengefĂŒhl, un sens intuitif de ce qu’il fallait conserver11. Compter sur une version 21e siĂšcle du FingerspitzengefĂŒhl pour rĂ©soudre les questions de morale et de justice me prĂ©occupe surtout en raison de l’insularitĂ© croissante et peut-ĂȘtre sans prĂ©cĂ©dent de notre discours national et de sa tendance Ă  attaquer et souvent diaboliser ceux avec qui nous ne sommes pas d’accord. Les sarcasmes de Donald Trump visant Ă  diaboliser les DĂ©mocrates sont hĂ©las courants. Lors des Ă©lections de mi-mandat de 2018, les discours de Trump dĂ©crivaient un univers effrayant rempli de DĂ©mocrates enragĂ©s » qui sont devenus trop extrĂȘmes [
] Et ils sont devenus, franchement, trop dangereux pour gouverner. Ils sont devenus tarĂ©s » ; et pas seulement tarĂ©s, ils veulent tout dĂ©truire ». Ils sont le parti du crime ». Si cette caractĂ©risation ne peut ĂȘtre taxĂ©e de vision rationnelle et nuancĂ©e des DĂ©mocrates ou des personnes qui votent dĂ©mocrate, il faut se rappeler que les DĂ©mocrates recourent Ă©galement Ă  une rhĂ©torique simpliste et apocalyptique. Hillary Clinton s’y est notoirement livrĂ©e lorsqu’elle a dĂ©clarĂ© qu’il y avait deux types de partisans de Trump les dĂ©plorables », composĂ©s de bigots de tous poils, et les dĂ©sespĂ©rĂ©s du changement », qui n’avaient apparemment pas la perspicacitĂ© nĂ©cessaire pour voir clair dans le sophisme de Trump. Être extrĂȘmement gĂ©nĂ©raliste » et dĂ©clarer que tous les Ă©lecteurs qui choisissent votre adversaire sont soit dĂ©plorables, soit idiots n’est pas trĂšs diffĂ©rent de dĂ©clarer, en utilisant une palette tout aussi grossiĂšre et injuste, que tous vos adversaires sont fous ou criminels12. Malheureusement, on retrouve la mĂȘme attitude envers ceux avec qui on n’est pas d’accord dans la littĂ©rature archivistique. Mario H. Ramirez en offre un exemple quand il Ă©crit Ce manque d’engagement sur les questions de diversitĂ©, et plus particuliĂšrement de diversitĂ© raciale, dĂ©montre une incapacitĂ© Ă  considĂ©rer ce qui est problĂ©matique pour 89 % des archivistes qui sont blancs. Si le blanc est normatif, si ses bĂ©nĂ©ficiaires privilĂ©giĂ©s ne voient pas de quelle façon ils sont complices et en position de grand avantage ce qui accroĂźt d’autant leurs perspectives professionnelles, alors comment peut-on faire face honnĂȘtement Ă  la question d’une diversitĂ© croissante de changer le systĂšme qui, justement, la supprime ? »13. Si ses bĂ©nĂ©ficiaires privilĂ©giĂ©s [blancs] ne voient pas de quelle façon ils sont complices » est une dĂ©claration basĂ©e sur des stĂ©rĂ©otypes. Sans jamais prĂ©ciser combien de ces archivistes blancs ignorent leur privilĂšge, s’il existe, Ramirez suggĂšre que certains d’entre eux, ou peut-ĂȘtre beaucoup, ou peut-ĂȘtre la plupart, le sont. Ramirez poursuit en s’interrogeant sur les motivations des archivistes blancs pour identifier ceux qu’il perçoit comme les principaux mĂ©chants de la profession. Être blanc et mĂąle
 sont les critĂšres pour maintenir un petit groupe fortement privilĂ©giĂ© au sommet de la pyramide archivistique »14. À l’appui de cette observation, Ramirez mentionne les Ă©crits de Mark Greene et conclut L’article de Greene 15 met en Ă©vidence une certaine rĂ©sistance Ă  l’autorĂ©flexivitĂ© au sein de la communautĂ© archivistique et, de plus, est emblĂ©matique d’une incapacitĂ© Ă  rĂ©flĂ©chir de maniĂšre critique sur la race, la couleur de peau et le positionnement socioculturel »16. Je suis moins gĂȘnĂ© par l’opinion de Ramirez sur Greene, car elle situe le problĂšme supposĂ© dans les Ă©crits d’une personne en particulier et offre ainsi l’occasion de discuter l’opinion de Ramirez sur le fond, que par la description de Greene comme homme de paille au service d’un petit » groupe d’hommes blancs au sommet de la pyramide archivistique ». Cette formulation de Ramirez attaque, de nouveau, un groupe sur la base de caractĂ©ristiques dĂ©mographiques. Combien y a-t-il d’hommes blancs dans ce petit » groupe ? Une douzaine, ou deux douzaines, ou peut-ĂȘtre une centaine ? Peut-ĂȘtre qu’un petit nombre d’hommes blancs en haut de la pyramide archivistique est l’exception Ă  cette caractĂ©risation ? Ou peut-ĂȘtre que le sommet de la pyramide archivistique » devrait ĂȘtre dĂ©fini plus largement pour dĂ©signer la plupart des hommes blancs. De telles affirmations non sourcĂ©es qui se traduisent par des allĂ©gations, plus ou moins subtiles, fondĂ©es sur des caractĂ©ristiques dĂ©mographiques portant sur la masculinitĂ© blanche sont intellectuellement intenables. Comme le note Ibram X. Kendi, gĂ©nĂ©raliser le comportement des individus blancs racistes Ă  tous les Blancs est aussi dangereux que de gĂ©nĂ©raliser les fautes individuelles des personnes de couleur Ă  des races entiĂšres
 Nous voyons et nous nous rappelons souvent la race et non l’individu. Faire entrer de force nos expĂ©riences avec les gens dans des cases raciales dĂ©finies par la couleur, c’est de la catĂ©gorisation raciste ». Si nous cessions tous de parler en confondant le comportement individuel avec les caractĂ©ristiques du groupe, notre discours professionnel et national en tirerait profit. Avant de conclure, il est important de poser une derniĂšre question comment les archivistes en sont-ils venus Ă  croire qu’ils ont le pouvoir de crĂ©er un miroir de la sociĂ©tĂ© et/ou d’apporter un soutien critique Ă  la cause de la justice ? À premiĂšre vue, cela semble trĂšs exagĂ©rĂ© pour une profession qui a souvent le rĂ©flexe de dĂ©plorer son manque d’influence et de ressources. Si les archivistes se proclament rĂ©guliĂšrement Ă  la poursuite d’un noble objectif, ils ajoutent en gĂ©nĂ©ral qu’ils sont le plus souvent mĂ©prisĂ©s et ignorĂ©s17. Si les archivistes pensent pouvoir atteindre ces deux objectifs, c’est principalement parce que l’idĂ©e de pouvoir des archives est de moins en moins nuancĂ©e. Les archives dĂ©tiennent certes un pouvoir et le manifestent de maniĂšre Ă  la fois Ă©vidente et subtile. C’est important de le souligner quand le pouvoir archivistique soigneusement construit est une explication sensĂ©e du rĂŽle des archives et des archivistes dans la sociĂ©tĂ©. Le problĂšme est que les archivistes, mĂȘme engagĂ©s dans une explication prudente de l’idĂ©e, finissent souvent par dĂ©finir le contexte du pouvoir archivistique en des termes ambitieux qui surĂ©valuent le concept. Prenons, par exemple, le discours de Rand Jimerson, prĂ©sident de la SAA, en 2005, intitulĂ© Assumer le pouvoir des archives »18. On trouverait difficilement un meilleur document pour donner un bref aperçu de cette idĂ©e. Mais, comme la plupart des prĂ©sidents de la SAA et un bon nombre d’auteurs sur les archives, Jimerson a sorti le grand jeu pour la conclusion – les gĂ©nĂ©ralisations dont on espĂšre que les gens se souviendront quand ils auront oubliĂ© les dĂ©tails et les nuances de la prĂ©sentation19 considĂ©rant le symbolisme et la substance des archives et de la mission archivistique, assumons le pouvoir des archives. Acceptons l’obligation solennelle d’utiliser la Force pour le Bien et non pour le Mal. Faisons en sorte que les archives protĂšgent l’intĂ©rĂȘt public plutĂŽt que les privilĂšges des puissantes Ă©lites de la sociĂ©tĂ© »20. Il conclut son discours en disant C’est cela, ĂȘtre une profession. Nous devons servir tous les secteurs de la sociĂ©tĂ©. Notre objectif doit ĂȘtre de garantir des archives du Peuple, par le Peuple et pour le Peuple. En assumant le pouvoir des archives, nous pouvons remplir notre rĂŽle dans la sociĂ©tĂ© »21. VoilĂ  une enivrante perspective. Il y a lĂ  une justification intellectuelle et un soutien total aux idĂ©es archivistiques sur la justice sociale, une incitation Ă  se prĂ©occuper des petits, des sans-grades, Ă  leur faire place dans les archives et, implicitement, Ă  crĂ©er le miroir de la sociĂ©tĂ© prĂ©conisĂ© par Ham. Mais c’est aussi le genre de rhĂ©torique qui, sortie de son contexte original et sans rĂ©fĂ©rence Ă  d’autres Ă©lĂ©ments d’information pertinents, surestime le pouvoir des archives et les droits qui en dĂ©coulent. Un article de Christine Anne George illustre jusqu’oĂč peut aller une telle exagĂ©ration, quand elle affirme qu’ il est impĂ©ratif que les archivistes dĂ©fendent un privilĂšge archivistique »22. Comme l’explique George, le privilĂšge », au sens juridique du terme, consiste Ă  reconnaĂźtre que certaines prĂ©occupations sociales sont plus importantes que le processus juridique ». Lorsqu’une communication est couverte par un privilĂšge, le juge ne peut pas obliger une partie Ă  partager des informations apprises de l’autre. À titre d’exemples de privilĂšges juridiques couramment admis dans les tribunaux amĂ©ricains, citons les Ă©changes entre les avocats et leurs clients, entre conjoints, entre les thĂ©rapeutes ou les mĂ©decins et leurs patients et entre les prĂȘtres et leurs pĂ©nitents23. George plaide pour l’ajout d’un privilĂšge archivistique Ă  cette liste de privilĂšges juridiques existants. Le privilĂšge archivistique protĂ©gerait des yeux inquisiteurs du gouvernement et de tierces parties les fonds privĂ©s donnĂ©s aux services d’archives dont l’acte de don interdirait l’accĂšs. L’idĂ©e n’est pas nouvelle. En 1986, un tribunal fĂ©dĂ©ral, examinant cette revendication dans l’affaire opposant Wilkinson au FBI, a rejetĂ© l’application de l’idĂ©e dans le cas considĂ©rĂ©24. Pour George, le fait mĂȘme que la loi ne retienne pas aujourd’hui cette possibilitĂ© conduit Ă  plaider pour un nouveau privilĂšge au sein de la loi. En tant que gardiens des archives, les archivistes doivent impĂ©rativement revendiquer un privilĂšge archivistique, sujet qui devient rĂ©current. Tant que la communautĂ© archivistique ne comprendra pas l’importance du privilĂšge archivistique et ne travaillera pas Ă  son adoption, les collections seront en danger. Au vu de l’importance des enjeux, les archivistes ont le devoir d’ĂȘtre proactifs en matiĂšre de privilĂšge archivistique »25. La position de George dĂ©coule logiquement d’une lecture assez large du concept de pouvoir archivistique, teintĂ©e d’une rĂ©fĂ©rence Ă©thique renvoyant Ă  la justice sociale. Ce sont les archives du Peuple, par le Peuple et pour le Peuple »26 qui remplissent notre propre rĂŽle dans la sociĂ©tĂ© »27. C’est aussi une extrapolation imprudente des droits des archivistes du fait de l’attitude des donateurs d’archives privĂ©es. Pour mesurer combien cela est imprudent, regardons de plus prĂšs l’affaire que George voudrait mettre Ă  l’abri des regards inquisiteurs des enquĂȘteurs du gouvernement. L’enquĂȘte porte sur la mort de Jean McConville en Irlande du Nord. McConville, veuve et mĂšre de dix enfants, a disparu » en 1972 pendant le conflit nord-irlandais. L’idĂ©e s’était rĂ©pandue qu’elle avait Ă©tĂ© assassinĂ©e par des membres de l’IRA qui la soupçonnaient d’ĂȘtre un informateur de l’armĂ©e britannique. Le problĂšme soulevĂ© Ă©tait l’accĂšs Ă  des tĂ©moignages oraux non publics conservĂ©s au Boston College aux États-Unis, qui, pour les autoritĂ©s britanniques, Ă©taient susceptibles de fournir des preuves sur les assassins de Jean McConville. Les autoritĂ©s britanniques avaient demandĂ© l’accĂšs Ă  ces documents et requis du gouvernement des États-Unis leur production en justice en Grande-Bretagne en vertu d’un traitĂ© d’assistance mutuelle entre le Royaume-Uni et les États-Unis. Comme George le concĂšde elle-mĂȘme, le Belfast Project28 n’est peut-ĂȘtre pas l’instrument idĂ©al pour dĂ©fendre le privilĂšge archivistique ». La raison invoquĂ©e par George est que non seulement la situation politique est difficile, mais il y a aussi le problĂšme d’un traitĂ© international »29. Manifestement, tout ce qui concerne le conflit nord-irlandais est chargĂ© politiquement. Et l’existence d’un traitĂ© international complique la situation juridique. Mais que dire de l’idĂ©e que le privilĂšge d’archives » devrait ĂȘtre utilisĂ© par les archivistes Ă©thiques » pour soustraire des informations Ă  une enquĂȘte sur le meurtre d’une veuve mĂšre de dix enfants ? Comme l’a Ă©crit le juge dans l’affaire Wilkinson en 1986, la protection recherchĂ©e ici se rĂ©sumerait finalement Ă  dire que le simple fait de confier des documents Ă  un “service d’archives” les protĂ©gerait contre le processus judiciaire, y compris la communication prĂ©alable. Braden [la demanderesse] ne prĂ©tend pas que les documents recherchĂ©s seraient “privilĂ©giĂ©s” si elle les avait conservĂ©s par devers elle. L’arrĂȘt ne fait que confirmer que les documents sont aussi accessibles aprĂšs leur dĂ©pĂŽt dans des archives que s’ils avaient Ă©tĂ© conservĂ©s par le donateur »30. À l’opposĂ© de l’arrĂȘt Wilkinson, l’affirmation d’un privilĂšge archivistique suppose un monde oĂč un archiviste peut occulter des preuves si un meurtrier est assez intelligent pour donner ses documents compromettants Ă  un service d’archives en en interdisant l’accĂšs. Cette proposition devrait amener la communautĂ© archivistique Ă  rĂ©flĂ©chir Ă  la fois sur la dĂ©ontologie professionnelle et sur le concept de pouvoir archivistique. La mission archivistique est-elle importante au point que la sociĂ©tĂ© puisse donner aux archivistes le pouvoir lĂ©gal de mettre les preuves de meurtres et autres prĂ©sumĂ©s crimes hors de portĂ©e de la justice demandĂ©e immĂ©diatement par la sociĂ©tĂ© ? J’imagine que certains archivistes rĂ©pondront par l’affirmative Ă  cette question, sans hĂ©siter, et Ă©carteront mon argument au motif que tout principe juridique peut avoir des rĂ©sultats imprĂ©vus et parfois indĂ©sirables. J’espĂšre que la grande majoritĂ© de la communautĂ© archivistique y verra plutĂŽt un excĂšs, une revendication Ă  la fois extraordinaire et injustifiable. Les meurtriers et autres criminels ne devraient pas pouvoir cacher les preuves de leurs crimes sur les conseils d’un avocat intelligent et d’un archiviste complice, ou peut-ĂȘtre naĂŻf, qui aurait validĂ© l’acte de don. Il s’agit, Ă  mon avis, d’une vision exagĂ©rĂ©e et inappropriĂ©e du pouvoir des archivistes et de la raison d’ĂȘtre des archives. S’agissant du pouvoir des archives, les archivistes et la littĂ©rature archivistique devraient adopter une vision beaucoup plus modĂ©rĂ©e. AprĂšs avoir dĂ©couvert ce qu’un sceptique pourrait appeler un marchĂ© de niche incluant le pouvoir des archives, les archivistes devraient prendre conscience des limites de ce marchĂ©. En pratique, le pouvoir des archives se limite Ă  des situations trĂšs Ă©troitement dĂ©finies. Le pouvoir de notre profession est en grande partie intellectuel, parfois juridique, et, en de trĂšs rares occasions, digne de faire la une des journaux. De mĂȘme, une reconnaissance professionnelle du caractĂšre limitĂ© de nos capacitĂ©s devrait inspirer les objectifs archivistiques d’évaluation et de documentation. Les archivistes ne peuvent pas crĂ©er un miroir sociĂ©tal ; ils ne peuvent mĂȘme pas dĂ©finir Ă  quoi ce miroir pourrait ressembler. Les archivistes ne sont pas des acteurs majeurs dans le domaine de la justice sociale, mĂȘme si les documents d’archives jouent parfois un rĂŽle important dans les affaires de justice sociale. La meilleure façon de concevoir le pouvoir des archives est peut-ĂȘtre de partir de cette observation ironique de Leonard Wibberley MalgrĂ© la supĂ©rioritĂ© de la plume sur l’épĂ©e, l’épĂ©e parle toujours plus haut et plus fort »31. De mĂȘme, alors que le pouvoir des archives permet aux sociĂ©tĂ©s de reconsidĂ©rer leurs croyances fondamentales Ă  travers les documents que les archivistes conservent et rendent accessibles, le plus souvent, les archives s’avĂšrent un instrument de justice peu maniable et hypothĂ©tique32. Pour reprendre les mots de Christopher Hurley, je crois que les archivistes peuvent et doivent documenter les atrocitĂ©s commises par les institutions qui les emploient33. Je laisse Ă  d’autres le soin de dĂ©terminer si ces archivistes sont alors complices du crime ou agissent dans l’espoir secret qu’un jour ces documents serviront Ă  traduire les criminels en justice. La rĂ©alitĂ© de l’Allemagne pendant la Seconde Guerre mondiale ou celle du Cambodge entre 1975 et 1979 montre les limites de la justice sociale et du pouvoir des archives, au sens large34. Les archivistes qui sauvegardent et inventorient des documents dans le cadre de leur travail peuvent ĂȘtre considĂ©rĂ©s comme de simples Uriah Heep35, voire des Uriah Heep au service de Satan, mais alors ces Uriah Heep s’avĂšrent Ă©tonnamment dĂ©pourvus d’obsĂ©quiositĂ© et d’une rare habiletĂ© Ă  voir plus loin que le prĂ©sent et Ă  prĂ©parer la voie Ă  quelque chose d’autre, parfois meilleur. Une vision nuancĂ©e du pouvoir des archives et une approche raisonnĂ©e de ce qu’il rend possible amĂšnent notamment Ă  conclure que 1. Les missions de la plupart des institutions archivistiques vont centrer les archivistes sur les prioritĂ©s institutionnelles. Un archiviste qui s’est contentĂ© de remplir correctement sa mission institutionnelle n’a pas failli professionnellement. Au contraire, il ou elle aura contribuĂ© Ă  diversifier les archives et Ă  Ă©viter que toute la documentation sociĂ©tale cĂšde au piĂšge d’une direction unique, prĂ©pondĂ©rante mais peut-ĂȘtre inconsidĂ©rĂ©e. La diversitĂ© des missions garantit des parcours documentaires diffĂ©rents36. 2. Plus particuliĂšrement, un archiviste ne manque ni au professionnalisme ni Ă  l’éthique si le mandat archivistique qu’il met en Ɠuvre ne se prĂȘte pas Ă  combler des lacunes documentaires spĂ©cifiques, Ă  tracer la vie d’individus marginalisĂ©s ou Ă  rĂ©pondre Ă  un appel Ă  la justice sociale. Les archivistes agissent en tant que gardiens des objectifs de leur institution. Les archivistes ne sont pas des acteurs de l’information indĂ©pendants qui suivent leur muse ou leur moralitĂ© personnelle. 3. Surtout, la justice sociale n’est pas une valeur archivistique essentielle. De nombreuses organisations travaillent pour la justice. Quiconque pense avoir pour mission de promouvoir la justice devrait s’impliquer dans une organisation correspondant Ă  cette vocation plutĂŽt que d’essayer de faire des archives l’instrument de sa passion personnelle. Le monde est rempli de saints et de pĂ©cheurs, mais la dĂ©finition de la saintetĂ© ou du pĂ©chĂ© varie selon le lieu et l’époque. La diversitĂ© des institutions archivistiques est la meilleure garantie que saints et pĂ©cheurs seront les uns et les autres reprĂ©sentĂ©s dans les archives. Peu importe qui est dĂ©signĂ© comme tel par les historiens de l’époque ou les influenceurs moraux du moment. De mĂȘme, peu importe qui est un saint ou un pĂ©cheur pour l’archiviste qui collecte et conserve les documents. L’EcclĂ©siaste dit il y a un temps pour tout et un moment pour toute chose sous le ciel »37. Documenter ces moments dans toutes leurs diffĂ©rences et au mieux de nos compĂ©tences professionnelles, tout en rĂ©pondant aux prioritĂ©s institutionnelles, est l’accomplissement le plus complet de l’archiviste. En 2010, l’abus d’alcool aurait, selon les estimations de l’administration de la santĂ©, tuĂ© 88 000 personnes aux États-Unis et coĂ»tĂ© Ă  l’économie environ 250 milliards de dollars. Plus convaincant encore est l’article publiĂ© dans The Lancet par Robert Burton et Nick Sharon le 23 aoĂ»t 2018, qui dit tout bonnement La directive du mĂ©decin-chef du Royaume-Uni Ă©tablissant “qu’aucune consommation d’alcool n’est sans danger” suscite ici un fort consensus ». [↩] Kieffer, The Temperance Army, Cleveland, 1874, site de la BibliothĂšque du CongrĂšs [↩]John Kobler, Ardent Spirits The Rise and Fall of Prohibition New York G. P. Putnam, 1973, p. 12 [↩]Charles Merz, The Dry Decade. Seattle Washington University of Washington Press, 1969, p. ix [↩]Adam Gopnik, Arguing Abortion » , The New Yorker, 28 novembre 2014. Frank Pavone, The Bible’s Teaching Against Abortion », site Priests For Life, 8 avril 2009 [↩]S’agissant de justice, il faut noter que d’un point de vue philosophique, la notion de justice renvoie finalement aux valeurs morales communĂ©ment admises. Comme la discussion de la justice sociale s’inspire fortement de considĂ©rations philosophiques, c’est un point de discussion essentiel pour les archivistes qui militent pour la justice sociale le droit » est relatif, et non absolu. Voir HPP Hennie Lötter, Injustice, Violence, and Peace The Case of South Africa Amsterdam Rodopi, 1997, p. 16 [↩]Verne Harris, Archives and Justice A South African Perspective Chicago Society of American Archivists, 2006 [↩]NdT il s’agit ici de l’évaluation archivistique, celle qu’opĂšre l’archiviste afin de sĂ©lectionner ce qui doit ĂȘtre conservĂ© [↩]Gerhard Enders, Archivverwaltungslehre [NdT Principes d’administration des archives], citĂ© et traduit [en anglais] dans Hans Booms et alii, Society and the Formation of a Documentary Heritage Issues in the Appraisal of Archival Sources », Archivaria, 24 1987, p. 96 [↩]Il ressort de la dĂ©claration des valeurs fondamentales et du code d’éthique de la SAA ce sentiment que les archivistes ne sont pas des acteurs indĂ©pendants. ParticuliĂšrement significatif est ce passage du code Les archivistes ne doivent pas tirer indĂ»ment profit d’un accĂšs privilĂ©giĂ© et du contrĂŽle des archives et des sources documentaires. Ils font leur travail, conscients de devoir assurer la bonne conservation des documents qui leur sont confiĂ©s. Les archivistes doivent faire preuve d’intĂ©gritĂ© professionnelle et Ă©viter les conflits d’intĂ©rĂȘts. Ils s’efforcent d’équilibrer les intĂ©rĂȘts parfois contradictoires des diffĂ©rentes parties prenantes ». À noter qu’une institution archivistique peut dĂ©cider d’adopter une position morale dans son programme. Un centre d’archives peut aussi bien collecter des sources sur le mouvement pro que sur le mouvement anti-avortement [↩]Booms, Society 
 », p. 85 [↩]Pour un bref aperçu de la rhĂ©torique de la campagne 2018 du prĂ©sident Trump, voir John T. Bennett, Trump’s Stump Speeches Describe Democrat-Run Hellscape », site Roll Call, 11 octobre 2018. Les commentaires dĂ©plorables » d’Hillary Clinton du 9 septembre 2016, souvent citĂ©s, peuvent ĂȘtre consultĂ©s sur Politifact [↩] Mario H. Ramirez, Being Assumed Not to Be A Critique of Whiteness as an Archival Imperative », American Archivist, 78, n° 2 2015, p. 350 [↩]Ramirez, Being Assumed 
 », p. 351 [↩]Mark A. Greene, A Critique of Social Justice as an Archival Imperative What Is It We’re Doing That’s All That Important ? », American Archivist, 76, n° 2 2013, p. 302-334 [↩]Ramirez, Being Assumed 
 », p. 339. Clairement, je pense que l’argument de Ramirez selon lequel Greene manque de rĂ©flexion critique sur ces questions est faux et formulĂ© de façon extrĂȘmement mesquine. J’invite Ă  lire Greene sur le sujet avec attention et rĂ©flexion et je crois qu’on aboutira ainsi Ă  se convaincre de la justesse de mon analyse. MĂȘme si, d’ailleurs, on peut ĂȘtre d’accord avec Ramirez Ă  propos de Greene, je veux ici souligner qu’il est dangereux de fonder une argumentation sur des catĂ©gorisations dĂ©mographiques peu prĂ©cises et contester l’usage polĂ©mique de sous-entendus visant les membres d’une mĂȘme catĂ©gorie dĂ©mographique [↩]Andrea Hinding, Of Archivists and Other Termites », American Archivist, 56, n° 1 1993, p. 55. David B. Gracy II, Archives and Society The First Archival Revolution », American Archivist, 47, n° 1 1984, p. 7-8 [↩]Randall Jimerson, Embracing the Power of Archives », American Archivist, 69, n° 1 2006, p. 19-32 [↩]Je plaide coupable du mĂȘme dĂ©lit et je parie que la plupart des anciens prĂ©sidents de la SAA, s’ils sont honnĂȘtes avec eux-mĂȘmes, feront de mĂȘme [↩]Jimerson, Embracing 
 », p. 32 [↩]Jimerson, ibidem [↩]Christine George, Archives Beyond the Pale Negotiating Legal and Ethical Entanglements after the Belfast Project », American Archivist, 76, n° 1 2013, p. 60 [↩]George, Archives Beyond 
 », p. 54 [↩]George, Archives Beyond 
 », p. 58-59. Pour un tableau plus approfondi de l’affaire de 1986, voir Harold L. Miller, Will Access Restrictions Hold Up in Court ? The FBI’s Attempt to Use the Braden Papers at the State Historical Society of Wisconsin », American Archivist, 52, n° 2 1989, p. 180-190 [↩]George, Archives Beyond 
 », p. 60-61 [↩]Jimerson, Embracing 
 », p. 28, qui cite Eric Ketelaar, Archival Image Hilversum Verloren, 1997, [↩]Jimerson, Embracing 
 », p. 32 [↩]NdT le Belfast Project est un ensemble de tĂ©moignages oraux de paramilitaires d’Irlande du Nord recueillis de 2001 Ă  2006 et conservĂ©s Ă  la Burns Library du Boston College [↩]George, Archives Beyond 
 », p. 61 [↩]Wilkinson c/ FBI, 111 FRD 432 1986, 443 [↩]Leonard Wibberley, The Mouse that Roared Boston Little, Brown and Company, 1954, p. 5. Cette citation peut ĂȘtre attribuĂ©e Ă  plusieurs sources. Edward Bulwer-Lytton prĂȘte des propos assez proches au cardinal de Richelieu dans une piĂšce de 1839. D’autres disent en avoir trouvĂ© d’autres occurrences bien antĂ©rieurement. Les personnes intĂ©ressĂ©es par le sujet peuvent consulter Alison Gee, Who First Said The pen is mightier than the sword’ », BBC News, 9 janvier 2015 [↩]Pour revenir Ă  l’exemple des Khmers rouges au Cambodge, les atrocitĂ©s du rĂ©gime de Pol Pot ont Ă©tĂ© commises entre 1975 et 1979. Les dirigeants Khmers rouges ont Ă©tĂ© condamnĂ©s pour la premiĂšre fois pour gĂ©nocide en 2018. Les preuves extraites des archives ont sans doute permis d’établir les responsabilitĂ©s de ces dirigeants, mais la cause de la justice sociale n’était pas si sĂ»re, et en tout cas guĂšre Ă©vidente Khmer Rouge Leaders Found Guilty of Cambodia Genocide », BBC News, 16 novembre 2018 [↩]Chris Hurley, The Evolving Role of Government Archives in Democratic Societies », communication prĂ©sentĂ©e Ă  la confĂ©rence annuelle de l’Association des Archivistes canadiens, Winnipeg, 9 juin 2001 [↩]Pour le dire clairement les archivistes peuvent devenir des martyrs en combattant des injustices telles qu’un gĂ©nocide, mais souffrir le martyre pour dĂ©fendre la morale ne fait pas partie des exigences professionnelles de base. Eric Ketelaar raconte comment, pendant la Seconde Guerre mondiale, des archivistes nĂ©erlandais, sans s’opposer ouvertement Ă  la dĂ©portation, ont nĂ©anmoins utilisĂ© leurs compĂ©tences pour contrer le gĂ©nocide. Ils ont falsifiĂ© des certificats de mariage qui ont permis Ă  des Juifs de prouver » aux fonctionnaires nazis qu’ils n’étaient pas lĂ©galement sujets Ă  la dĂ©portation et Ă  la mort. Toutefois, il est exagĂ©rĂ© d’appeler cela un acte de pouvoir archivistique. C’était hĂ©roĂŻque certes, mais sur la base de ce que sait tout archiviste soucieux de la sĂ©curitĂ© les personnes dont il faut le plus se prĂ©occuper sont celles qui savent comment manipuler le systĂšme. Les archivistes nĂ©erlandais qui ont forgĂ© des certificats de mariage ont utilisĂ© leurs connaissances pour jouer avec leur systĂšme d’archives – et avec les nazis – comme un premier violon joue avec un beau violon. C’était brillant, mais pas archivistique. À la fin, ils ont dĂ©truit les faux documents. Dans toutes leurs ruses, ils ont apparemment rĂ©ussi, en tant qu’archivistes, Ă  garder une trace de leurs forgeries en vue d’éventuelles corrections ultĂ©rieures voir Greene, A Critique 
 », p. 320 [↩]NdT Uriah Heep est un personnage de David Copperfield de Dickens qui se caractĂ©rise par sa servilitĂ© et son hypocrisie [↩] Institution », sous ma plume, dĂ©signe le service d’archives et sa mission, potentiellement diffĂ©rents de son entitĂ© de rattachement et de la mission de cette entitĂ©. De fait, ces missions peuvent parfois entrer en conflit. Un service d’archives, chargĂ© de constituer la mĂ©moire de l’institution dont il dĂ©pend, peut constater que celle-ci est rĂ©ticente Ă  ce que soient conservĂ©es les traces de certaines choses. On aurait tort, dans un tel cas, de poursuivre sa mission d’archivage et, si des comptes Ă©taient demandĂ©s, il faudrait expliquer le mieux possible la nĂ©cessitĂ© d’une documentation complĂšte. AprĂšs tout, si la direction veut un service de relations publiques, elle peut en crĂ©er un. Si elle continue Ă  douter de l’utilitĂ© d’un service d’archives et des fonds qu’il conserve, elle peut supprimer le service d’archives. L’idĂ©e n’est pas sĂ©duisante mais elle est honnĂȘte [↩]Eccl, III, 1 [↩] La derniĂšre livraison datĂ©e de 2019 de The American Archivist contient un article de Frank J. Boles intitulĂ© To Everything There Is a Season », qui a suscitĂ©, dĂšs sa parution en pre-print, un dĂ©bat trĂšs vif. Il nous a paru utile de le faire connaĂźtre en français et nous remercions l’auteur et la Society of American Archivists de nous l’avoir permis. Du fait de la longueur de l’article, sa traduction, due Ă  HĂ©lĂšne Guichard-Spica, paraĂźtra ici sous la forme de deux billets successifs. Il y a un temps pour tout et un moment pour toute chose sous le ciel1 De tous temps, les archivistes se sont dĂ©battus avec une problĂ©matique, cƓur de l’objet mĂȘme de la profession que doit-on garder, que ne doit-on pas garder ? Trois idĂ©es, qui ne sont pas toujours parallĂšles dans la littĂ©rature professionnelle, ont eu un impact profond sur ce que les archivistes conservent. L’idĂ©e que les archivistes doivent constituer les archives universelles de l’activitĂ© humaine, que la justice sociale puisse guider les dĂ©cisions de sĂ©lection et que les archivistes disposent d’une forme unique de pouvoir qui peut ĂȘtre exercĂ© lors de la sĂ©lection, ont conduit certains Ă  instaurer une obligation professionnelle conduisant Ă  construire un futur non seulement plus Ă©quitable, mais encore moral »2. La documentation universelle, la justice sociale et le pouvoir des archives sont des idĂ©es qui rendent nobles tant les archivistes que leur profession. Mais un examen approfondi de ces idĂ©es conduit Ă  la conclusion que ces notions ont moins de substance que ce que suggĂšrent leurs adeptes. Certaines doivent ĂȘtre entendues comme une aspiration plutĂŽt que comme une mise en action. D’autres se doivent d’ĂȘtre comprises dans un contexte mitigĂ©. Aucune n’est une recette miracle que les archivistes appliqueraient en fonction des circonstances. Une alternative Ă  ces idĂ©es se situe dans le mandat fixĂ© Ă  chaque service d’archives et dans la responsabilitĂ© documentaire spĂ©cifique qui en dĂ©coule. Le but de cet article est de dĂ©fendre la thĂšse, contre-intuitive, que le sujet de la profession ne procĂšde pas de l’ambition, enracinĂ©e dans la notion de pouvoir des archives, de constituer une documentation universelle ou de construire un monde plus juste, mais de l’autonomie locale et des missions propres Ă  chaque service d’archives. La diversitĂ© archivistique est le chemin le plus acceptable pour dĂ©montrer notre pouvoir, servir la justice et documenter la sociĂ©tĂ© le mieux possible. Comme c’est bien souvent le cas, il est prĂ©fĂ©rable de remonter aux sources pour expliquer ce qui a amenĂ© certains membres de la communautĂ© archivistique Ă  adopter l’idĂ©e que la mission de cette profession est bien la documentation universelle et la justice sociale joue un rĂŽle clĂ© dans la sĂ©lection, que le pouvoir des archives rend possible. L’appel Ă  une exhaustivitĂ© documentaire est un hĂ©ritage de F. Gerald Ham, qui appelait de ses vƓux des archives reprĂ©sentatives de l’expĂ©rience humaine de notre Ă©poque » et voulait que les archives ne fussent pas moins que le miroir de l’humanitĂ© »3. Ham est de ce fait celui qui a lancĂ© les archivistes dans la voie de l’exhaustivitĂ©4. L’appel de Ham fut alimentĂ©e en partie par la critique radicale des objectifs documentaires des archives prĂ©sentĂ©e quelques annĂ©es auparavant par Howard Zinn. Celui-ci incitait les archivistes Ă  devenir des agents du changement Ɠuvrant Ă  l’inclusion culturelle et Ă  la documentation des communautĂ©s marginalisĂ©es. Sa prĂ©sentation en 1970, Ă  la Society of American Archivists, est souvent citĂ©e comme le point de dĂ©part d’une littĂ©rature archivistique dĂ©sormais substantielle sur ce sujet5. La charge de Zinn peut ĂȘtre aussi lue comme les commencements d’un appel Ă  inclure la justice sociale dans les archives, bien qu’il ne l’ait pas exposĂ© aussi fermement que d’autres ont pu le faire depuis. L’idĂ©e d’une documentation sociale exhaustive, bien que de toute Ă©vidence sĂ©duisante, aurait dĂ» ĂȘtre rapidement contrecarrĂ©e sur le terrain de la pratique. Les promoteurs de l’exhaustivitĂ© ne se sont jamais intĂ©ressĂ©s aux obstacles gĂȘnants et systĂ©miques qui parsĂšment une telle trajectoire. En 1983, David Gracy sonnait l’alarme en ces termes L’incomprĂ©hension de nos publics et de ceux qui disposent du pouvoir d’attribuer des ressources pour nos magasins d’archives frappe au cƓur de notre existence et de notre capacitĂ© Ă  fonctionner. Avec des ressources diminuĂ©es, chaque activitĂ© liĂ©e aux archives souffre. Nous manquons de monde pour classer et dĂ©crire les archives, nous manquons d’espace pour collecter et conserver les documents patrimoniaux, nous manquons de ressources pour la prĂ©servation. Chacun d’entre nous en ressent les effets »6. En effet, les archivistes ont empruntĂ© un terme existant pour dĂ©crire cette situation, prĂ©tendant vivre dans une culture de la pauvretĂ© »7. Les archivistes partisans d’un archivage exhaustif de la sociĂ©tĂ© n’ont jamais dit comment aller d’une culture de la pauvretĂ© auto-perçue vers une culture oĂč des budgets suffisants pour une documentation universelle seraient disponibles. Lorsque ce sujet fut abordĂ©, Ă  l’issue d’une session de la confĂ©rence annuelle de la SAA ou au bar, la rĂ©ponse apportĂ©e fut plus ou moins identique Ă  celle que me confia un jour une de mes connaissances aux Archives nationales mon travail est de dĂ©busquer les archives qui doivent ĂȘtre sauvĂ©es – leur travail est de trouver l’argent pour sauver les archives »8. Leur » dĂ©signe ici les administratifs tels que David Gracy, et en l’occurrence, F. Gerald Ham. Alors que David Gracy et ses nombreux collĂšgues de l’administration et successeurs trouvaient parfois plus d’argent, ils n’en trouvaient jamais assez. C’était, et c’est toujours, une faille fondamentale pour la constitution d’archives exhaustives de l’humanitĂ©, que chaque responsable administratif d’archives devrait avoir clairement vue et que dĂ©sormais il doit voir. Certains archivistes continuent d’assĂ©ner que leur travail consiste Ă  sauver ce qui compte et que les problĂšmes administratifs ne les concernent pas. Bien que cet Ă©noncĂ© puisse ĂȘtre vu comme hardiment provocateur face Ă  la rĂ©alitĂ© budgĂ©taire, personne ne devrait ĂȘtre autorisĂ© Ă  simplement ignorer le fait historique que les archives, dans l’opinion de la communautĂ© archivistique, ont Ă©tĂ© et sont toujours sous-dotĂ©es. En effet, il serait sage que, lorsqu’ils pensent aux problĂšmes de financement de la conservation exhaustive des archives de la sociĂ©tĂ©, les archivistes se souviennent d’une des phrases favorites de la communautĂ© le passĂ© est garant de l’avenir / le passĂ© est un prologue » et qu’ils agissent en consĂ©quence. Quoi qu’il en soit, contester un objectif visionnaire tel que la documentation universelle en invoquant des questions pratiques semble d’une certaine maniĂšre erronĂ©. Cela remplace l’idĂ©alisme par une triste rĂ©alitĂ© qui Ă©touffe Ă  la fois vision et initiative. Ce qui empĂȘche d’atteindre l’exhaustivitĂ© n’est pas simplement pratique. Plus troublante encore que la question du financement est l’incapacitĂ© des archivistes Ă  dĂ©finir ce qu’ils feraient si on leur donnait toutes les ressources qu’ils souhaitaient. En dĂ©pit de l’abondante littĂ©rature relative Ă  la reprĂ©sentation exhaustive de l’expĂ©rience humaine dans les archives, les archivistes ont Ă©chouĂ© Ă  rĂ©pondre aux questions fondamentales qui dĂ©finiraient ces archives. Trois questions clĂ©s doivent ĂȘtre posĂ©es pour crĂ©er un miroir de l’humanitĂ© La dĂ©finition de l’expĂ©rience humaine les archivistes ont besoin de comprendre ce qui doit ĂȘtre documentĂ©. Quels acteurs et quelles actions les archivistes doivent-ils chercher Ă  documenter ? Une comprĂ©hension de l’univers des archives une fois dĂ©terminĂ© ce qu’il faut chercher Ă  documenter, les archivistes se doivent de comprendre quels documents existent pour Ă©tablir la base de cette documentation, ou pour un programme archivistique plus ambitieux, quelles archives ils auraient dĂ» chercher Ă  produire9. Qui dit reflet de l’HumanitĂ© dit vision totale des archives de l’humanitĂ©. Une dĂ©finition de ce qu’est un document d’archives reprĂ©sentatif Ă  supposer que les archivistes soient en mesure de dĂ©finir non seulement l’expĂ©rience humaine, mais aussi l’univers des Ă©lĂ©ments documentant cette expĂ©rience, les archivistes devront aussi s’accorder sur ce qu’est un document reprĂ©sentatif. La vĂ©ritĂ© dĂ©rangeante est que les archivistes sont incapables de rĂ©pondre Ă  ces questions et, de ce fait, ne peuvent crĂ©er ce miroir social de Ham. Des annĂ©es Ă  assister aux sessions et aux confĂ©rences annuelles de la SAA et Ă  lire la littĂ©rature m’ont conduit Ă  conclure que la meilleure rĂ©ponse que peut apporter la communautĂ©, comparĂ©e Ă  sa perception de l’existence d’un patrimoine archivistique, est la combinaison entre plus » et diffĂ©rent »10. La communautĂ© archivistique devrait admettre que l’espoir de documenter de maniĂšre holistique la sociĂ©tĂ© doit ĂȘtre abandonnĂ© du fait de l’incapacitĂ© perpĂ©tuelle de la communautĂ© Ă  dire clairement comment fonder et dĂ©finir ce but. Il est temps de laisser de cĂŽtĂ© l’appel des sirĂšnes du miroir documentaire et le dĂ©clarer pour ce qu’il est l’affirmation d’une ambition archivistique franche et inaccessible, indĂ©pendante de tout cadre intellectuel et de toute signification financiĂšre raisonnĂ©e. Souhaiter un miroir de la sociĂ©tĂ© au travers des archives est tout Ă  fait analogue aux bons vƓux que l’on Ă©change entre amis et voisins lors des fĂȘtes de fin d’annĂ©e. Tout comme l’invocation optimiste Bonne annĂ©e ! », c’est espĂ©rer, mais hors de contrĂŽle. Pour certains archivistes, rendre une justice sociale au travers de l’entreprise archivistique est, Ă  la surface, encore plus sĂ©duisant que la crĂ©ation d’un miroir sociĂ©tal. Une profession consacrĂ©e Ă  promouvoir la justice sociale est bien plus attrayante. Aussi noble que cela puisse paraĂźtre, dans le monde des archives, cette idĂ©e comme obligation tant professionnelle qu’universelle n’est pas viable. Comme le fait remarquer Ă©lĂ©gamment Mark Greene, les archivistes qui promeuvent la justice sociale comme une composante nĂ©cessaire des archives s’appuient sur certaines hypothĂšses11. La premiĂšre, suivant les mots de Verne Harris, est que tout pouvoir, finalement, est archontique. Si le travail des archives est de renforcer le pouvoir en vue du Bien, s’il s’agit d’un travail utilisant le pouvoir pour le Bien, alors cela doit ĂȘtre un travail de justice ». Ou dit autrement l’archiviste est un activiste de la mĂ©moire pour ou contre le systĂšme d’oppression »12. Comme le note Mark Greene, tant Harris que Rand Jimerson admettent qu’appeler les archivistes Ă  travailler pour le Bien », ce qui signifie, je suppose contre le systĂšme d’oppression », crĂ©e de graves problĂšmes potentiels. Harris Ă©crit, je peux volontiers admettre que l’argument [de justice sociale] est dangereux. Abandonner la notion de l’archiviste comme gardien impartial, comme intermĂ©diaire honnĂȘte, c’est ouvrir la porte aux archivistes militants poursuivant n’importe quel agenda politique »13. Jimerson lui aussi convient du danger d’une telle insertion, mais il rejette les archivistes passifs, pour cette raison mĂȘme. Jimerson Ă©crit que les archivistes qui suggĂšrent comme antidote, suivant les termes de Jimerson, la neutralitĂ© » et la passivitĂ© », se mettent en Ă©chec professionnel Voulons-nous vraiment ĂȘtre d’obsĂ©quieux Uriah Heep14 serviteurs de l’Histoire ? Nous devrions avoir plus de respect de nous-mĂȘme que cela »15. En fin de compte, le souhait de justice que Jimerson et Harris trouvent dans les missions d’archivistes les conduit Ă  ignorer de possibles problĂšmes et Ă  imposer aux archivistes l’obligation professionnelle de promouvoir la justice sociale. Les archivistes doivent rejeter ces obligations pour deux raisons. Selon Christopher Hurley, que Greene cite dans son article, il est tout Ă  fait possible de dĂ©finir le bon archivage dans des termes purement technocratiques. Dans la vraie vie, quoi qu’il en soit, nous ne pouvons pas nous dĂ©tacher de toute dimension morale »16. Mais le lien entre la conservation des archives et la morale est extrĂȘmement complexe. Pour faire valoir ce point de vue, Greene juxtapose la rĂ©fĂ©rence de Hurley aux archives de la Shoah, Ă  partir de l’exemple de Michelle Caswell Les documents créés par les Khmers Rouges pour conduire avec plus d’efficacitĂ© leur entreprise de torture et de meurtres, lorsqu’ils ont Ă©tĂ© conservĂ©s, ont une capacitĂ© incomparable Ă  Ă©tablir la responsabilitĂ© des anciens fonctionnaires du rĂ©gime ». Comme en conclut Greene, il n’est pas possible pour les archivistes, d’un cĂŽtĂ©, d’ĂȘtre en faillite morale s’ils sont activement impliquĂ©s dans la crĂ©ation et le maintien de systĂšmes d’archivage et d’archives sur les meurtres de masse et, d’un autre cĂŽtĂ©, d’ĂȘtre d’une grande rigueur morale lorsqu’ils assurent que ces mĂȘmes documents peuvent ĂȘtre utilisĂ©s pour condamner les meurtriers ». Les dĂ©fenseurs de la justice sociale revendiquent un monde, aux dires de Greene, trop noir et blanc, clair et net », un monde incapable de rendre compte au plus grand nombre des usages trĂšs diffĂ©rents auxquels un mĂȘme fonds d’archives peut ĂȘtre associĂ©17. Hurley lui-mĂȘme fait un point intĂ©ressant au regard de la complexitĂ© des bons programmes d’archivage lorsqu’il Ă©crit D’un point de vue Ă©goĂŻste, un argument respectable peut ĂȘtre avancĂ©, qui est que les archivistes ont plus Ă  gagner Ă  ĂȘtre employĂ©s par des dictateurs et des oppresseurs que par leurs opposants dĂ©mocratiques. Historiquement, les tyrans sont plus soucieux d’un bon archivage que les dĂ©mocrates. Les rĂ©gimes totalitaires sont reconnus pour ĂȘtre de bons archivistes »18. En d’autres termes, la dĂ©finition de l’évaluation ironiquement sous-entendue par Hurley est trop orientĂ©e vers la bureaucratie et le Records Management. Avec cette acception Ă©troite du RM appliquĂ© aux archives institutionnelles, Hurley, comme Greene, ignore une vision originale, institutionnelle de la crĂ©ation des documents, de leur usage Ă  long terme et de leur conservation comme archives qui prend en compte tous les aspects du processus en tant qu’élĂ©ments d’un continuum institutionnel unique. Caswell pousse le trait encore plus loin, nous forçant Ă  admettre que n’importe quel modĂšle archivistique pour penser et utiliser les archives ne peut s’appliquer Ă  tous les usagers des archives. Tant que les archives sont ouvertes Ă  tout utilisateur, les fondements moraux qui ont Ă©tĂ© Ă  l’origine de la crĂ©ation et de la conservation d’un ensemble spĂ©cifique de documents ne crĂ©ent pas un cadre permanent qui interdise les diffĂ©rentes utilisations morales des documents. Les Khmers Rouges, comme beaucoup d’autres rĂ©gimes totalitaires, avaient besoin de pratiques d’archivage efficaces pour torturer et tuer leurs opposants. Ces mĂȘmes mĂ©thodes d’archivage deviennent des preuves permettant de traduire en justice les dirigeants Khmers Rouges pour gĂ©nocide19. L’utilisation des archives n’est jamais ni noire ni blanche, mais grise. Les archives ne sont pas, de maniĂšre intrinsĂšque et immuable, morales ou immorales. Ce sont les usagers, et non pas les systĂšmes d’archivage ou ce qui importe aux archivistes, qui imposent un but moral aux documents d’archives. Une seconde raison pour rejeter la notion de justice sociale comme un composant central de la profession d’archiviste est que le concept, tel qu’employĂ© par les archivistes plaidant en sa faveur, est liĂ© Ă  une vision, noire et blanche, claire et nette, tout aussi insoutenable de la morale elle-mĂȘme, tout autant que la capacitĂ© des archivistes, collectivement ou individuellement, Ă  dĂ©terminer ce qui constitue une justice basĂ©e sur la morale. L’étude de deux exemples historiques et d’un cas plus contemporain de luttes pour la justice sociale nous suggĂšre que la maniĂšre dont la morale influe sur le consensus public est complexe, dynamique et mallĂ©able, bien plus qu’en noir et blanc ou tranchĂ©e. Les dĂ©bats historiques sur l’esclavage et la Prohibition tout comme le dĂ©bat contemporain sur l’avortement, nous rĂ©vĂšlent combien une idĂ©e de justice sociale peut ĂȘtre grise » et comment elle tendrait Ă  desservir la question de l’évaluation. Aujourd’hui, on admet que l’esclavage, quelle que soit sa forme, quels que soient les individus ou groupes touchĂ©s, est moralement rĂ©prĂ©hensible. De nombreuses citations historiques sont rĂ©guliĂšrement utilisĂ©es Ă  ces fins, mais deux d’entre elles, d’Abraham Lincoln, sont particuliĂšrement rĂ©vĂ©latrices À chaque fois que j’entends quelqu’un dĂ©fendre l’esclavage, je ressens une forte pulsion de le voir subir personnellement cette pratique »20 ou encore Ceux qui refusent la libertĂ© aux autres ne la mĂ©ritent pas pour eux-mĂȘmes ; et, sous le regard d’un Dieu juste, ne peuvent la conserver longtemps »21. Aujourd’hui, les paroles de Lincoln et celles de tous ceux qui ont soutenu l’abolition de l’esclavage suscitent l’approbation. Cependant, l’acceptation universelle de l’immoralitĂ© de l’esclavage n’existait pas avant la Guerre Civile, lorsque les dĂ©fenseurs de l’esclavage le dĂ©fendaient non seulement comme nĂ©cessaire d’un point de vue pragmatique, mais encore moral. David W. Blight, dans un cours Ă  Yale sur la prĂ©-Guerre Civile amĂ©ricaine, expliquait ainsi que profondĂ©ment ancrĂ© dans l’argument pro-esclavage, il y a l’argument biblique. Presque tous les Ă©crivains favorables Ă  l’esclavage, d’une maniĂšre ou d’une autre, plongeront dans l’Ancien Testament pour montrer combien l’esclavage est une ancienne et vĂ©nĂ©rable institution. Toutes ces sociĂ©tĂ©s bibliques le pratiquaient. Vous pouvez avoir une lecture de JĂ©rĂ©mie ou d’IsaĂŻe et de certains des grands prophĂštes de l’Ancien Testament, d’une certaine maniĂšre, comme des dĂ©fenseurs de l’esclavage. Vous pouvez supposer que c’était approuvĂ© par Dieu. Vous pouvez aussi chercher des exemples dans le Nouveau Testament de ces justifications. Esclaves, soyez honorables, soyez respectueux soyez obĂ©issants’ est le terme couramment employĂ© dans la version autorisĂ©e de la Bible. Esclaves, soyez obĂ©issants Ă  vos maĂźtres’. L’esclavage traverse peu ou prou toute la Bible. La Bible, bien sĂ»r, peut ĂȘtre utilisĂ©e contre l’esclavage aussi bien que pour l’esclavage »22. Si les chrĂ©tiens et d’autres aujourd’hui sont rĂ©vulsĂ©s par l’idĂ©e d’une base biblique de l’esclavage, ils peuvent rĂ©soudre ce dilemme en concluant que cela prouve seulement qu’un raciste peut avoir une lecture raciste de n’importe quel texte. C’est une solution convenable et moderne au problĂšme de comprĂ©hension d’un dĂ©bat moral brĂ»lant. Quoi qu’il en soit, pour comprendre l’impact durable que l’esclavage a dans la sociĂ©tĂ© contemporaine, il est essentiel pour nous de connaĂźtre, grĂące aux sources historiques, le genre d’argument et d’élĂ©ments de langage utilisĂ©s par ses dĂ©fenseurs »23. EcclĂ©siaste, III, 1 [↩]Lae’l Hughes-Watkins, Moving Toward a Reparative Archive A Roadmap for a Holistic Approach to Disrupting Homogenous Histories in Academic Repositories and Creating Inclusive Spaces for Marginalized Voices », Journal of Contemporary Archival Studies, 5 2018, article 6 [↩]Citations tirĂ©es de John A. Fleckner, F. Gerald Ham Jeremiah to the Profession », American Archivist, 77, n° 2 2014, p. 386. L’appel de Ham Ă  un enregistrement complet de la sociĂ©tĂ© a retenu l’imaginaire archivistique et a rĂ©ussi Ă  s’imposer dans la profession. Voir par exemple, comment Richard J. Cox et Helen W. Samuels, deux voix majeures de cette Ă©poque, trouvent cette idĂ©e tellement acceptĂ©e qu’il n’y a plus de besoin rĂ©el d’en discuter The Archivist’s First Responsibility A Research Agenda to Improve the Identification and Retention of Records of Enduring Value », American Archivist, 51 n°1–2 1988, p. 30 [↩]Pour un examen en profondeur de l’influence de Ham, voir Fleckner, F. Gerald Ham Jeremiah 
 », p. 377-393 [↩]Pour une histoire approfondie de cette littĂ©rature, voir Hughes-Watkins, Moving 
 » [↩]David B. Gracy II, Archives and Society The First Archival Revolution », American Archivist, 47, n°1 1984, p. 8 [↩]Kate Theimer, What Is the Meaning of Archives », American Archivist, 74, n° 1 2011, p. 64. Le fait que les archivistes pensent que les archives sont sous-financĂ©es est un thĂšme assez ancien. Andrea Hinding fait rĂ©fĂ©rence Ă  des programmes sous-financĂ©s de maniĂšre chronique », dans Of Archivists and Other Termites », American Archivist, 56, n° 1 1993, p. 55, et identifie la premiĂšre dolĂ©ance sur le manque d’apprĂ©ciation des archives, et en consĂ©quence, des fonds insuffisants pour conduire la mission, en 1834, en Angleterre. On aimerait pouvoir dire que les budgets allouĂ©s aux archives se sont amĂ©liorĂ©s depuis 1848, mais compte tenu de l’inflation, ce n’est sans doute pas le cas [↩]Comme me le dit, un soir oĂč nous prenions un verre, le regrettĂ© Leonard Rapport, qui Ă©tait notoirement peu portĂ© Ă  apprĂ©cier les administratifs et leurs problĂšmes [↩]L’idĂ©e que les archivistes doivent ĂȘtre impliquĂ©s dĂšs la crĂ©ation des documents est un topos ancien dans la littĂ©rature. Un exemple rĂ©cent et plus radical bien que quelque peu rhĂ©torique de cette façon de penser a Ă©tĂ© cadrĂ© en 2016 par Geof Huth, qui Ă©crit Je devrais reformuler cette rĂšgle, pour dĂ©fendre que les archivistes doivent commencer leur travail, dĂšs que possible, avant le moment de crĂ©ation, au moment de la conception ». Geof Huth, Module 14 Appraising Digital Records », Appraisal and Acquisition Strategies, ed. Michael Shallcross et Christopher J. Prom Chicago Society of American Archivists, 2016, p. 14 [↩]Parmi quelques exemples rĂ©cents de cette tendance dans les pages de cette revue, citons Jessica Wagner Webster, Filling the Gaps’ Oral Histories and Underdocumented Populations in The American Archivist, 1938-2011 », American Archivist, 79, n° 2 2016, qui dans le rĂ©sumĂ© de son article dit utiliser des histoires de toutes les parties de la sociĂ©tĂ©, pas seulement des histoires d’hommes de race blanche » et spĂ©cifiquement pour documenter les gens de couleur, les femmes, la classe ouvriĂšre, et d’autres populations peu documentĂ©es ». Les archivistes sont ainsi incitĂ©s Ă  ne pas se borner aux sources relatives aux mĂąles blancs, mais Ă  prendre en compte les gens de couleurs, les femmes, la classe ouvriĂšre et cette malheureuse catĂ©gorie appelĂ©e autres ». Krista McCraken, Community Archival Practice Indigenous Grassroots Collaboration at the Shingwauk Residential Schools Centre », American Archivist, 78, n° 1 2015, p. 181, note dans son rĂ©sumĂ© que les archives Ă  base communautaire peuvent offrir une voix aux groupes marginalisĂ©s, ajouter de nouveaux points de vue aux traditionnelles archives historiques et prĂ©server un patrimoine qui a Ă©tĂ© nĂ©gligĂ© par les services d’archives et musĂ©es traditionnels. Les racines coloniales du Canada ont grandement affectĂ© les relations des services d’archives, bibliothĂšques, musĂ©es avec les communautĂ©s aborigĂšnes ». Elle fait donc sienne l’idĂ©e d’archives Ă  base communautaire et ajoute les communautĂ©s aborigĂšnes » Ă  la liste de Wagner Webster. Il existe Ă©videmment bien d’autres maniĂšres de caractĂ©riser les communautĂ©s peu documentĂ©es. Dans le mĂȘme numĂ©ro de The American Archivist, Caroline Daniels, Heather Fox, Sarah-Jane Poindexter and Elizabeth Reilly, Saving All the Freaks on the Life Raft Blending Documentation Strategy with Community Engagement to Build a Local Music Archives », disent dans le rĂ©sumĂ© de leur article Le projet Louisville Underground Music Archives LUMA applique avec succĂšs une stratĂ©gie documentaire, couplĂ© Ă  un engagement communautaire fort, pour combler les lacunes des archives historiques relatives Ă  cette culture ». Ces trois articles contemporains sont des exemples de l’approche continue et fragmentĂ©e de l’expĂ©rience humaine par les archivistes [↩]Il est remarquable que l’argumentation de Greene, comme celles d’Harris et d’autres, prend le temps de citer et de discuter, parfois longuement, les idĂ©es d’historiens ou de philosophes comme Jacques Derrida et Michel Foucault, et des concepts comme la dĂ©construction et le post-modernisme. J’ai lu l’intĂ©gralitĂ© du discours archivistique sur ces sujets il est intĂ©ressant, mais malheureusement il nous dĂ©tourne de ce que nous devrions discuter. Non que ces idĂ©es soient sans importance, mais elles n’ont pas de solution donnant lieu Ă  une application dĂ©finitive, sinon utile, aux archives. Les philosophes depuis des siĂšcles dĂ©battent de la nature de l’univers et de son contenu et, Ă  mon avis, continueront de le faire encore pour un bon moment. Se saisir d’une idĂ©e ou d’une autre et dĂ©clarer combien elle Ă©claire le discours archivistique, c’est ignorer que, quel que soit ce que tel philosophe ou telle Ă©cole de pensĂ©e considĂšre comme signifiant, il se trouve et se trouvera un autre philosophe ou une autre Ă©cole de pensĂ©e pour se faire un plaisir de pointer les dĂ©fauts de la prĂ©cĂ©dente, avec un argument qui en entraĂźne un autre et continuant ainsi profondĂ©ment dans un terrier de lapin. Les thĂ©oriciens de l’archivistique ont eu recours Ă  beaucoup d’idĂ©es de philosophes, d’historiens ou d’autres pour leur culture personnelle ou Ă  l’appui de leur discours professionnel. Mais j’ai bien peur que beaucoup de ceux qui ont choisi ce chemin n’aient pas considĂ©rĂ© comment sortir de l’orniĂšre dans laquelle ils se sont placĂ©s. En adepte des solutions simples, je suggĂšre que la rĂ©ponse Ă  ce problĂšme soit de ne pas entrer dans le terrier du lapin [↩]Verne Harris Jacques Derrida meets Nelson Mandela archival ethics at the endgame », Archival Science, 1, n° 1–2 2011, p. 120, citĂ© dans l’article de Mark A. Greene A Critique of Social Justice as an Archival Imperative What Is It We’re Doing That’s All That Important ? », American Archivist, 76, n° 2 2013, p. 304, 306. La majoritĂ© des Ă©crits de Greene traitent de la place que les arguments en faveur du post-modernisme tiennent dans ce dĂ©bat. Notons aussi que, avec cette division des documents entre les tĂ©nĂšbres et la lumiĂšre et cet appel Ă  se ranger du cĂŽtĂ© de la lumiĂšre, se pose la question du sort Ă  rĂ©server aux documents des tĂ©nĂšbres. Si l’on veut reflĂ©ter la sociĂ©tĂ©, aprĂšs tout, il faut prendre en compte les bonnes et les mauvaises personnes, les documents du Bien et ceux du Mal [↩]Verne Harris, Archives and Justice A South African Perspective Chicago Society of American Archivists, 2006, citĂ© dans Greene A critique 
 », p. 307 [↩]NdT Uriah Heep est un personnage de David Copperfield de Dickens qui se caractĂ©rise par sa servilitĂ© et son hypocrisie [↩]Randall Jimerson, Embracing the Power of Archives », American Archivist, 69, n° 1, 2006 aussi citĂ© dans Greene, p. 311 [↩]Chris Hurley, The Evolving Role of Government Archives in Democratic Societies » communication prĂ©sentĂ©e Ă  la confĂ©rence annuelle de l’Association des Archivistes canadiens, Winnipeg, Canada, 9 juin 2001, p. 1. Greene utilise une citation plus enflammĂ©e qui suit celle que j’ai sĂ©lectionnĂ©e et qui commence Ă  la page 1 nous ne pouvons pas confortablement concevoir de meilleur systĂšme pour documenter le nombre de gens qui sont passĂ©s par les chambres Ă  gaz si un bon systĂšme d’archivage au sens technique du terme peut ĂȘtre dissociĂ© des usages pour lesquels il a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ© » ; d’autres citations de Chris Hurley The Evolving Role 
 » dans Harris, Archives and Justice, p. 243 [↩]Greene, A critique 
 », p. 304-307 [↩]Hurley, The Evolving Role
 », p. 1-2 [↩]Le 16 novembre 2018, ces archives ont permis de convaincre deux anciens chefs Khmers Rouges de gĂ©nocide. Khmer Rouge leaders found guilty of Cambodia genocide », BBC News, 16 novembre 2018 [↩]Roy P. Basler, ed., The collected Works of Abraham Lincoln, vol. 8 , Speech to One Hundred Fortieth Indiana Regiment », 17 mars 1865, p. 361 [↩]Basler, ed., The Collected Works of Abraham Lincoln, vol. 3, Letter To Henry L. Pierce and Others », 6 avril 1858, p. 376 [↩]David W. Blight, History 119, Lecture 3, Open Yale Courses [↩]Blight, ibidem. Mon propos n’est pas d’approuver ces dĂ©fenseurs, mais de donner un exemple historique d’une position dĂ©fendue jadis par de nombreuses personnes et que nous trouvons dĂ©sormais odieuse [↩] Les thĂ©matiques des articles analysĂ©s dans ce nouveau billet sont diverses, mĂȘme si l’on retrouve des problĂ©matiques dominantes dans le domaine anglo-saxon dĂ©clinaison du modĂšle de Records continuum ; relations avec les communautĂ©s autochtones et Ă©tude des rapports de force et des discriminations Ă  travers les archives ; archives des minoritĂ©s linguistiques et des communautĂ©s ; action thĂ©rapeutique des archives et prise en compte des traumatismes dans la gestion et l’accĂšs aux archives. D’autres articles font Ă©cho Ă  des problĂ©matiques Ă©galement dĂ©veloppĂ©es en France rĂŽle des services d’archives dans la lutte contre la dĂ©sinformation, archives produites par les rĂ©seaux sociaux ici Facebook, impact de la rĂ©glementation sur la protection des donnĂ©es Ă  caractĂšre personnel. Certains articles feront l’objet d’un Ă©change entre contributeurs d’Archivalises et ensuite d’un billet sur ce mĂȘme carnet. Archives & Manuscripts, vol. 48, n° 1, 2020 Judit GutiĂ©rrez de Armas, Archival practices in Early Modern Spain transformation, destruction and reconstruction of family archives in the Canary Islands », pp. 5-24 InfluencĂ©e par le courant de l’archival turn des sciences humaines, l’autrice traite de la constitution et de la conservation des archives familiales Ă  l’époque moderne dans un contexte colonial, celui des Ăźles Canaries. Elle analyse plus particuliĂšrement l’application des pratiques archivistiques castillanes sur le sol canarien ainsi que les menaces politiques, sociales et surtout environnementales qui ont pesĂ© sur la conservation de ce patrimoine Ă  l’époque moderne. Elle Ă©tudie surtout, sur la base d’études de cas, des exemples de reconstitution d’archives familiales dans le cadre de conflits entre les familles et des tiers y compris l’État et au sein des familles, principalement au 18e siĂšcle. Elle insiste tout particuliĂšrement, dans le cadre de ces Ă©tudes de cas, sur les liens Ă©troits qui unissent pratiques archivistiques publiques conseils, notaires et pratiques archivistiques familiales. Nampombe Saurombe, Taking archives to the people an examination of public programs in the National Archives of the Eastern and Southern Africa Regional Branch of the International Council on Archives », pp. 25-44 Les services d’archives membres de la Branche rĂ©gionale pour l’Afrique orientale et australe ESARBICA du Conseil international des archives sont sous-exploitĂ©es par les usagers et l’autrice s’efforce de comprendre le faible nombre de campagnes de sensibilisation du public public programming entreprises jusqu’alors. Elle utilise pour cela le rĂ©sultats d’une enquĂȘte menĂ©e en 2013 auprĂšs des reprĂ©sentants des services d’archives prĂ©sents Ă  la XXIIe confĂ©rence bisannuelle d’ESARBICA qui s’est tenue Ă  Nairobi en 2013. Sur la base des constats effectuĂ©s, elle prĂ©sente les six facteurs qui pourront contribuer Ă  l’amĂ©lioration de la visibilitĂ© des services d’archives d’ESARBICA rĂ©vision de la rĂ©glementation ; dĂ©veloppement de programmes de sensibilisation ; mise Ă  disposition de ressources ; rĂ©alisation d’enquĂȘtes auprĂšs du public ; dĂ©veloppement des partenariats ; amĂ©lioration des connaissances et compĂ©tences des archivistes. Dominique Glassman, Facebook is creating records – but who is managing them? », pp. 45-58 En se fondant sur le modĂšle du Records continuum, l’autrice Ă©tudie les diffĂ©rents types de documents engageants créés par Facebook Ă  partir des donnĂ©es fournies par ses utilisateurs. Elle analyse particuliĂšrement l’impact du scandale Cambridge Analytica et du RĂšglement gĂ©nĂ©ral sur la protection des donnĂ©es RGPD sur les pratiques de l’entreprise et sur la conscience qu’ont les utilisateurs de l’exploitation qui est faite de leurs donnĂ©es. Belinda Battley, Authenticity in places of belonging community collective memory as a complex, adaptive recordkeeping system », pp. 59-79 L’autrice s’inscrit dans la lignĂ©e des recherches sur les archives communautaires, mais en prenant l’exemple d’une association sportive – l’Auckland University Tramping Club – et non d’une communautĂ© ethnique ou d’une communautĂ© de genre. En s’appuyant sur le modĂšle du Records continuum, elle souligne que la prise en charge d’archives de n’importe quelle communautĂ© par un service d’archives peut conduire Ă  une forme de colonisation de celle-ci par une autre entitĂ© – dans le cas prĂ©sent, l’universitĂ© – et de nĂ©gation des pratiques archivistiques existantes dans la communautĂ©. Elle invite les archivistes Ă  s’intĂ©resser d’avantage aux pratiques archivistiques organiques des communautĂ©s elles-mĂȘmes – y compris administratives – ainsi qu’à la maniĂšre dont les communautĂ©s utilisent leurs archives pour construire leur mĂ©moire, et Ă  mettre en place des mĂ©thodes de travail moins invasives, dĂ©colonisĂ©es », plus inclusives » avec ces communautĂ©s, pour garantir qu’elles ne perdent pas le lien de symbiose avec leurs archives et qu’elles pourront continuer Ă  s’en servir. Nicola Laurent, Kirsten Wright, A trauma-informed approach to managing archives a new online course », pp. 80-87 Un des trois nouveaux cours mis en ligne en 2020 par la SociĂ©tĂ© des archivistes australiens est dĂ©diĂ© Ă  la gestion du traumatisme dans le monde des archives. DestinĂ© aussi bien aux personnes accueillant du public qu’aux archivistes chargĂ©s de traiter des fonds d’archives relatant des Ă©vĂ©nements traumatisant ou au personnel d’encadrement, il se dĂ©compose en trois modules le premier constitue une introduction aux problĂšmes posĂ©s par les interactions avec des personnes ayant subi un traumatisme et Ă  la maniĂšre de les gĂ©rer ; le deuxiĂšme prĂ©sente comment ces problĂ©matiques se dĂ©clinent dans le domaine des archives – en prenant notamment l’exemple de la maniĂšre dont les minoritĂ©s ont Ă©tĂ© dĂ©crites dans les archives et les outils utilisĂ©s par les archivistes ; le troisiĂšme Ă©tudie l’impact pour les archivistes de leur travail sur des matĂ©riaux relatant des Ă©vĂ©nements traumatisants ou de leurs interactions avec des personnes traumatisĂ©es, et les moyens d’y remĂ©dier. Archives and records. The Journal of the Archives and Records Association, vol. 41, n° 1, 2020 Medha Chotai Impact of reminiscence-based services provided by archives for people with dementia » pp. 1-19 L’autrice analyse la place tenue par les archives dans les thĂ©rapies dispensĂ©es aux personnes atteintes de dĂ©mence et basĂ©es sur la rĂ©miniscence. À partir d’une enquĂȘte auprĂšs de services volontaires, elle s’intĂ©resse particuliĂšrement Ă  l’adĂ©quation aux besoins thĂ©rapeutiques des services offerts par les archives, ainsi qu’à l’impact de ceux-ci sur les malades. Si les archives fournissent toutes des preuves de l’adĂ©quation de leurs services aux besoins, l’impact de ceux-ci reste difficile Ă  Ă©valuer. L’autrice suggĂšre de fournir aux services d’archives un cadre d’évaluation de leurs actions, inspirĂ© par ce qui est mis en place dans le domaine des arts et dĂ©fini par la littĂ©rature mĂ©dicale. Victoria Tischler, Sophie Clapp, Multi-sensory potential of archives in dementia care », pp. 20-31 Une recherche a Ă©tĂ© menĂ©e sur le potentiel thĂ©rapeutique que prĂ©sentent les archives pour des personnes atteintes de dĂ©mence notamment en lien avec des maladies neurodĂ©gĂ©nĂ©ratives, Ă  l’aide du patrimoine de l’entreprise de produits pharmaceutiques et cosmĂ©tiques Boots. Les rĂ©sultats montrent notamment le potentiel d’une stimulation de l’odorat, via la prĂ©sentation ou la recrĂ©ation Ă  partir des archives de produits anciens, en lien avec celle des autres sens, notamment la vue, via la prĂ©sentation de marques et d’emballages connus. D’autres recherches sur le sujet sont annoncĂ©es. Alix R. Green, Erin Lee, From transaction to collaboration redefining the academic-archivist relationship in business collections », pp. 32-51 La collaboration entre archivistes et universitaires au Royaume-Uni est ici abordĂ©e en se focalisant sur le cas particulier des archivistes d’entreprises. Sont prĂ©sentĂ©s les rĂ©sultats d’un projet associant ateliers, entretiens et enquĂȘtes et destinĂ© Ă  aider les archivistes d’entreprises Ă  dĂ©velopper des projets de recherche avec des universitaires, susceptibles de rencontrer les attentes de l’entreprise elle-mĂȘme. Des problĂšmes spĂ©cifiques se posent aux archivistes d’entreprises pour dĂ©velopper des collaborations avec des universitaires et le site du Business Archives Council publiera prochainement des outils vidĂ©os, manuels Ă  ce sujet. La conclusion propose trois facteurs clĂ©s pour une collaboration rĂ©ussie entre archivistes d’entreprises et universitaires des compĂ©tences complĂ©mentaires, des contraintes rĂ©ciproques connues, des Ă©changes rĂ©guliers. Wenhong Zhou, Chuanling Wen, Linxu Dai, Collaborative construction of social-oriented family archives a case study based on the practice of China », pp. 52-67 La Chine encourage la constitution et l’ouverture au public d’archives familiales ayant un intĂ©rĂȘt pour la mĂ©moire de la sociĂ©tĂ©, Ă  travers l’éducation au patriotisme et la culture des traditions familiales. À travers l’exemple des archives de la famille Chen Chen Yao Family Archives, dont la crĂ©ation a Ă©tĂ© encouragĂ©e et financĂ©e par la communautĂ© et les archives d’État du district de Wuhou Sichuan, les auteurs analysent les modalitĂ©s de constitution de ce type de fonds, notamment le rĂŽle des diffĂ©rents acteurs famille, communautĂ©, district, les stratĂ©gies de collaboration mises en place, les objectifs sous-jacents ainsi que les enjeux et dĂ©fis auxquels ces archives familiales sont confrontĂ©es. Archivaria, n° 88, 2019 Gracen Brilmeyer, Joyce Gabiola, Jimmy Zavala, Michelle Caswell, Reciprocal Archival Imaginaries. The Shifting Boundaries of “CommunityËź in Community Archives », pp. 8-48 Les auteurs ont interrogĂ© les usagers de cinq services d’archives communautaires du sud de la Californie pour tenter de comprendre les imaginaires, les craintes et les sentiments des utilisateurs de ces archives par rapport aux autres utilisateurs et Ă  leur communautĂ©. À partir des concepts dĂ©veloppĂ©s par Benedict Anderson dans son ouvrage Imagined Communities, ils proposent la notion d’imaginaires archivistiques rĂ©ciproques pour dĂ©crire les relations Ă©troites entre les utilisateurs des archives, leurs imaginaires et les archives communautaires, mettant ainsi en avant l’influence des imaginaires de la communautĂ© sur les archives qu’ils façonnent. Devan Ray Donaldson, Trust in Archives – Trust in Digital Archival Content Framework », pp. 50-83. Face Ă  la prolifĂ©ration des “fake news”, l’auteur se demande quelle confiance on peut accorder aux archives disponibles sur Internet. Il dĂ©veloppe un modĂšle pour analyser la relation entre la confiance accordĂ©e aux archives et celle accordĂ©e au contenu archivistique numĂ©rique Cadre CA-CCAN. À partir d’une enquĂȘte par questionnaire menĂ©e auprĂšs de plus de 2 300 personnes, il montre l’existence d’une corrĂ©lation entre les deux et propose d’utiliser ce modĂšle dans d’autres Ă©tudes sur la confiance dans l’information et l’utilisation des archives. Jennifer Douglas, Alexandra Alisauskas, Devon Mordell, “Treat Them with the Reverence of Archivists”. Records Work, Grief Work and Relationship Work in the Archives », pp. 84-120 Mobilisant des Ă©tudes thĂ©oriques et cliniques sur le deuil, les auteurs montrent comment la crĂ©ation, l’utilisation, le classement et la prĂ©servation de documents peuvent contribuer au travail de deuil Ă  partir de fonds d’archives et de collections personnelles conservĂ©es en universitĂ©. Pour terminer, ils analysent les bĂ©nĂ©fices d’une telle analyse sur la thĂ©orie et la pratique archivistique, en termes principalement Ă©thiques perception du fonds, description archivistique Wendy Duff, Jefferson Sporn, Emily Herron, Investigating the Impact of the Living Archives on Eugenics in Western Canada », p. 122-161 Une Ă©tude a Ă©tĂ© menĂ©e sur les ressources mises en ligne dans le cadre du projet Living Archives on Eugenics in Western Canada, qui sensibilise Ă  l’histoire communautaire en mettant l’accent sur l’autonomisation des personnes ayant survĂ©cu aux stĂ©rilisations imposĂ©es par l’État. Elle visait Ă  analyser l’impact de cette mise en ligne et ses retombĂ©es en termes de recherche ou de militantisme par exemple. Les auteurs montrent que si les impacts apparaissent quantitativement limitĂ©s, le projet a offert une autonomie Ă©ditoriale aux survivants en contrepoint du discours eugĂ©niste, a permis l’émergence d’un rĂ©seau mĂȘlant scientifiques et membres de la sociĂ©tĂ© civile et constitue enfin un modĂšle pour les projets d’archives numĂ©riques. Jamie A. Lee, In Critical Condition. UnBecoming Bodies in Archival Acts of Truth Telling », pp. 162-195 L’autrice remet en question la notion d’archives comme preuve autorisĂ©e », comme document fini et figĂ©. Mobilisant la notion de parrĂȘsia de Michel Foucault, dĂ©finie comme le processus par lequel on Ă©nonce une vĂ©ritĂ© tout en la confrontant, elle analyse des entretiens oraux rĂ©alisĂ©s pour les Arizona Queer Archives pour soutenir les mĂ©thodes d’histoire orale comme expressions de vĂ©ritĂ©. Archival Science, n° 20, 2020 Frank Golding, “Problems with records and recordkeeping practices are not confined to the past” a challenge from the Royal Commission into Institutional Responses to Child Sexual Abuse », pp. 1-19 La communautĂ© des anciens enfants de l’assistance publique et d’autres parties prenantes ont fait campagne pour que soit créée une commission d’enquĂȘte sur les abus dont avaient Ă©tĂ© victimes des mineurs en Australie. Elle n’a pas obtenu gain de cause, mais la Commission royale chargĂ©e des rĂ©parations et dĂ©dommagements Ă  fournir aux enfants victimes d’abus sexuels a grandement rĂ©ussi Ă  exposer la nature complexe et l’étendue des abus commis. Les problĂ©matiques liĂ©es aux archives et Ă  l’archivage ne faisaient Ă  l’origine pas partie du mandat accordĂ© Ă  la commission, mais elles ont Ă©mergĂ© comme une des questions cruciales qui influencent la qualitĂ© de la prise en charge et de la protection des enfants. Cette constatation a créé un nouveau contexte dans lequel les dĂ©fenseurs de la communautĂ©, les universitaires et autres professionnels peuvent travailler ensemble pour construire un nouveau programme d’archivage dans l’assistance publique. Sue McKemmish et al., Decolonizing recordkeeping and archival praxis in childhood out‑of‑home Care and indigenous archival collections », pp. 21-49 Sont prĂ©sentĂ©s ici les objectifs et les conclusions de deux projets de recherche – Rights in Records by design et Indigenous Archiving and Cultural Safety Archives indigĂšnes et sĂ©curitĂ© culturelle –, en montrant particuliĂšrement comment les systĂšmes actuels de protection de l’enfant et leurs pratiques de conservation et d’archivage ont Ă©tĂ© façonnĂ©s par la colonisation et ses hĂ©ritages en Australie, qui persistent au 21e siĂšcle. Les auteurs font la supposition que les constructions classistes, hĂ©tĂ©ro-patriarcales, sexistes et racistes existent toujours et continuent de prendre corps dans la forme et le contenu des archives, comme dans les principes et les valeurs du systĂšme de conservation et d’archivage. Ils remarquent que le principal objectif de la conservation Ă  l’époque coloniale Ă©tait de fournir une infrastructure critique permettant le contrĂŽle et l’exploitation Ă©tatique. Ils soulignent donc la nĂ©cessitĂ© de dĂ©coloniser la conservation et l’archivage pour adopter les conceptions de l’enfant en tant qu’ayant un libre-arbitre ou des droits. Ils concluent enfin par l’analyse de l’apport de ces deux projets Ă  la dĂ©colonisation de la thĂ©orie et de la pratique archivistique et du rĂŽle que cette derniĂšre peut jouer dans la dĂ©colonisation de l’enfance pour les enfants pris en charge par les systĂšmes de protection. Viviane Frings-Hessami, The flexibility of the records continuum model a response to Michael Karabinos “In the shadow of the continuum” », pp. 51-64 Dans un article d’Archival Science publiĂ© en 2018 et intitulĂ© In the shadows of the continuum testing the records continuum model through the Foreign and Commonwealth Office “Migrated ArchivesËź1 », Michael Karabinos dĂ©fendait l’idĂ©e que le modĂšle du records continuum ne pouvait s’appliquer si les archives n’avaient pas Ă©tĂ© pluralisĂ©es2 et que l’ouverture et l’accessibilitĂ© Ă©taient les clĂ©s du fonctionnement du modĂšle. Il proposait l’idĂ©e d’un continuum de l’ombre » shadow continuum pour analyser les archives dĂ©placĂ©es quand leur existence est inconnue du grand public. Viviane Frings-Hessami lui rĂ©pond ici que son analyse repose sur une mauvaise comprĂ©hension des dimensions du modĂšle du Records continuum et que l’apport de la notion de continuum de l’ombre » n’est pas nĂ©cessaire car le modĂšle s’applique Ă©galement aux archives qui n’ont pas Ă©tĂ© portĂ©es Ă  la connaissance du public. Elle propose un schĂ©ma alternatif pour intĂ©grer le continuum de l’ombre » au modĂšle du Records continuum, schĂ©ma qui met en avant les problĂ©matiques liĂ©es Ă  la propriĂ©tĂ©, au traitement et Ă  l’utilisation de ces archives. Jason Lustig, Epistemologies of the archive toward a critique of archival reason », pp. 65-89. L’auteur explore les bases Ă©pistĂ©mologiques du dĂ©bat sur la nature de la recherche et de la pratique archivistique, et dĂ©fend l’idĂ©e que la focale de l’épistĂ©mologie historique nous aide Ă  comprendre les critiques relatives au tournant archivistique archival turn, ainsi que l’intĂ©rĂȘt du public pour les archives. Une lecture attentive de l’essor de l’histoire scientifique au 19e siĂšcle et de la pratique archivistique moderne telle qu’exprimĂ©e dans les manuels du dĂ©but du 20e siĂšcle permet de proposer une nouvelle thĂ©orisation de principes tels que la provenance, le respect des fonds et la conservation et de rĂ©analyser les histoires d’archives » des historiens comme partie prenante d’une Ă©pistĂ©mologie globale, mais habituellement tacite des archives, enracinĂ©e dans le projet intellectuel du philosophe allemand Wilhelm Dilthey de crĂ©er un fondement Ă©pistĂ©mologique des sciences humaines. En suivant cette thĂ©orie, l’auteur suggĂšre que nous pouvons reconceptualiser l’essor de la recherche archivistique, le dĂ©veloppement de la profession archivistique moderne ainsi que les critiques relatives au prĂ©tendu tournant archivistique et Ă  l’ùre post-custodiale de la pratique archivistique en tant que changements non seulement mĂ©thodologiques, mais aussi Ă©pistĂ©mologiques. Aborder l’histoire des archives Ă  travers le canevas de l’épistĂ©mologie contribue Ă  donner un sens aux nouvelles critiques et Ă  l’intĂ©rĂȘt non dĂ©menti pour les archives. Bien que la nature construite des archives soit de plus en plus admise, la piste selon laquelle les documents donnent accĂšs au passĂ© avec une forme de valeur probante conduit Ă  interroger la valeur associĂ©e aux archives par les professionnels et le public, ainsi que leur constante opposition. Shelly Black, The implications of digital collection takedown requests on archival appraisal », pp. 91-101 L’émergence d’une lĂ©gislation internationale relative Ă  la protection des donnĂ©es Ă  caractĂšre personnel doit conduire les archivistes Ă  analyser l’impact de ces changements sur leur travail et en particulier sur la sĂ©lection. Les collections numĂ©riques en ligne favorisent l’accĂšs aux archives pour les chercheurs et le grand public. Pourtant, des informations privĂ©es ou sensibles peuvent ĂȘtre diffusĂ©es par inadvertance via ces collections. Le droit Ă  l’oubli instituĂ© par le RĂšglement gĂ©nĂ©ral sur la protection des donnĂ©es RGPD permet aux citoyens europĂ©ens de demander la suppression de leurs informations personnelles. L’autrice Ă©tudie la maniĂšre dont les demandes de retrait et le droit Ă  l’oubli s’articulent avec les thĂ©ories archivistiques relatives Ă  l’évaluation, en Ă©tudiant notamment les consĂ©quences de cette nouvelle rĂ©glementation sur les pratiques d’évaluation et la façon dont les archivistes peuvent se prĂ©parer Ă  les gĂ©rer. Elle mentionne ainsi la possibilitĂ© de dĂ©finir une politique ad hoc, de travailler en amont avec les donateurs, ou encore de signaler les types de donnĂ©es Ă  caractĂšre personnel dans les mĂ©tadonnĂ©es chaque article. Records Management Journal, vol. 30, n°1, 2020 Burkan Hawash, Umi Asma’ Mokhtar, Zawiyah M. Yusof, The adoption of electronic records management system ERMS in the Yemeni oil and gas sector. Influencing factors », pp. 1-22 Une Ă©tude a Ă©tĂ© menĂ©e en 2018 pour identifier, Ă  partir d’une revue de littĂ©rature et d’un sondage auprĂšs des experts du secteur, les facteurs clĂ©s susceptibles de garantir l’adoption de systĂšmes de gestion des documents engageants Electronic Records Management Systems dans le secteur pĂ©trolier au YĂ©men. Les quinze facteurs clĂ©s identifiĂ©s ont Ă©tĂ© modĂ©lisĂ©s en utilisant la mĂ©thodologie TOE Technology/Organization/Environment. Nkholedzeni Sidney Netshakhuma, Assessment of the management of student affairs records. Case of the University of Mpumalanga in South Africa », pp. 23-42 Le systĂšme de gestion des archives du dĂ©partement de la vie Ă©tudiante de l’universitĂ© de Mpimalanga Afrique du Sud a fait l’objet d’un audit. Celui-ci conclut, Ă  l’issue d’entretiens, d’observations et d’une analyse documentaire, Ă  la dĂ©faillance de ce systĂšme et recommande le dĂ©veloppement des procĂ©dures d’archivage, l’établissement de cellules de gestion des documents engageants et le dĂ©veloppement de la formation. Liah Shonhe, Balulwami Grand, Implementation of electronic records management systems. Lessons learned from Tlokweng land Board-Botswana », pp. 43-62 Le processus de conduite du changement mis en Ɠuvre par Tlokweng land Board Botswana lors de la mise en Ɠuvre d’un systĂšme de gestion des documents engageants Electronic Records Management Systems a fait l’objet d’une Ă©valuation. Elle est fondĂ©e sur l’utilisation de deux modĂšles ADKAR A Model for Change in Business, Government and Our Community de Hiatt et le change management model de Kotter. Mayra A. MacĂ­as-JimĂ©nez, Luis Carlos Acosta-Fontalvo, Miguel A. JimĂ©nez-Barros, Document management practices in SMEs. An information management capability-based approach », pp. 63-79 Une enquĂȘte a Ă©tĂ© menĂ©e, sur la base d’un questionnaire, auprĂšs de petites et moyennes entreprises pour identifier leurs pratiques de gestion des documents et des archives. Est ici pris comme Ă©tude de cas l’exemple des entreprises de transport de marchandises de la ville de Baranquilla Colombie, rĂ©gion de l’Atlantique, en identifiant les points forts et les points faibles de leur pratiques, les Ă©volutions possibles et les recherches ultĂ©rieures Ă  entreprendre. Azlan Long Abdullah, Zawiyah Mohammad Yusof, Umi Asma Mokhtar, Factors influencing the implementation of electronic records and information management. A case study in military service in Malaysia », pp. 81-99 Une Ă©tude a Ă©tĂ© menĂ©e en 2016 et 2017 auprĂšs de deux institutions militaires de Malaisie, sous forme d’interviews et de revue de documents, sur les facteurs qui influencent l’implĂ©mentation et l’utilisation de systĂšme de gestion des documents et de l’information Ă©lectronique. L’étude passe en revue les facteurs humains, organisationnels, technologiques et fonctionnels jouant un rĂŽle en la matiĂšre et appelle Ă  la rĂ©alisation de recherches complĂ©mentaires. Elizabeth Shepherd, Anna Sexton, Oliver Duke-Williams, Alexandra Eveleigh, Risk identification and management for the research use of government administrative data », pp. 101-123 L’Administrative Data Research Centre in England a menĂ© une recherche sur l’identification des risques associĂ©s Ă  l’accĂšs, par des chercheurs, Ă  des informations publiques administratives. L’étude recense Ă©galement les acteurs susceptibles d’ĂȘtre impactĂ©s par ces risques et les actions susceptibles d’ĂȘtre menĂ©es pour rĂ©duire les risques identifiĂ©s. Elle propose ainsi une grille d’évaluation des risques associĂ©e Ă  la rĂ©utilisation des donnĂ©es administratives Ă  des fins de recherche. Magalie Moysan et Édouard Vasseur Le terme migrated archives » dĂ©signe les archives des anciennes colonies britanniques dĂ©placĂ©es au Royaume-Uni Ă  la veille de la dĂ©colonisation [↩] Au sens du modĂšle du Records continuum dĂ©veloppĂ© par Frank Upward de l’UniversitĂ© Monash Australie, qui comprend quatre dimensions crĂ©er, capturer, organiser et pluraliser voir F. Upward, Structuring the records continuum. Part 1 Post custodial principles and properties. Part 2 Structuration theory and recordkeeping. [↩] Dans la derniĂšre livraison de 2019 d’Archival Science dont on a pu lire ici les rĂ©sumĂ©s, Kirsten Wright, de l’UniversitĂ© de Melbourne, a publiĂ© un article intitulĂ© Archival interventions and the language we use ». Cela a suscitĂ© un dĂ©bat chez les contributeurs du carnet, dont on trouvera synthĂ©tisĂ©es ci-dessous les questions, les remarques et les objections. Partant du postulat que les archives et le systĂšme archivistique ne sont pas neutres, Kirsten Wright interroge le rĂŽle de la profession dans la reproduction des structures dominantes, qui, en utilisant le vocabulaire des producteurs dans ses instruments de recherche, relaie sans mise en contexte les discriminations d’une Ă©poque. Elle prĂ©sente un exemple de contextualisation Ă  travers les rĂšgles langagiĂšres fixĂ©es par le portail australien Find & Connect consacrĂ© au placement d’office d’enfants aborigĂšnes ou immigrĂ©s en institutions. Sculpture de Frank Meisler photo de Loco Steve sur Wikimedia Commons Les mots du producteur, de l’archiviste et de l’utilisateur Cet article amĂšne une premiĂšre remarque les mots utilisĂ©s par les archivistes pour dĂ©crire les archives ne sont pas ceux des producteurs eux-mĂȘmes ou ceux des utilisateurs. Ainsi, le vocabulaire contrĂŽlĂ© mobilisĂ© dans les thĂ©saurus ne relĂšve pas du langage naturel et la fixation des mots se conjugue difficilement avec les Ă©volutions langagiĂšres. Les termes changent, se policent avec le temps les dĂ©biles profonds », les enfants vicieux » des annĂ©es 1950 sont aujourd’hui caractĂ©risĂ©s avec des termes mĂ©dicaux. Cette difficultĂ© Ă  rendre compte du vocabulaire est renforcĂ©e par le fait que le pĂ©rimĂštre des institutions productrices change celui de l’assistance publique n’est pas celui de l’aide sociale Ă  l’enfance. Une des solutions Ă  ce problĂšme consiste en la construction de systĂšmes de requĂȘtes automatisĂ©s, qui permettent de faire le lien entre les mots, et l’intelligence artificielle apportera certainement des dĂ©veloppements en ce sens. Mais est-ce le rĂŽle de l’archiviste de reformuler le vocabulaire du producteur ? Ne doit-il pas se contenter de respecter le document, de lui garder son authenticitĂ© ? Enregistrer et diffuser les deux visages de Janus Si l’archiviste peut prĂ©server le vocabulaire initial, l’introduction de l’instrument de recherche prĂ©sente la possibilitĂ© de le contextualiser. Pourtant, les introductions trĂšs littĂ©raires que rĂ©digent les archivistes français formĂ©s Ă  l’histoire s’intĂ©ressent peu Ă  ces questions. De plus, tous les instruments de recherche ne sont pas datĂ©s, et cette mĂ©tadonnĂ©e disparaĂźt de certains portails archivistiques. Ne faut-il pas distinguer deux mĂ©tiers, rĂ©unis en France sous le vocable d’archiviste celui qui fige et qui enregistre, et celui qui met Ă  disposition ? Un seul archiviste peut-il faire honnĂȘtement les deux, tel un Janus Ă  double face ? Franck Boles, dans un article dont Archivalises publiera bientĂŽt une traduction, insiste sur la distinction entre ces deux activitĂ©s. Des thĂ©ories archivistiques rĂ©centes mettent l’accent sur une intervention minimale du professionnel sur les documents eux-mĂȘmes pour se concentrer sur leur description. Il y a quinze ans, Mark Greene et Dennis Meissner, dans un article intitulĂ© More product, less process »1, proposaient dĂ©jĂ  de limiter l’intervention de l’archiviste sur la production documentaire afin de rendre les fonds accessibles plus rapidement. Il faut aussi distinguer deux types de documentation. Le records manager au service du producteur et l’archiviste au service de la collectivitĂ© ne rĂ©pondent pas aux mĂȘmes objectifs, n’utilisent pas les mĂȘmes mĂ©thodes de description. Avec le temps, les documents passent de la mĂ©moire individuelle Ă  la mĂ©moire collective, entrent dans l’histoire et les dĂ©lais de communicabilitĂ© fixent la limite d’un point de vue rĂ©glementaire. Le public concernĂ© devient alors le grand public et la maniĂšre de s’adresser Ă  lui change. S’inscrire dans la sociĂ©tĂ© S’imbriquent donc plusieurs vocabulaires celui des documents eux-mĂȘmes, celui des instruments de recherche, celui du public et enfin celui des archivistes en rĂ©ponse au public. Comment rĂ©pondre Ă  un demandeur qui souhaite effectuer une recherche sur les israĂ©lites » français des annĂ©es 1930, alors que ce terme ne fait plus partie du langage courant en France ? La solution pourrait consister en trois niveaux de rĂ©ponse, distinguant le vocabulaire de la demande, celui du document concernĂ© et celui de l’administration qui rĂ©pond. L’article de Kirsten Wright s’inscrit dans un mouvement archivistique fort dans les pays anglo-saxons consistant Ă  travailler l’articulation entre cette profession et la sociĂ©tĂ©, notamment dans la reconnaissance des discriminations dont l’État a fait preuve vis-Ă -vis des minoritĂ©s. Ces rĂ©flexions ne trouvent pas encore leur place en France, dans un pays pourtant marquĂ© par un passĂ© colonial fort. Magalie Moysan American Archivist, 2005 [↩] Archivalises vous propose tous les trimestres un tour d’horizon des articles publiĂ©s dans les revues d’archivistique Ă©trangĂšres. Pour cette premiĂšre, Archival Science et le Records management Journal sont Ă  l’honneur, autour de deux thĂ©matiques. Une premiĂšre sĂ©rie d’articles porte sur les difficultĂ©s politiques et techniques inhĂ©rentes Ă  la prĂ©servation des documents engageants et offre un contrepoint intĂ©ressant au contexte français, au sein duquel ces problĂ©matiques sont largement commentĂ©es. La seconde constitue en revanche un champ de rĂ©flexion Ă  peine explorĂ© dans l’Hexagone, autour de la prise en compte par les archivistes des rapports de force et des discriminations – notamment ethniques – Ă  l’Ɠuvre au sein des documents mĂȘmes ou dans leur contexte d’archivage. Un autre billet rendra compte des rĂ©actions des contributeurs du carnet Ă  l’un des articles rĂ©sumĂ©s ici. Records management Journal, vol. 29, n° 3, 2019 Parvaneh Westerlund, Ingemar Andersson, Tero PĂ€ivĂ€rinta, Jörgen Nilsson, Towards automated pre-ingest workflow for bridging information systems and digital preservation services », pp. 289-304 Cet article rend compte d’une preuve de concept consacrĂ©e Ă  l’automatisation du traitement de documents engageants numĂ©riques d’origine variĂ©e, en vue de leur entrĂ©e dans un systĂšme d’archivage Ă©lectronique, et rĂ©alisĂ©e dans le cadre du projet europĂ©en ForgetIT. L’étude se concentre sur les questions de conception des systĂšmes placĂ©s Ă  l’interface entre les systĂšmes de production des documents engageants et les systĂšmes d’archivage Ă©lectronique. Elle propose un modĂšle d’interaction fondĂ© sur des protocoles d’échanges libres entre les diffĂ©rents composants, ainsi qu’un flux de travail intĂ©grant les tĂąches d’extraction de mĂ©tadonnĂ©es, de prĂ©paration de la conservation et de transfert dans un service d’archivage Ă©lectronique. Elle comprend une vĂ©rification de la faisabilitĂ© technologique de l’implĂ©mentation du modĂšle et de son architecture. Des recherches complĂ©mentaires sont cependant nĂ©cessaires pour amĂ©liorer la prise en compte des Ă©lĂ©ments de contexte dans le processus et pour amĂ©liorer la prise en compte, dans les conventions d’archivage, du paramĂ©trage du flux de travail et de la gestion des anomalies. Cleophas Mutundu Ambira, Henry Nyabuto Kemoni, Patrick Ngulube, A framework for electronic records management in support of e-government in Kenya », pp. 305-319 FondĂ© sur une Ă©tude doctorale menĂ©e en 2016 Ă  l’UniversitĂ© d’Afrique du Sud, cet article s’efforce de montrer dans quelle mesure les pratiques actuelles de gestion des documents engageants numĂ©riques au Kenya facilitent ou complexifient la mise en Ɠuvre de l’administration Ă©lectronique. Il conclut Ă  l’inadĂ©quation des pratiques actuelles de gestion des documents engageants numĂ©riques dans les ministĂšres dans une perspective de dĂ©veloppement de l’administration Ă©lectronique et Ă  leur nĂ©cessaire amĂ©lioration, via la diffusion des bonnes pratiques identifiĂ©es dans l’étude. Celle-ci doit permettre de faire reconnaĂźtre les gestionnaires de documents engageants par les responsables de politiques publiques comme des parties prenantes de la politique d’administration Ă©lectronique. Tove Engvall, User participation what can be learned from the information systems domain ? », pp. 320-332 De nombreux professionnels sont impliquĂ©s dans des projets de conception et de rĂ©alisation de systĂšmes d’archivage. Afin de rĂ©pondre au mieux aux besoins des utilisateurs de ces systĂšmes, il est nĂ©cessaire de prendre en compte leur point de vue lors de la conception de ces systĂšmes. Cet article, fondĂ© sur une revue de littĂ©rature dans le domaine de la gestion des systĂšmes d’information, cherche Ă  identifier les facteurs clĂ©s de succĂšs et les leçons que les professionnels de l’archivage peuvent tirer de ces bonnes pratiques dans leur propre travail. L’étude conclut Ă  l’utilitĂ© de cette approche pour la prise en compte Ă  court terme de la valeur secondaire des documents engageants, mais reconnaĂźt que celle-ci peut remettre en cause la rĂ©partition traditionnelle des rĂŽles. La place de l’archiviste comme tierce personne, mĂ©rite de faire l’objet d’analyses ultĂ©rieures. Archival Science, n° 19, 2019 Fiorella Foscarini, Viviane Frings-Hessami, Archives in a changing climate responding to a diversity of environments », pp. 303-307. Les archives dans le contexte du dĂ©rĂšglement climatique » constituait le thĂšme de la 8e confĂ©rence internationale sur l’histoire des archives I-CHORA – Conference on the History of Records and Archives qui a eu lieu Ă  l’universitĂ© Monash en mai 2018. L’article contextualise I-CHORA et rĂ©sume les trois articles reproduits dans ce numĂ©ro de Archival Science. Jesse Johnston, David Wallace, Ricardo Punzalan, Messages sent, and received? Changing perspectives and policies on US federal email as record and the limits of archival accountability », pp. 309-329. La conservation des courriels a fait son apparition sur le devant de la scĂšne mĂ©diatique amĂ©ricaine lors de la derniĂšre Ă©lection prĂ©sidentielle. Cet article revient sur l’histoire des politiques de prĂ©servation des messageries Ă©lectroniques mises en place depuis 1982 au niveau fĂ©dĂ©ral pour Ă©voquer le changement de climat dans la responsabilitĂ© archivistique et dans la responsabilitĂ© des acteurs politiques, les auteurs pointant les limites du pouvoir des archivistes face aux institutions qui les emploient. Kirsten Wright, Archival interventions and the language we use », pp. 331-348. Le vocabulaire n’est jamais neutre et les mots que les archivistes utilisent contribuent Ă  la reproduction d’un systĂšme de pouvoir dominant. Kirsten Wright propose des actions Ă  mettre en Ɠuvre pour Ă©viter de stigmatiser les personnes en reprenant tel quel le vocabulaire utilisĂ© par les producteurs, tout en Ă©tant transparent sur les changements effectuĂ©s dans la description archivistique. Elle prend comme exemple la politique mise en place au moyen du portail australien Find & Connect dont le but est de faciliter les recherches sur le placement d’office en institutions dont ont Ă©tĂ© victimes, entre les annĂ©es 20 et 70, des milliers d’enfants aborigĂšnes ou immigrĂ©s. James Lowry, “Displaced archives” proposing a research agenda », pp. 349-358. Les archives dĂ©placĂ©es, que l’auteur dĂ©finit comme toutes les archives qui ont Ă©tĂ© retirĂ©es de leur contexte de crĂ©ation et dont la propriĂ©tĂ© est contestĂ©e, font l’objet d’un projet de recherche Ă  l’universitĂ© de Liverpool depuis 2014. L’article suggĂšre d’interroger le sujet du point de vue de la recherche en interrogeant les concepts archivistiques et des thĂ©ories comme le records continuum Ă  la lumiĂšre de cette problĂ©matique. Il propose d’élargir la discussion en incluant d’autres acteurs organisations non gouvernementales et religieuses, collections privĂ©es, etc. et en faisant une place plus importante aux archivistes des pays Ă©mergents. Alicia Chilcott, Towards protocols for describing racially offensive language in UK public archives », pp. 359-376. L’histoire du colonialisme anglais a conduit les services d’archives Ă  garder la trace de la variĂ©tĂ© ethnique des populations, mais aussi de l’oppression dont elles ont Ă©tĂ© victimes. Si le recours au vocabulaire utilisĂ© par les producteurs est considĂ©rĂ© comme une bonne pratique archivistique, les archives deviennent un instrument du colonialisme selon l’autrice. L’article propose d’analyser les initiatives nord-amĂ©ricaines et australiennes ainsi que les pratiques de description en usage au Royaume-Uni pour proposer un nouveau modĂšle de bonnes pratiques. Magalie Moysan et Édouard Vasseur
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VĂ©rifiĂ© le 15 juin 2021 - Direction de l'information lĂ©gale et administrative Premier ministreQuand le dĂ©funt n'a pas fait de testament, ses biens vont Ă  ses descendants titleContent, et Ă  son Ă©pouxse s'il Ă©tait mariĂ©. Quand le dĂ©funt a fait un testament, il doit rĂ©server une partie de son patrimoine Ă  ses descendants. Il peut attribuer la part restante librement au profit d'un hĂ©ritier ou d'un tiers. CrĂ©dits Service Public DILAPas de testamentRĂ©pondez aux questions successives et les rĂ©ponses s’afficheront automatiquementCas gĂ©nĂ©ralSi le dĂ©funt n'a pas fait de legs titleContent ou de donation, ses enfants reçoivent l'intĂ©gralitĂ© des biens restants aprĂšs la part attribuĂ©e Ă  l'Ă©poux les enfants ont les mĂȘmes droits dans la succession. Le partage est effectuĂ© entre eux Ă  parts Si le dĂ©funt a eu 2 enfants pendant son mariage, dont l'un avec une femme autre que son Ă©pouse, chaque enfant recevra la moitiĂ© des biens de son pĂšre, aprĂšs la part attribuĂ©e Ă  l' adoptĂ©Adoption simpleL'adoptĂ© hĂ©rite des 2 familles, c'est-Ă -dire de sa famille d'origine et de sa famille ne bĂ©nĂ©ficie pas de la gratuitĂ© des droits de succession titleContent dans sa famille adoptive. Il paie les mĂȘmes droits que les personnes sans lien de parentĂ© 60 %, sauf dans certains cas enfant issu d'un premier mariage de l'Ă©poux ou partenaire de Pacs ou concubin, pupille de l'État ....Adoption plĂ©niĂšreL'enfant adoptĂ© a droit Ă  la succession de ses parents adoptifs. Il bĂ©nĂ©ficie de la gratuitĂ© des droits de succession cette adoption lui fait perdre ses droits sur la succession de ses parents principe, un petit-enfant n'hĂ©rite pas de ses il hĂ©rite par reprĂ©sentation, c'est-Ă -dire Ă  la place de ses parents, dans les 3 cas suivants Son parent titleContent est dĂ©cĂ©dĂ©Son parent renonce Ă  la succession de son propre parentSon parent est indigne de succĂ©derRĂ©pondez aux questions successives et les rĂ©ponses s’afficheront automatiquementDĂ©funt mariĂ©DĂ©funt ne laissant que des enfants issus du coupleL'Ă©poux survivant a le choix entre les 2 options suivantes Usufruit de la totalitĂ© de la successionPleine propriĂ©tĂ© du quart de la successionLes droits des descendants titleContent sont rĂ©duits d' de la succession - cas oĂč le le dĂ©funt ne laisse que des enfants issus du coupleChoix de l'Ă©poux survivantPart revenant aux enfantsUsufruit de la totalitĂ© de la successionNue-propriĂ©tĂ© de toute la successionPleine propriĂ©tĂ© du quart de la successionPleine propriĂ©tĂ© des 3/4 de la successionDĂ©funt laissant des enfants issus d'une prĂ©cĂ©dente unionSi le dĂ©funt laisse des enfants issus d'une prĂ©cĂ©dente union, l'Ă©poux survivant hĂ©rite du quart de la succession en pleine ce cas, les enfants hĂ©ritent des 3/4 de la non mariĂ©Si le dĂ©funt vivait en couple, son partenaire de Pacs ou son concubin n'ont aucun droit sur sa aux questions successives et les rĂ©ponses s’afficheront automatiquementCas gĂ©nĂ©ralLa part d'hĂ©ritage rĂ©servĂ©e aux enfants est la suivante La moitiĂ© des biens s'il y a 1 enfantLes 2/3 des biens s'il y a 2 enfantsLes 3/4 des biens s'il y a 3 enfants et plusSi le dĂ©funt a plusieurs enfants, le partage est effectuĂ© entre eux Ă  parts adoptĂ©Adoption simpleL'adoptĂ© hĂ©rite des 2 familles, c'est-Ă -dire de sa famille d'origine et de sa famille ne bĂ©nĂ©ficie pas de la gratuitĂ© des droits de succession titleContent dans sa famille adoptive. Il paie les mĂȘmes droits que les personnes sans lien de parentĂ© 60 %, sauf dans certains cas enfant issu d'un premier mariage de l'Ă©poux ou partenaire de Pacs ou concubin, pupille de l'État ....Adoption plĂ©niĂšreL'enfant adoptĂ© a droit Ă  la succession de ses parents adoptifs. Il bĂ©nĂ©ficie de la gratuitĂ© des droits de succession cette adoption lui fait perdre ses droits sur la succession de ses parents principe, un petit-enfant n'hĂ©rite pas de ses il hĂ©rite par reprĂ©sentation, c'est-Ă -dire Ă  la place de ses parents, dans les 3 cas suivants Son parent titleContent est dĂ©cĂ©dĂ©Son parent renonce Ă  la succession de son propre parentSon parent est indigne de succĂ©derLa quotitĂ© disponible titleContent peut ĂȘtre attribuĂ©e librement par le dĂ©funt dans son Le dĂ©funt a un patrimoine de 200 000 € et 3 enfants. Ses enfants se partageront 75 % de ce patrimoine, soit 150 000 € Ă  parts Ă©gales. Chaque enfant recevra donc 50 000 €. Le dĂ©funt peut attribuer les 25 % restants, soit 50 000 € aux personnes de son choix hĂ©ritiers ou tiers.À savoir les parents ont un droit de retour, c'est-Ă -dire le droit de reprendre les biens qu'ils avaient donnĂ©s Ă  leurs enfants avant leur peut m'aider ?Trouvez les acteurs qui peuvent rĂ©pondre Ă  vos questions dans votre rĂ©gionRenseignement administratif par tĂ©lĂ©phone - Allo Service PublicLe service Allo Service Public est actuellement perturbĂ©. Nous vous prions de nous en informateurs qui vous rĂ©pondent appartiennent au ministĂšre de la service gratuitService accessible aux horaires suivants Être rappelĂ©eNotaire Questions ? RĂ©ponses !Cette page vous a-t-elle Ă©tĂ© utile ?
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Trait d'union n°219Published on Jan 7, 2009magazine Trait d'union 219, janvier de métiers et de l'artisanat de la CorrÚze

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